Villes à 30 km/h : à Boulogne-Billancourt, on lève le pied !
Depuis le 1er octobre 2023, toutes les rues de Boulogne-Billancourt sont limitées à 30 km/h, à l’exception des départementales qui traversent la ville. Pourquoi cette nouvelle réglementation et comment est-elle née ? Éléments de réponse avec Jean-Claude Marquez, adjoint au maire de Boulogne. Et pour savoir comment est vécu cet abaissement de la vitesse par les Boulonnais, découvrez notre micro-trottoir en vidéo !
Depuis 2016, date à laquelle Grenoble était la première ville à instaurer une circulation à 30 km/h sur son territoire, de nombreuses autres métropoles ont emboîté le pas. À partir de 2019, c’est Nancy, Lille, Strasbourg, Nantes, Rennes, Bordeaux, Montpellier, Tours ou encore Paris entre autres qui mettaient en place une « Ville 30 ». L’objectif : réduire la vitesse sur leur réseau afin d’apaiser la circulation entre tous les usagers.
À Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine (92), le projet n’a vu le jour qu’au mois d’octobre dernier. La ville est la dernière de l’agglomération GPSO (Grand Paris Seine Ouest) à passer le cap. Cette décision résulte d’une consultation citoyenne organisée entre octobre 2022 et mars 2023 et lancée dans le cadre des États généraux de l’espace public. L’abaissement de la vitesse fait partie des 12 mesures retenues par la municipalité.
« Quand on prend ce genre de décision, on sait bien que c’est assez clivant »
Jean-Claude Marquez,
adjoint au maire de Boulogne-Billancourt.
Pour quelles raisons avoir instauré une circulation limitée à 30 km/h depuis le 1e octobre 2023 ?
Jean-Claude Marquez : « Il faut savoir que Boulogne-Billancourt est entourée de villes qui sont déjà limitées à 30 km/h. L’abaissement de la vitesse est donc une réflexion de longue date. En revanche, avant de nous lancer, il était important qu'on tienne compte d’une problématique par rapport aux autres communes du Grand Paris Seine Ouest : Boulogne-Billancourt est une ville de transit, avec deux départementales empruntées par plus de 100 000 véhicules par jour. C’est pour cette raison, et aussi pour éviter de générer une congestion de trafic supplémentaire, que la circulation sur les axes départementaux reste à 50 km/h.
Bon à savoir
Les axes départementaux qui restent limités à 50 km/h sont : les quais de Seine, la route de la Reine, les avenues du Général-Leclerc, Édouard-Vaillant, André-Morizet et le boulevard de la République.
Quels sont les objectifs d’une circulation à 30 km/h à Boulogne-Billancourt ?
J.C. Marquez : La priorité du maire, Pierre-Christophe Baguet, est de sécuriser au maximum les usagers. La ville accueillant de nombreux établissements scolaires, il est indispensable d’apaiser la circulation aux abords des écoles. Nous avons d’abord installé des ralentisseurs près de ces zones à risque. La limitation de la vitesse à 30 km/h vient renforcer la sécurité des usagers. Quand on abaisse la vitesse de 50 à 30 km/h, on réduit les risques d’accident grave. Il y a aussi un nouveau phénomène, à Boulogne et ailleurs : l’augmentation du nombre de cyclistes. Notre responsabilité est de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’accident entre tous les usagers de la route. L’abaissement de la vitesse à 30 km/h sur la ville permet une cohabitation plus apaisée.
Bon à savoir
Selon l’association Prévention Routière, la distance d’arrêt diminue lorsqu’on réduit la vitesse : à 50 km/h, il faut parcourir 27,5 mètres pour s’arrêter, contre 13,5 mètres à 30 km/h. Rouler à 30 km/h permettrait aussi à l’automobiliste d’élargir son champ de vision à 120 degrés.
Les contrôles routiers vont-ils être renforcés ?
J.C. Marquez : La ville de Boulogne-Billancourt est très bien équipée en caméras de surveillance, ce qui permet la vidéoverbalisation en cas d’incivilités. Des agents assermentés sont en mesure en verbaliser à distance les usagers. Dans le cadre de la limitation de la vitesse, des radars pédagogiques seront installés autour de tous les groupes scolaires de la ville. La police municipale aura comme mission de surveiller les incivilités. En parallèle, un certain nombre de coussins berlinois et dos-d’âne seront installés sur des axes stratégiques pour faire ralentir les automobilistes.
Depuis le 1e octobre, date de la mise en place de la Ville 30, avez-vous des retours des Boulonnais ?
J.C. Marquez : Quand on prend ce genre de décision, on sait bien que c’est assez clivant. Mais très sincèrement, nous avons reçu aucun retour négatif par courriers officiels. On n’a pas de plainte sur le sujet. »
Que pensent vraiment les Boulonnais d’une ville à 30 km/h ?
Plus d’un mois après l’apparition des premiers panneaux « 30 » à Boulogne-Billancourt, qu’en pensent les habitants ? « Dans les très grandes villes, le trafic automobile ne permet pas de toute façon des vitesses au-delà », souligne une automobiliste interrogée lors de notre micro-trottoir. Même son de cloche pour cette maman, rassurée de voir les automobilistes lever le pied : « Je suis un peu plus sensibilisée d’autant que j’ai une poussette. Quand vous voyez des voitures arriver, il faut qu’elles pilent au passage piétons, donc limiter à 30 km/h, ce n’est pas si mal. »
Si l’abaissement de la vitesse semble être une mesure acceptée par les Boulonnais, la perspective d'un renfort des contrôles par les forces de l'ordre est moins appréciée par certains. « Ce que je n’aime pas ce sont les punitions, a ajouté une habitante. Réglementer la vitesse c’est bien mais punir de manière aussi radicale avec autant de radars et autant de contrôles, c’est ce qui est le plus gênant. » Certains interrogés vont même au-delà et dénoncent « du flicage ». D'autres en revanche comprennent la présence de radars et forces de police sur les routes. « On est en France donc s'il n'y a pas de contrôle, je pense que rien ne fonctionnera. »
Bon à savoir
En agglomération, un excès de vitesse de moins de 20 km/h est passible d’une amende de 135 euros.
À partir du 1er janvier 2024, les excès de vitesse de moins de 5 km/h ne seront plus sanctionnés par un retrait de point.