Pourquoi les réparations des voitures électriques coûtent plus cher aux assureurs

Alors que la part des véhicules électriques continue de progresser en France, les assureurs voient émerger de nouveaux enjeux liés à leur réparation. Une étude de France Assureurs montre que le coût des interventions après sinistre est, en moyenne, supérieur à celui des modèles thermiques. Reste à comprendre pourquoi ces réparations sont plus onéreuses et quelles pistes permettraient d’éviter que cette tendance ne finisse par peser sur le budget des automobilistes.

Eva Gomez journaliste pour le média Roole
Eva Gomez
Publié le 19/11/2025

Temps de lecture : 5 min

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Une tesla en train d'être réparée dans le garage Revolte à Nantes
Plusieurs facteurs expliquent la différence de coût des sinistres entre voitures électriques et thermiques. ©Roole

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La transition vers le tout-électrique est en marche en France. En octobre 2025, plus de 28 % des nouvelles immatriculations concernaient des voitures équipées d’une motorisation électrique ou hybride rechargeable. Mais cette mutation technologique, essentielle pour atteindre les objectifs climatiques, ne se fait pas sans conséquences pour les acteurs de l’assurance automobile. Une étude menée par France Assureurs montre que le coût des réparations post-sinistre est plus élevé pour les véhicules électriques, ce qui soulève des enjeux d’adaptation majeurs pour l’ensemble de la filière.

Des réparations plus complexes et plus longues

Entre 2019 et 2025, France Assureurs a analysé près de deux millions de sinistres automobiles. Résultat : les indemnisations versées pour des véhicules électriques sont en moyenne 11 % supérieures à celles concernant des modèles thermiques, sur l’ensemble des garanties. Cette différence s’explique par la nature même des véhicules électriques, dont la conception impose des interventions plus longues, plus spécialisées, et donc plus coûteuses.

La batterie, élément central de ces véhicules, est au cœur de cette problématique. Dans de nombreux cas, elle ne peut être ni démontée ni réparée simplement, obligeant parfois à remplacer l’ensemble de la batterie même en cas de dommage mineur. « À ce jour, seule la moitié des constructeurs propose des batteries pouvant être réparées », souligne l’étude. Cette limite technique alourdit mécaniquement la facture, en cas desinistre impactant la batterie, même partiellement.

Un poids plus élevé qui aggrave les dommages et des pièces plus chères

Autre élément structurant : le poids du véhicule. Un modèle électrique pèse en moyenne 41 % de plus que son équivalent thermique, et ce surpoids amplifie la gravité des collisions, notamment pour les chocs à basse vitesse. Résultat, les dégâts matériels sont souvent plus étendus, avec davantage de pièces à remplacer.

Certaines de ces pièces, comme les pare-brises, optiques ou éléments de carrosserie, sont par ailleurs plus onéreuses. Les composants spécifiques aux véhicules électriques embarquent par ailleurs souvent des capteurs et des technologies avancées, ce qui augmente le coût unitaire des remplacements. Selon l’étude, les pièces des voitures électriques coûtent en moyenne 24 % de plus que celles des thermiques. Même si les sinistres ne sont pas plus fréquents sur les véhicules électriques, leur gravité et le coût moyen des réparations qu'ils occasionnent sont donc supérieurs.

Quelles solutions pour éviter une explosion des coûts de réparation ?

Face à ce constat, France Assureurs formule plusieurs propositions concrètes. L’organisation appelle notamment à renforcer la réparabilité des batteries dès la conception des véhicules, via une réglementation européenne plus ambitieuse. Elle plaide aussi pour une plus grande transparence dans l’accès aux données techniques des constructeurs, afin que les réparateurs indépendants puissent intervenir dans les mêmes conditions que les réseaux agréés.

Autre piste évoquée : la création d’un indice de réparabilité des véhicules, inspiré de celui qui existe déjà pour les appareils électroniques. « Cet indice permettra aux assureurs comme aux consommateurs de connaître et mesurer l’impact des innovations automobiles sur le coût de l’assurance, afin de préserver une assurance automobile accessible à tous les Français », souligne France Assureurs.

En toile de fond, ces mesures visent à éviter une explosion des coûts pour les assureurs, et donc pour les assurés. Car si l’assurance des véhicules électriques n’est pas encore structurellement plus chère, les dynamiques en cours pourraient bien inverser la tendance si rien n’est fait pour maîtriser les coûts de réparation.

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