Radar anti-bruit : comment ça fonctionne et quelles sont les sanctions ?

En phase d’expérimentation dans plusieurs villes de France depuis 2022, le radar sonore, aussi nommé « radar anti-bruit » ou « radar méduse », devrait verbaliser prochainement. Comment fonctionnent ces radars ? Où sont-ils positionnés et quel est le montant de l’amende en cas d'infraction relevée ? On vous dit tout sur ce radar d’un tout nouveau genre dans cet article !

Marine Madelmond
Radar sonore « Hydre » déployé le long de la RD5 à Villeneuve-le-Roi
Radar sonore « Hydre » déployé le long de la RD5 à Villeneuve-le-Roi ©Bruitparif

En France, pas moins de 3 560 radars sont installés sur le territoire pour contrôler tout un tas d’infractions routières. Et ils sont de plus en plus intelligents ! Il y a ceux qui verbalisent les excès de vitesse, ceux qui sanctionnent le non-port de la ceinture ou le franchissement d’un feu rouge, ou encore ceux qui détectent le nombre de passagers sur les voies réservées au covoiturage par exemple… Et il y a ceux, encore méconnus des automobilistes, qui traquent les nuisances sonores ! Un vrai sujet de santé publique puisque selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution sonore est la deuxième cause de morbidité parmi les facteurs de risques environnementaux en Europe, derrière la pollution atmosphérique.

Quelles sont les cibles des radars anti-bruit ?

Ces radars, en expérimentation dans certaines villes de France, sont mis en place afin de contrôler le bruit émis par les véhicules en circulation. Leur mission : lutter contre les nuisances sonores et faire la guerre aux deux-roues trafiqués qui circulent lors de rodéos urbains notamment. Qui sont les usagers visés ? « Ce sont surtout les comportements inciviques de ceux qui ont modifié leurs véhicules, explique à France 3 Ile-de-France Fanny Mietlick, directrice de Bruitparif. À partir de 85 décibels (dB), on rentre dans la zone de bruit où il peut y avoir des conséquences pour l'audition, des pics de bruits qui peuvent perturber le sommeil et avoir une incidence néfaste sur la santé. »

Bon à savoir

La mise en place d'une expérimentation de contrôle automatisé des niveaux d'émissions sonores des véhicules en mouvement a été induite par la Loi d'orientation des mobilités (loi LOM), pour une durée de deux ans.

Radars anti-bruit : fonctionnement, sanctions, positions...

Comment fonctionnent les radars sonores ?

Ces radars d’un nouveau genre sont en phase d’homologation. Au total, trois sociétés sont derrière les prototypes en place, dont l’association Bruitparif. L’Observatoire du bruit en Île-de-France a fait équiper ces radars, appelés « Hydre », de deux dispositifs acoustiques (haut et bas), eux-mêmes composés de « quatre microphones capables de calculer, 25 fois par seconde, des niveaux sonores et des angles de provenance du bruit », de capteurs environnementaux et de plusieurs caméras LAPI, dont une équipée d'un grand angle, pour détecter la plaque d'immatriculation.

Radar sonore « Hydre » conçu par Bruitparif. ©Bruitparif
Radar sonore « Hydre » conçu par Bruitparif. ©Bruitparif

Cette technologie permet ainsi « de détecter les véhicules excessivement bruyants dans une zone d’environ 15 mètres de part et d’autre du radar et ce, même dans une scène complexe avec plusieurs véhicules présents simultanément. »

Durant cette phase d’expérimentation, Bruitparif assure que le dispositif a permis de contrôler entre 10 et 44 véhicules en moyenne par jour, selon les sites et le volume de trafic. Tous les véhicules visés « ont émis un bruit au passage supérieur au seuil de détection de 83 dB(A) qui avait été fixé pour cette première phase d’expérimentation. »

Bon à savoir

À noter que le niveau sonore maximum autorisé dépend du type de véhicule et de sa puissance. « L'arrêté du 13 avril 1972 relatif au bruit des véhicules automobiles fixe un niveau maximum de 74 dB(A) pour les voitures particulières. » En 2026, et après décision du Parlement européen*, les émissions sonores maximum des automobiles seront abaissées de 74 à 68 dB(A).

Radars anti-bruit : où sont-ils placés aujourd'hui ?

Testés depuis 2022, ces radars sonores ont été mis en place dans sept communes : Saint-Lambert (communauté de communes de la haute vallée de Chevreuse), Nice, Paris, Rueil-Malmaison, Toulouse, Villeneuve le Roi et Bron. Ils sont installés principalement sur des zones urbaines (limitées à 50 km/h). Selon les informations du Progrès, ces prototypes commenceront à verbaliser les véhicules trop bruyants dans ces communes à partir de « courant 2024 ». Si les résultats sont concluants, le dispositif sera déployé au niveau national.

Les sanctions encourues en cas de non-respect des niveaux sonores autorisés

À la fin de la phase de tests, l’étape des essais – avec verbalisation possible à la clé – pourra débuter. Un véhicule qui dépasse le seuil sonore autorisé (83 dB(A)) sera sanctionné d’une contravention de quatrième classe, soit une amende forfaitaire de 135 euros (minorée à 90 euros en cas de paiement rapide), sans perte de points. Mais que les automobilistes se rassurent. Selon Fanny Mietlick, « les voitures de Monsieur et Madame tout le monde n'ont aucun risque de déclencher ces radars, car la quasi-totalité des véhicules est homologuée à des niveaux en dessous de 85 dB, autour de 80 dB. »

Bon à savoir

Le décibel A, noté dB(A), est l'unité retenue pour représenter les niveaux sonores en tenant compte de la sensibilité en fréquence de l'oreille humaine.

Liens utiles pour aller plus loin

• *Communiqué de presse du Parlement européen relatif aux nuisances sonores
• Résultats de la première phase d'expérimentation de Bruitparif : https://www.bruitparif.fr/le-radar-sonore-hydre/