• Accueil
  • Vidéos

Une voiture électrique pollue plus qu’une thermique : vrai ou faux ?

Par Florence Martin

Partager cet article

On a tous déjà entendu la thèse selon laquelle une voiture électrique émettrait plus de CO2 que son équivalent thermique, et ne serait donc pas meilleure pour le climat. Alors, vrai ou faux ? C’est vrai, si on s’en tient strictement à la fabrication de la voiture, batterie incluse. Mais c’est parfaitement faux si l’on prend en compte l’ensemble de son cycle de vie. Or qu'on se le dise : c'est la seule manière pertinente de calculer le bilan carbone d’un véhicule ! On vous explique.

La voiture électrique émet moins de gaz à effet de serre (GES) sur l’ensemble de son cycle de vie qu’une voiture thermique, c’est-à-dire en tenant compte de la fabrication du véhicule - incluant la fabrication de la batterie - de l’usage et de la fin de vie. « Toutes les études "sérieuses" le montrent », affirme Laurent Perron, chef de projet industrie automobile au Shift Project, le célèbre think tank reconnu pour son engagement en faveur du climat et sa rigueur scientifique.

65 % d’émissions de CO2 en moins pour la voiture électrique

Le calcul est simple. Pour un véhicule de taille moyenne effectuant un kilométrage moyen au cours de sa vie, les ordres de grandeur sont les suivants : 6 tonnes d’émissions de CO2 pour la fabrication du véhicule thermique, à comparer avec 5 tonnes de CO2 pour la fabrication de son équivalent électrique, auxquelles il faut ajouter 5 tonnes pour la fabrication de la batterie. Si l’on tient là, évidemment, le bilan de l’électrique est clairement défavorable. Mais il est surtout très incomplet !

Pendant la phase de roulage, les émissions du véhicule électrique sont très faibles : de l’ordre de 2 à 3 tonnes de CO2 dans un pays à l'électricité décarbonée.

Laurent Perron,
chef de projet industrie automobile au Shift Project

Car le principal poste d’émission d’une voiture thermique, c’est son usage. En clair, c’est le CO2 émis lorsque le véhicule, en roulant, brûle de l’essence ou du gasoil. « Sur une durée de vie moyenne, le véhicule thermique va émettre entre 30 et 40 tonnes de CO2, selon le kilométrage », détaille Laurent Perron. On est donc loin, très loin du niveau d’émission d’un véhicule électrique roulant en France. « Pendant la phase de roulage, les émissions du véhicule électrique sont très faibles : de l’ordre de 2 à 3 tonnes de CO2, suivant le kilométrage, dans un pays à l'électricité décarbonée. »

Ajoutez à cela les émissions liées à la fin de vie, équivalentes pour les deux motorisations, et le compte est bon : on a bien un facteur de diminution de l’ordre de deux tiers entre les cycles de vie complets d’une voiture thermique et d’une voiture électrique. Autrement dit : le véhicule électrique émet 65 % de CO2 en moins que son équivalent thermique.

Comparaison entre le bilan carbone d'un véhicule thermique et celui d'un véhicule électrique de taille moyenne. ©Roole
Comparaison entre le bilan carbone d'un véhicule thermique et celui d'un véhicule électrique de taille moyenne. ©Roole

Le fait que l’électricité soit ou non décarbonée dans le pays où roule le véhicule électrique est un facteur de premier ordre.

Laurent Perron,
chef de projet industrie automobile au Shift Project

Pas le même bilan en France qu’en Pologne

Le bilan de l'électrique n'est pas le même partout dans le monde, peut-on se voir rétorquer. Tout-à-fait ! « Le fait que l’électricité soit ou non décarbonée dans le pays où roule le véhicule électrique est un facteur de premier ordre » rappelle notre expert. « Une voiture qui roule en France ou en Suède émet moins qu’une voiture thermique équivalente sur l’ensemble de son cycle de vie (de l’ordre de deux tiers de moins). C’est aussi vrai dans un pays à l’électricité carbonée : la voiture électrique reste un peu moins émissive, dans des proportions moindres » explique Laurent Perron, avant d'ajouter : « Et ce sera vraisemblablement encore plus vrai à l’avenir, car les pays à l’électricité carbonée comme l’Allemagne vont aller de plus en plus vers une électricité décarbonée, ce qui favorisera le bilan global du véhicule électrique. » On peut en effet compter sur l'augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique de nombreux pays pour jouer positivement sur le bilan de l'électrique un peu partout dans le monde.

Améliorer encore le bilan avec des batteries made in France

Ce bilan carbone, clairement à l’avantage de l’électrique, le sera encore plus lorsque les batteries seront fabriquées dans des pays à l’électricité décarbonée. « En France, il y a 3 projets de fabrication de batteries dans les tuyaux. Par rapport à des batteries aujourd’hui fabriquées dans des pays comme la Chine ou la Pologne, le bilan de fabrication de la batterie sera alors largement plus favorable. Fabriquer une batterie moyenne de 50 kWh émet aujourd’hui 5 tonnes de CO2 dans ces pays. Demain, les émissions de fabrication de cette même batterie, fabriquée en France, seront de l’ordre de 2,5 à 3 tonnes de CO2. On aura donc économisé 2 tonnes de CO2. » La voiture électrique en a encore sous le pied !

Source : Carbone 4, 2020