Salon des Maires : les élus réagissent aux attentes des citoyens sur la place de la voiture
À l’approche des élections municipales, Roole a publié une étude sur la perception de la place de la voiture en ville par les Français et leurs maires. Entre attentes citoyennes, contraintes locales et transition des mobilités, les élus présents sur le Salon des Maires ont réagi aux résultats au micro de Roole Média.
À quelques mois des élections municipales, les maires de France se sont réunis au Salon des Maires à Paris Porte de Versailles du 18 au 20 novembre 2025. En amont, Roole a interrogé Français et élus municipaux sur leur perception et leurs attentes quant à la place de la voiture en ville1↓. Sur place, l’équipe de Roole Média a recueilli les réactions de plusieurs élus aux résultats de cette étude.
La voiture reste essentielle pour les habitants des zones rurales
De plus en plus, les politiques publiques ont pour objectifs de réduire les nuisances (sonores, pollutions, etc.) et d’améliorer la qualité de vie des citoyens. Pour les atteindre, redéfinir la place de la voiture est essentiel. Piétonnisation, création de voies cyclables ou réservées aux transports en commun, installation de radars anti-bruit, réduction du nombre de places de stationnement en centre-ville, limitation à 30 km/h… 34 % des Français interrogés estiment que les mesures de réduction de place de la voiture en ville ont un impact négatif sur leur quotidien. Et un Français sur deux déclare avoir déjà renoncé à un déplacement en voiture en raison d’une politique municipale.
Bon à savoir
Dans l’étude de l’Institut Bona Fidé pour Roole, les Français plébiscitent en majorité la création de parkings relais et de voies réservées, ainsi que la piétonnisation. Les mesures qui font le moins l’unanimité sont la hausse du coût de stationnement, la réduction des places de parking et la réduction de la voirie.
Transformer les habitudes progressivement
Pour de nombreux maires, il est important de ne pas aller trop vite et de faire de la pédagogie afin d’insuffler progressivement de nouvelles habitudes chez les citoyens. « Il ne faut pas braquer et stigmatiser les automobilistes. Et dans le même temps, il faut permettre à d’autres modes de déplacement d’émerger, moins coûteux et plus adaptés à la crise climatique que nous subissons », estime Thierry Lagneau, maire de Sorgues (Vaucluse). « Mais il ne faut pas opposer la voiture et ces modes de déplacement doux », ajoute-t-il. De son côté, Laurent Ulrich, maire de Hangenbieten (Bas-Rhin) comprend l’intérêt sanitaire de la mise en place des Zones à faibles émissions, tout en mettant en garde contre les mesures trop restrictives. « Il faut laisser le temps de verdir le parc de véhicules, car aujourd’hui, les restrictions peuvent effectivement être très pénalisantes pour les habitants », partage-t-il.
Les élus redoutent l’impact sur les commerces de proximité
Plusieurs responsables municipaux pointent le risque que la redéfinition de la place de la voiture en ville fait peser sur les commerces de proximité. « Il y a un certain nombre de services à la personne et de commerces qui sont situés en centre-ville. Si les habitants des territoires ruraux ont des difficultés à s’y rendre, cela perturbe leur quotidien et peut fragiliser ces commerces », souligne le maire de Bellevigne-en-Layon (Maine-et-Loire), Jean-Yves Le Bars. Un point de vue qui rejoint les résultats de l’étude : 68 % des maires et 60 % des Français estiment que réduire la place de la voiture fragilise les commerces de proximité.
Bon à savoir
Les maires interrogés dans l’étude Roole sont 82 % à se dire « plutôt opposés aux politiques de réduction de la place en ville ».
Un écart entre attentes citoyennes et moyens des communes
Le sondage nous apprend également que 69 % des Français ne pas se sentent pas suffisamment écoutés par leur municipalité en ce qui concerne leurs besoins de mobilité. Un sentiment compris par de nombreux maires rencontrés sur le salon, qui soulignent l’écart entre les attentes des citoyens et la réalité des moyens financiers dont disposent les communes. « On a fait l’expérience d’une prolongation de ligne de bus sur 2 kilomètres : il fallait compter 250 000 euros de plus pour une année d’exploi
Temps et pédagogie : les maîtres-mots du changement
Finalement, pour de nombreux élus, il est nécessaire de prendre le temps de mettre en place des solutions et de les faire accepter, tout en étant conscient que les changements d’habitudes prennent du temps. « C’est toujours difficile de modifier les habitudes des gens ! Moi-même, quand une voie change de sens de circulation, je peste un peu puis je m’adapte », sourit le maire de Sorgues. « Il ne faut pas imposer les changements de manière abrupte. Et les moyens des collectivités étant limités, les choses ne peuvent se faire que progressivement », conclut-il.
- ↑ : Étude de l’Institut Bona Fidé pour Roole, « La place de la voiture en ville dans la perspective des élections municipales de 2026 – regards croisés entre les Français et les maires », novembre 2025. Enquête réalisée auprès d’un échantillon de 1 500 personnes, représentatif des Français de 18 ans et plus, et 523 maires et proches collaborateurs.




