« L’électrique, c’est la technologie dominante du 21e siècle » - Aurélien de Meaux (Electra)

Dans ce nouvel épisode de Parle-moi de Watt, nous embarquons avec Aurélien de Meaux, cofondateur d’Electra, acteur majeur de la recharge rapide en France. Il revient sur son parcours et sur les raisons qui l’ont conduit à s’engager dans le développement de l’électromobilité. Au fil de la discussion, il bouscule les idées reçues sur la recharge et l’autonomie, et défend une transition pragmatique vers une mobilité plus durable, loin des discours moralisateurs.

Eva Gomez journaliste pour le média Roole
Eva Gomez
Montez en voiture avec Aurélien de Meaux, qui nous partage son point de vue sur le développement de l'électromobilité en France. ©Roole

À bord de sa voiture électrique, Aurélien de Meaux partage avec sincérité son quotidien d’automobiliste et son engagement pour une mobilité plus durable. Cofondateur d’Electra, acteur clé de la recharge rapide en France, il raconte comment l’envie d’allier innovation et utilité l’a conduit à s’engager dans le développement de l’électromobilité. Rencontre avec un entrepreneur convaincu que la voiture électrique s’imposera naturellement, sans même avoir besoin de contraintes réglementaires.

L’électromobilité : un choix militant et entrepreneurial

Aurélien de Meaux ne fait pas partie de ces automobilistes qui prennent leur voiture tous les jours. Installé à Paris, il utilise sa voiture principalement le week-end. « En semaine, je me déplace à vélo ou à scooter électrique », explique-t-il. C’est à la naissance de sa fille qu’il s’équipe d’une voiture pour son aspect pratique. En 2020, il cofonde Electra, un opérateur de bornes de recharge rapide. Une décision motivée par deux convictions fortes : l’envie d’entreprendre dans un secteur en pleine effervescence et la nécessité d’agir pour réduire les émissions de CO₂. « Les transports, c’est le premier secteur émetteur de CO₂ en France. Et il y a une solution activable qui est de basculer vers l’électrique, car l'électricité est largement décarbonée en France », explique-t-il. Une mission forte qui le motive au quotidien : « On a l’impression de faire partie de cette transition, de se sentir utile », confie-t-il.

Bon à savoir

D’après le ministère de la Transition écologique, les transports représentaient 31 % des émissions de gaz à effet de serre en France en 2022, dont plus de la moitié sont dues aux voitures particulières.

Un réseau de recharge de plus en plus maillé et performant

Après la création d’Electra, Aurélien de Meaux passe lui-même à l’électrique. Mais en 2021, le réseau de recharge publique est encore loin d’être aussi développé qu’en 2025. « Il fallait vraiment planifier ses trajets », se souvient-il. Depuis, la situation a bien évolué et le territoire hexagonal est désormais très bien maillé. Fin juin 2025, on comptait près de 170 000 points de recharge ouverts au public. « Aujourd’hui, on a le troisième meilleur réseau en Europe après les Pays-Bas et l'Allemagne », affirme Aurélien de Meaux, insistant sur la simplicité d’usage : « Et maintenant, toutes les bornes de recharge rapide sont équipées de terminaux de paiement : on peut payer avec une carte bancaire, comme à la pompe. »

Il reste encore une barrière psychologique à lever. Si la voiture n’a pas 450 kilomètres d’autonomie, les gens ont l’impression de perdre la liberté qu’incarne la voiture.

Aurélien de Meaux,
cofondateur d’Electra.

Bon à savoir

Depuis le 1er avril 2024, toutes les nouvelles infrastructures de recharge d’une puissance de 50 kW ou plus, doivent obligatoirement être équipées d’un terminal de paiement par carte bancaire.

Faire tomber les idées reçues

Malgré ces avancées majeures qui répondent au principal frein à l’électrique – à savoir l’autonomie – le marché de la voiture zéro émission stagne en France depuis plus d’un an. « Il reste encore une barrière psychologique à lever. Si la voiture n’a pas 450 km d’autonomie, les gens ont l’impression de perdre la liberté qu’incarne la voiture », souligne-t-il. Mais il y a un autre écueil : le coût d’achat des véhicules électriques.

« Le prix des voitures électriques est encore un frein pour de nombreux Français. Elles sont toujours plus chères que leurs équivalents thermiques, même si on commence à avoir des modèles à 25 000 ou 30 000 euros », reconnaît le cofondateur d’Electra. Mais selon lui, la tendance est à la baisse, notamment grâce à l’évolution du coût des batteries. « En Chine, les voitures électriques sont déjà au même prix que les thermiques. D’ici à 2030, ça devrait aussi être le cas en Europe, ce qui devrait accélérer les ventes », explique-t-il. « Lorsque le prix de la voiture électrique sera équivalent à celui de la voiture thermique, on n'aura plus besoin d'imposer réglementairement la fin des voitures thermiques en 2035. Cela deviendra un choix naturel », poursuit-il.

Bon à savoir

Le bonus écologique pour l’achat d’un véhicule électrique neuf peut aller jusqu’à 4 200 euros, selon les revenus du ménage.

L’électrique, un meilleur produit et des économies à l’usage

Selon Aurélien de Meaux, les automobilistes ne feront pas le choix de l'électrique pour des raisons idéologiques, mais pour son confort d'usage au quotidien. Il estime, en effet, que « la voiture électrique offre une meilleure expérience de conduite. C’est plus agréable, plus réactif, plus silencieux, et ça coûte deux fois moins cher au kilomètre. Ce n’est pas juste un choix éthique, c’est un meilleur produit ». En 2022, une note de France Stratégie indiquait qu’on pouvait faire des économies annuelles de l’ordre de 1 200 euros en optant pour une motorisation électrique ; des économies réalisées grâce à un coût de l’électricité bien plus bas que celui de l’essence ou du diesel, mais aussi au faible coût d’entretien des voitures électriques.

La voiture électrique va s’imposer. À nous de faire en sorte que ça se fasse avec nous et pas contre nous.

Aurélien de Meaux,
cofondateur d’Electra.

« Plus personne ne pense que le diesel est une technologie d’avenir »

Face à l’enjeu industriel et environnemental, il plaide pour une trajectoire claire : « Si on tergiverse, on rate la transition. Il faut y aller franchement. » Pour Aurélien de Meaux, la transition n’est plus une option : « L’autonomie augmente constamment, on recharge de plus en plus vite, le prix des voitures électriques baisse. C'est LA technologie dominante du 21e siècle. Plus personne ne pense que le diesel est la solution des 100 prochaines années. La transition se fera pour des questions de climat, de santé publique, de souveraineté énergétique… », argumente-t-il. Et de conclure, pragmatique : « La voiture électrique va s’imposer. À nous de faire en sorte que ça se fasse avec nous et pas contre nous. »

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