Pourquoi les Français freinent-ils toujours devant la voiture électrique ?

D’ici 2035, la vente des véhicules thermiques neufs sera interdite dans l’Union européenne. Pourtant, à dix ans de l’échéance, 94 % des foyers français possèdent encore au moins un véhicule thermique et l’intention d’acheter une voiture électrique est en net recul. En deux ans, elle a chuté de 10 points, passant de 32 % en 2022 à seulement 22 % aujourd’hui. Les raisons de cette réticence - voire de cette résistance dans certains cas - sont nombreuses mais le prix d’achat reste le principal frein, avancé par 47 % des sondés qui n’envisagent pas d’acheter un véhicule électrique dans les prochaines années (57 % en zone rurale). Ils sont 32 % à ne pas se projeter dans un tel achat tout simplement car leur voiture actuelle est en bon état et 27 % à ne pas être convaincus que le véhicule électrique soit plus écologique qu’un véhicule thermique…

Alors que 57 % des sondés estiment être bien informés sur la voiture électrique, 61 % en ont une image négative (contre 42 % pour les hybrides rechargeables, 32 % pour les hybrides et seulement 15 % pour les thermiques). Les craintes concernant la durée de vie des voitures électriques et leur capacité à parcourir de longs trajets alimentent notamment la méfiance. Ainsi, 86 % des Français dans leur ensemble pensent que la durée de vie des batteries est trop limitée et 80 % que les voitures électriques sont réservées aux personnes qui ne font pas de grands trajets. Plus étonnant : ces deux préjugés persistent également - bien que dans une moindre mesure - chez les Français possédant une voiture électrique, qui sont respectivement 74 % et 76 % à adhérer à ces thèses.

Des chiffres qui prouvent l'importance de faire de la pédagogie et de dédramatiser l'itinérance en voiture électrique, comme on le fait chez Roole Média. Mais aussi de donner la parole aux automobilistes ! « Globalement, l’image de la voiture électrique reste négative. Ceux qui expérimentent et utilisent ces véhicules au quotidien en sont pourtant très satisfaits, mais ces voix-là ne passent pas le mur du son… », souligne Jérôme Fourquet, Directeur du département opinion et stratégie d’entreprise de l’Ifop.

Si l’image grand public du véhicule électrique est ternie par toutes sortes de préjugés, l’expérience des propriétaires raconte une tout autre histoire. En effet, 82 % des électromobilistes considèrent les performances de leur voiture (accélération, confort de conduite) supérieures à celles d’un modèle thermique et 88 % estiment réaliser des économies grâce à une énergie bien moins coûteuse qu’un plein d’essence et à un entretien également moins onéreux.

Mais ces témoignages peinent à influencer l’opinion générale. Une méconnaissance des économies permises par l’électrique sur le long terme et un manque d’informations claires sur les usages réels empêchent de faire évoluer les perceptions.

Plusieurs leviers pourraient favoriser l’adoption du véhicule électrique. En tête des attentes des Français : des aides financières plus attractives. La moitié des sondés demandent un renforcement des aides à l’achat, comme le bonus écologique ou le leasing social. D’autres mesures, telles qu’une meilleure couverture en bornes de recharge (citée par un tiers des sondés) et une réduction du temps de recharge (38 %) pourraient également lever certains freins. Pour l’instant, l’argument écologique ne suffit pas à convaincre. Seul 1 Français sur 6 serait motivé par la perspective de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique en passant à l’électrique.