Bordeaux à 30 km/h : « C’est cohérent pour faire attention aux gens qui nous entourent »
Depuis le 1er janvier 2022, la vitesse est limitée à 30 km/h dans la quasi-totalité des rues de Bordeaux. Plus de deux ans après l'instauration de cette mesure, qu’en pensent les habitants ? Découvrez notre micro-trottoir en vidéo.
Voilà bientôt neuf ans que la première « Ville 30 » a vu le jour en France. À l'origine, c’est Grenoble, en 2016, qui a instauré une circulation à 30 km/h sur son territoire. D'autres Métropoles ont ensuite suivi le mouvement : Nancy, Lille, Strasbourg, Nantes, Rennes, Montpellier, Tours ou encore Paris et Bordeaux. En 2022, pas moins de 28 villes avaient déjà généralisé le 30 km/h dans leurs rues. Depuis, la tendance ne fait que s'amplifier, avec un nombre croissant de municipalités optant pour ce dispositif visant à apaiser la circulation urbaine.
« Ville à 30 » : quels sont les objectifs ?
L’objectif principal de ces zones apaisées, aussi appelées « Zones 30 » : améliorer la cohabitation entre les différents usagers de la route, qu’il s’agisse des piétons, des cyclistes ou des automobilistes. L’abaissement de la vitesse contribuerait ainsi à sécuriser l’espace public, rendre les rues plus sûres et réduire les nuisances sonores et la pollution.
Selon les données de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), la baisse de la vitesse à 30 km/h pourrait réduire jusqu'à 40 % les risques de collisions mortelles avec des piétons.
Bon à savoir
Selon l'article R110-2 du code de la route, le terme « Zone 30 » désigne « une section ou un ensemble de sections de route constituant dans une commune une zone de circulation homogène, où la vitesse est limitée à 30km/h et dont les entrées et sorties sont annoncées par une signalisation et font l’objet d’aménagements spécifiques ».
Le cas de Bordeaux
Depuis le 1er janvier 2022, Bordeaux est devenue une « Ville 30 » sur la quasi-totalité de son territoire. Certaines avenues et boulevards ainsi que les quais de la Garonne ne sont pas concernés et restent à 50 km/h. Pour signaler ce changement, la Métropole a multiplié les marquages au sol et installé de nouveaux panneaux.
Une mesure qui semble rassurer les usagers les plus vulnérables comme nous l’explique une Bordelaise dans notre micro-trottoir : « Je suis pour cette limitation parce que 30 km/h en ville, c’est déjà beaucoup. Ça permet de respecter les piétons, d’avoir beaucoup plus de réflexes quand il se produit quelque chose. Et en ville c’est à tout moment. » Même son de cloche pour un autre usager interrogé. « 30 km/h, c’est plus que cohérent pour faire attention aux gens qui nous entourent, qu’ils soient à vélo ou à pied. »
Des avis mitigés pour les radars pédagogiques
Si beaucoup réduisent leur vitesse, d’autres automobilistes peinent à lever le pied. Alors pour inciter les usagers à le faire et ainsi sensibiliser les conducteurs les plus pressés, Bordeaux a également installé près de 50 radars pédagogiques. Ces derniers affichent sur l'écran la vitesse excessive de la voiture mais ne verbalisent pas. Pour le plus grand regret de ce cycliste qui préconise de sanctionner les conducteurs en cas de vitesse excessive. « On est dans un pays ou si on ne verbalise pas systématiquement ceux qui ne veulent pas respecter les règles, ça ne marche pas. » Un discours partagé par une autre interviewée : « Le seul moyen aujourd’hui de sensibiliser tout le monde, ce sont les caméras et les amendes. »
Quels aménagements alternatifs pour réduire la vitesse ?
Hormis les radars pédagogiques, y a-t-il d’autres mesures possibles pour réduire la vitesse des usagers en ville ? Plusieurs possibilités sont avancées par les Bordelais interrogés. Si certains proposent l’installation de dos-d'âne et de chicanes, d’autres doutent de leur efficacité sur le long terme. « Les chicanes sont toujours installées pour réduire la vitesse, mais en même temps elles n'empêchent pas certains automobilistes de doubler. Quand on double sur des accès où la vitesse doit être réduite, ça peut créer des accidents à cause de la chicane d'en face. » Le risque de perte de contrôle du véhicule en raison de ralentisseurs non conformes est aussi un argument avancé par un usager. « Je trouve que les dos-d’âne sont accidentogènes, surtout lorsqu’ils sont au-dessus de la hauteur autorisée. »
Certaines voix plaident pour des solutions plus radicales, comme l’extension des Zones à Trafic Limité (ZTL). Ces zones, où la circulation motorisée est restreinte (sauf exceptions), sont déjà testées dans le quartier des Chartrons, mais leur généralisation pourrait, selon certains, offrir une alternative plus durable à la simple réduction de la vitesse. « Le mieux est d’interdire la circulation complètement dans un certain nombre de voies pour permettre aux piétons et aux cyclistes de pouvoir se déplacer correctement » propose un riverain adepte de la mobilité douce.
Vers un nouveau modèle de mobilité urbaine ?
Alors que Bordeaux continue d'expérimenter et d'ajuster ses politiques de mobilité, une question demeure : comment trouver un juste équilibre entre sécurité, fluidité du trafic, et satisfaction des usagers ? La réponse n’est pas simple et varie d'une ville à l'autre, en fonction de sa géographie, de son tissu urbain, et des habitudes de ses habitants.