Voiture électrique : il faut enfin en finir avec les idées reçues !

Souvent critiquée, parfois caricaturée, la voiture électrique continue de diviser. Pourtant, les données scientifiques sont sans appel : son impact environnemental reste largement inférieur à celui des motorisations thermiques. Entre désinformation, ambiguïtés et perceptions biaisées, François Gemenne appelle à regarder les faits et à cesser de rejeter des solutions indispensables à la transition.

Eva Gomez journaliste pour le média Roole
Eva Gomez
Publié le 20/11/2025

Temps de lecture : 9 min

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Au cœur des politiques climatiques européennes, la mobilité électrique continue d’alimenter le débat public. En cause : une défiance persistante envers les solutions techniques, y compris parmi certains acteurs de la transition. François Gemenne, président de l'Alliance de la décarbonation de la route et professeur à HEC, nous explique pourquoi il est urgent de « cesser de rejeter tout ce qui commence à ressembler à une solution » et d’en finir avec les procès à charge contre l’électrique.

L’enjeu, c’est de comparer la voiture électrique à la voiture thermique, pas de la comparer au vélo ou à la marche à pied.

François Gemenne,
président de l’Alliance pour la décarbonation de la route et professeur à HEC.

Une voiture, même électrique, reste une voiture

Pour l’expert, une partie du problème réside dans les positions ambiguës de certains mouvements écologistes. « Toute une série d’associations et de mouvements écologistes refusent encore de se positionner clairement en faveur de la voiture électrique », regrette-t-il. Cette absence de positionnement entretient la confusion auprès du grand public, qui peine à distinguer les critiques fondées des procès d’intention.

« Une voiture électrique reste une voiture », admet-il. Même électrique, elle mobilise « des tonnes d’acier et d’électronique pour transporter quelques dizaines de kilos de chair humaine ». Son impact n’est pas neutre, mais les gains environnementaux par rapport à la voiture thermique sont indiscutables : sur l’ensemble de son cycle de vie, une voiture électrique émet en moyenne 4 fois moins de CO₂ qu’un modèle thermique, et jusqu’à 5 fois moins dans un pays au mix électrique décarboné, comme la France1↓. « L’enjeu, c’est de comparer la voiture électrique à la voiture thermique, pas de la comparer au vélo ou à la marche à pied », souligne François Gemenne, qui regrette qu’on lui reproche trop souvent de ne pas être aussi vertueuse que les mobilités douces.

Sur l'ensemble de son cycle de vie, la voiture électrique émet en moyenne 63 % de CO2 en moins que son équivalent thermique. ©Roole
Sur l'ensemble de son cycle de vie, la voiture électrique émet en moyenne 63 % de CO2 en moins que son équivalent thermique. ©Roole
Sur l'ensemble de son cycle de vie, la voiture électrique émet en moyenne 63 % de CO2 en moins que son équivalent thermique. ©Roole

Combiner les solutions plutôt que de les opposer

Pour François Gemenne, il est essentiel d’accepter qu’aucune solution ne sera neutre. « Dès lors qu’on veut fournir de l’énergie aux gens, dès lors qu'on veut transporter des gens, il y a forcément une empreinte environnementale. Ce qui ne produit pas d’empreinte environnementale, c’est de rester chez soi », lance-t-il.

Un point de vue qui invite à sortir de l’opposition systématique entre les modes de transport. Le président de l’Alliance pour la décarbonation de la route est convaincu qu’il faut cumuler les solutions plutôt que de les rejeter ou les opposer. Il faut, selon lui, promouvoir la marche et le vélo, « d’autant plus que 52 % des trajets de moins de 2 km sont encore effectués en voiture : c’est un non-sens. »

Voiture électrique : les idées reçues les plus tenaces

Parmi les arguments régulièrement brandis contre la voiture électrique, certains sont particulièrement tenaces selon François Gemenne. Outre les contre-vérités sur son empreinte carbone, déjà évoquées plus haut, il y a la nécessaire consommation de métaux critiques pour la fabrication des batteries. Selon une étude de WWF avec l’Iddri menée en 20232↓, la fabrication d’un véhicule électrique nécessite en moyenne 394 kg de matériaux critiques (lithium, cobalt, nickel, cuivre, aluminium…), contre 176 kg pour une voiture thermique. Un différentiel réel, mais à mettre en perspective. « L’idée qu’on n’aura pas suffisamment de matières premières est infondée », estime François Gemenne. « Les progrès technologiques, notamment sur les batteries sans cobalt et le recyclage des batteries, nous permettent de ne pas nous inquiéter sur la disponibilité des matériaux », poursuit-il. D’autant que le recyclage est une voie en plein essor : selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), le taux de valorisation matière des batteries pourrait atteindre 70 % à 90 % à terme, réduisant significativement les besoins d’extraction d’ici à 2050.

Bon à savoir

Depuis août 2025, un nouveau règlement européen encadre strictement la fabrication, la traçabilité et le recyclage des batteries. Il impose notamment des taux minimum de matériaux recyclés dans les nouvelles batteries et un passeport numérique obligatoire dès 2027 pour toutes celles de plus de 2 kWh, afin de garantir la transparence et la traçabilité.

Les idées reçues particulièrement répandues sont celles qui concernent les contraintes d’usage et les difficultés de recharge. « Il faut arrêter de dire que c’est un enfer pour l’usage au quotidien. Globalement, la recharge fonctionne très bien. Bien sûr, il reste des progrès à faire, notamment dans les logements collectifs, mais la majorité des conducteurs de voitures électriques se disent très satisfaits de leur achat », objecte François Gemenne. Fin septembre 2025, la France comptait près de 180 000 points de recharge publics3↓, et depuis 2024, toutes les aires d’autoroutes sont équipées. Enedis estime à 2,4 millions le nombre de points de charge en France, en comptant les bornes de recharge privées (au domicile des électromobilistes, dans le secteur tertiaire et dans les parkings privés). .

Contre la désinformation, prôner la nuance

Face à l’urgence climatique, François Gemenne appelle à sortir de la culture du rejet systématique. « On a tendance à se focaliser sur les défauts et les faiblesses de chacune des solutions pour les rejeter, plutôt que de voir comment on peut essayer de les améliorer. » Pour lui, combattre la désinformation autour de la voiture électrique, c’est reconnaître ses limites, mais surtout affirmer ses atouts.

En action

Envie d’aller plus loin ? Retrouvez tous nos articles sur la voiture électrique dans la rubrique « Voiture propre » : décryptages, conseils pratiques, tutos, idées reçues… Et si une question reste sans réponse, écrivez-nous à redaction@roole.fr !

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