Gênes et troubles visuels : quelles solutions pour mieux voir en voiture ?

Un conducteur sur 4 ayant une correction visuelle ne porte pas ses lunettes au volant. Pourtant, bien voir au volant est essentiel pour la sécurité de tous. Il est important d’être conscient des gênes que l’on ressent à la conduite et de faire vérifier sa vue chez un ophtalmologiste. Mais aussi de connaître les solutions permettant de mieux voir lorsqu’on conduit. Plein phare sur la vision au volant avec notre experte !

Timothée Decaudin

Que dit la loi sur la vision en voiture ?

D’après le Code de la route, il faut, pour pouvoir conduire :

  • Avoir une acuité visuelle supérieure à 5/10e cumulée sur les deux yeux. De plus, si vous avez une acuité visuelle inférieure à 1/10e pour l’un de vos deux yeux, celle-ci doit être compensée de façon à ce que votre acuité binoculaire (des deux yeux) soit supérieure à 5/10e.
  • Avoir un champ visuel supérieur à 120° en horizontal, à 50° en vertical avec les deux yeux et aucun défaut dans un rayon de 20° en vision centrale.

Pour la vision nocturne, la sensibilité aux contrastes ou la résistance à l’éblouissement, il est, selon la loi, de la responsabilité personnelle de chaque conducteur de se référer à l’avis d’un spécialiste.

Bon à savoir

En cas de sinistre, votre assurance auto peut refuser de vous indemniser si vous ne portiez pas vos lunettes ou lentilles. Vous êtes aussi passible, en cas de contrôle, d’une amende de 125 € et d’un retrait de 3 points sur votre permis si vous ne disposiez pas de dispositif de correction alors que votre permis le prévoit.

Vision et permis de conduire

Aucun examen médical n’est exigé par la loi pour passer son permis de conduire. Il est toutefois obligatoire de signaler tout trouble visuel, comme l’explique Charlotte Gaillard, opticienne chez Côté Optique : « Il est demandé de le signaler dans un formulaire lorsqu’on passe son permis. Ce formulaire est conservé durant toute la durée de validité du permis de conduire. Le professeur d’auto-école peut faire lire à l’élève une plaque d’immatriculation et, s’il constate une difficulté de lecture, lui demander de passer une visite médicale. »

Si vous avez un doute sur votre vision au volant, n’hésitez pas à prendre rendez-vous avec un ophtalmologiste.

« Un médecin agréé par la préfecture peut vous rediriger vers un test en situation auprès d’une auto-école spécialisée pour savoir si vous êtes apte à la conduite. »

Charlotte Gaillard

Et après obtention du permis de conduire ?

Après obtention du permis de conduire, la mention « port de verres correcteurs obligatoires » doit apparaître sur votre permis si une modification de la vision est constatée par un médecin. L’ajout de cette mention repose une nouvelle fois sur un principe déclaratif : cette déclaration se fait auprès de la préfecture dont vous dépendez.

Si un avis médical (d’un médecin agréé ou de votre ophtalmologiste) indique une incompatibilité avec la conduite nocturne mais un champ visuel normal en journée, la préfecture peut décider d’ajouter la mention « conduite de jour uniquement » sur votre permis de conduire.

Bon à savoir

Si votre permis de conduire comporte le code 01 signifiant que vous devez porter un dispositif de correction, il est recommandé d’avoir des lunettes correctrices dans votre voiture, même si vous portez des lentilles.

Gêne visuelle : sources et solutions

Certains éléments peuvent dégrader votre vision ou accentuer une déficience visuelle lorsque vous conduisez.

L’éblouissement

Au volant, on a tous déjà été mis en difficulté par un éblouissement important dû au soleil. Pour lutter contre ce phénomène potentiellement dangereux, Charlotte Gaillard propose plusieurs dispositifs : « S'il y a du soleil, il faudra que les lunettes portées par le sujet puissent soit se teinter, soit être échangées au profit de lunettes solaires avec une teinte qui soit testée comme étant la plus efficace pour chaque personne. (…) Il y a également la nécessité d'avoir un traitement anti-reflet sur les verres correcteurs. »

Des verres polarisés peuvent aussi être proposés afin de traiter directement la qualité de la lumière et donc limiter considérablement les reflets et l’éblouissement qu’ils génèrent.

Les mauvaises conditions météo

Lorsqu’il neige, pleut, ou qu’un brouillard épais se dresse sur votre route, la perception des contrastes diminue fortement et l’attention visuelle demandée est plus importante. Les yeux ont tendance à fatiguer plus rapidement, ce qui peut compromettre votre vision. Certaines personnes, dans ces situations, peuvent être sensibles à l'utilisation de verres avec un filtre jaune, comme le décrit Charlotte Gaillard : « Ils peuvent être proposés soit sous forme d’une lunette intégrée à leur correction, soit sous forme d’un clip amovible. Ce filtre jaune stimule le centre de l’œil pour améliorer la vision des détails. »

Attention, seuls certains filtres chromatiques (les filtres de catégorie 0) sont autorisés à la conduite de nuit. Les autres filtres sont très fortement déconseillés à la conduite car ils réduisent la perception des couleurs et des contrastes. Il est donc important de se renseigner auprès d’un spécialiste sur la catégorie du filtre et son utilisation.

La vision de nuit

La nuit, le manque de contraste et l’éblouissement provoqué par les phares des voitures affectent la vue. Notre vision lointaine est également diminuée par un phénomène qui nous touche tous : la myopie nocturne.

« Certaines personnes, parce qu’elles ont un peu de réserve hypermétropique (vision floue de près uniquement), arrivent à compenser cette myopie nocturne, d’autres ne se sentiront pas à l’aise. (…) Dans certains cas, on peut équiper ces personnes de lunettes leur permettant de retrouver une efficacité à la conduite de nuit », ajoute Charlotte Gaillard.

Le saviez-vous ?

En France, on estime à 20 % le nombre d’accidents causés par un défaut de vision du conducteur d’après l’AsnaV (Association pour l’amélioration de la Vue).

L’impact de la vitesse sur le champ de vision

Vous l’avez sûrement remarqué : plus votre vitesse augmente, plus votre champ visuel se réduit. Ainsi, votre vision exploitable est par exemple limitée à 30° à 130 km/h, car votre cerveau se concentre sur la partie centrale. Le risque de ne pas voir un piéton, un animal ou même un autre véhicule arrivant sur le côté augmente.

Pour les personnes presbytes, généralement équipées de verres progressifs, ce phénomène peut être amplifié. Elles peuvent être gênées en conduisant par ce qu’on appelle des zones d’aberration, autrement dit une déformation des verres en périphérie, qui impose au conducteur de tourner la tête et pas seulement les yeux. « On pourra équiper ces personnes de verres « unifocaux », juste pour la vision de loin, de manière à leur permettre de retrouver une efficacité et une confiance en eux qui est importante pour la conduite », explique Charlotte Gaillard.

Bon à savoir

De nombreux distracteurs visuels, par exemple un GPS ou un téléphone près du tableau de bord, ou encore les panneaux publicitaires lumineux sur le trajet, peuvent aussi être responsables d’une fatigue et d’une moindre efficacité visuelle.

Les lentilles : une solution intéressante pour certains troubles visuels

Pour certaines personnes souffrant d’une forte myopie ou hypermétropie, les verres correcteurs peuvent ne pas être tout-à-fait satisfaisants en situation de conduite, car ils ne compensent - sans déformation - l’amétropie qu’au centre du verre. Cela est d’autant plus vrai que le trouble visuel (et donc la puissance des verres) est important.

« Pour les sujets ayant une amétropie importante, on peut recommander de privilégier l’utilisation de lentilles de contact lors de la conduite. Elles permettent une meilleure vision périphérique pour les hypermétropes et une meilleure perception des proportions pour les myopes. »

Quels conseils pour les conducteurs ?

Pour s’assurer une conduite en toute sécurité, il est d’abord conseillé de faire contrôler régulièrement sa vision, mais aussi vérifier que la correction visuelle que vous portez en conduisant est la plus efficace.

« Il est nécessaire d’effectuer un contrôle de votre vue chez un ophtalmologiste tous les deux à trois ans, rappelle Charlotte Gaillard. Certaines pathologies comme le glaucome peuvent en effet apparaître de manière insidieuse. Vous pouvez ainsi souffrir d’un trouble visuel sans forcément vous en rendre compte. Dans le cadre de certaines pathologies particulières comme le diabète, vous pouvez être amené à effectuer un contrôle plus régulier ».