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Combien coûte vraiment l’entretien d’une voiture électrique ?

Par Eva Gomez

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Parmi les avantages à posséder une voiture électrique plutôt qu’une voiture thermique, on entend souvent parler du coût d’usage et du coût d’entretien. Mais combien coûtent vraiment l’entretien et la révision d’une voiture électrique ? Ce coût évolue-t-il tout au long de la durée de vie du véhicule ? Quelles économies peut-on attendre par rapport à l’entretien d’une voiture thermique ? Nous tentons d’apporter des réponses à ces questions avec nos experts.

Un mécanicien travaille sur une voiture électrique

Pas de courroie de distribution, pas de boîte à vitesse ou d’embrayage, pas besoin de vidangeLa voiture électrique ne nécessite pas autant d’entretien que son équivalent thermique. En moyenne, la révision d’une voiture électrique est 30 à 40% moins chère que celle d’une voiture thermique. « Ce sont deux technologies qui n’ont rien à voir : le moteur électrique ne nécessite pas d’huile, il n’y a pas de courroie, pas de filtre, pas de sortie d’échappement, pas de combustion qui puisse venir l’encrasser. Le moteur électrique en lui-même n’est soumis à quasiment aucune usure », détaille Julien Gourand, directeur général de Midas France. « Cela explique les écarts de prix significatifs que l’on constate sur les premiers entretiens courants. Sur la voiture électrique, la maintenance correspond surtout à des points de contrôle », poursuit-il. La révision, à laquelle une voiture électrique doit être soumise régulièrement pendant la période de garantie, inclut en effet une centaine de points de contrôles, dont certains sont communs avec les véhicules thermiques. Les propriétaires de voitures électriques doivent également s’assurer de régulièrement changer le filtre habitacle, recharger (et changer si nécessaire) la batterie accessoire 12 ou 14V, et changer les liquides de freins et de refroidissement.

Des contrôles récurrents pour limiter les risques

Mais attention à ne pas négliger l’entretien de votre voiture électrique au terme de la garantie constructeur, au risque de passer à côté d’un problème sérieux ! « Une fois la période de garantie terminée, les propriétaires de voitures électriques ont tendance à diminuer la fréquence de révision. Nous conseillons de faire un contrôle chaque année pour s’assurer que tout va bien et limiter les risques pour la suite », souligne Alexis Marcadet, fondateur de Revolte e-garage, un garage spécialisé dans l’entretien et la réparation des véhicules électriques près de Nantes. « De la même manière que l’on contrôle sa propre santé chez un médecin pour s’assurer que tout va bien, il faut faire attention à sa voiture, car on peut se retrouver, par exemple, avec une micro fissure sur la batterie qui pourrait s’avérer problématique sur le long terme », poursuit-il.

On se dirige vers moins de coûts de maintenance, mais davantage de réparations et diagnostics.

Julien Gourand,
directeur général de Midas France

Bon à savoir

Toutes les personnes qui réalisent des opérations sur des voitures électriques ou hybrides ont l’obligation de passer une homologation.

Prévoir des opérations importantes sur le long terme

Pour l’instant cependant, le manque de recul sur l’usure des véhicules électriques – qui sont encore relativement récents – empêche de donner une estimation plus précise du coût d’entretien sur toute la durée de vie du véhicule. « Le marché est encore assez limité mais on sait qu’un véhicule électrique est plus lourd avec le poids de la batterie, donc les pneus s'usent plus rapidement à cause du poids et de la puissance au démarrage », explique Julien Gourand. « Même chose pour le train roulant et les amortisseurs, qui pourraient être soumis à des usures plus rapides. Les freins sont a priori épargnés grâce au freinage régénératif, mais le poids important du véhicule peut finir par avoir un impact sur les plaquettes : là encore, nous manquons de recul », affirme le directeur général de Midas France.

Pour pouvoir se projeter sur l’entretien des véhicules électrique, il se tourne vers les pays nordiques : « En Norvège par exemple, le marché a dix ans d’avance sur celui de la France. Ils commencent à avoir des voitures électriques qui vieillissent et les enseignements qu’on en tire, c’est qu’on se dirige vers moins de coûts de maintenance, mais davantage de réparations et diagnostics. Les véhicules électriques sont beaucoup plus technologiques que les véhicules thermiques, et ils présentent une forme d’usure sur la partie électronique, avec la mise à jour des calculateurs, le vieillissement des capteurs, du câblage, des logiciels… Cela peut donner lieu à des opérations assez importantes », explique-t-il. « Le véhicule électrique s’appuie beaucoup sur les systèmes de climatisation : il y a un, deux, voire parfois trois systèmes de climatisation pour maintenir les batteries à la bonne température. Si ce système montre des signes de défaillance, le véhicule s’arrête. Là aussi, on aura besoin d’opérations de maintenance beaucoup plus récurrentes. »

Double peine pour l’hybride rechargeable

Côté hybride rechargeable, « il n’y a pas de gain particulier pour le client car il faut maintenir les deux systèmes. On est sur une double révision donc sur des prix peut-être même plus élevés que sur du thermique », souligne Julien Gourand.

Bon à savoir

Et si le marché norvégien, plus avancé, présageait de la disparition des véhicules hybrides en France ? « Si on regarde encore une fois vers la Norvège, on se rend compte qu’il n’y a plus de ventes d’hybrides, seulement de l’électrique pur. L’hybride est utilisé dans la transition d’un parc à un autre, quand les infrastructures ne sont pas encore assez développées… Donc on peut supposer que l’offre basculera assez vite sur tout électrique en France aussi, même si l’accompagnement de l’Etat n’est pas le même », remarque Julien Gourand.

Miser sur la durabilité et la réparabilité

« L’un des éléments principaux qui ressortent du marché norvégien, c’est le développement du marché du diagnostic et de la réparation des batteries de traction », soulève Julien Gourand. Ce qu’a très bien compris Alexis Marcadet chez Revolte e-garage, qui souligne que « quand le véhicule vieillit, il a de plus en plus de risque d’avoir une panne qui elle, coûte très cher : sur la batterie de traction, le moteur ou le chargeur ! D’où l’importance d’un contrôle régulier pour réparer plutôt que remplacer : chez Revolte, nous proposons de réaliser un état de santé précis de la batterie, car le SOH (State of Health) proposé par les constructeurs est souvent réducteur : on peut se retrouver avec un bon SOH et avoir une cellule endommagée », explique-t-il.

Quand on aura réalisé 100 000 ou 200 000 révisions de voitures électriques, on pourra être précis. Pour l’instant, l'industrie considère qu'on est 30 à 40% moins cher que pour une thermique.

Alexis Marcadet,
fondateur de Revolte e-garage

Globalement, les experts s’accordent à dire qu’il faudra miser sur un entretien tourné vers la durabilité et la réparabilité. « Les véhicules électriques sont chers à l’achat, on a donc tout intérêt à prolonger leur durée de vie au maximum et donc à être capable d’identifier les pannes », souligne Julien Gourand. « Quand on aura réalisé 100 000 ou 200 000 révisions de voitures électriques un peu partout, on pourra être précis ! Pour l’instant, l'industrie considère qu'on est 30 à 40% moins cher que pour un véhicule thermique. Mais peut-être qu’on se rendra compte que les coûts augmentent après quelques années », abonde Alexis Marcadet.

Même si les retours d’expérience à date montrent que les voitures électriques récentes coûtent beaucoup moins cher à l’entretien que les véhicules thermiques, il faut avoir en tête qu’après quelques années, elles pourraient nécessiter des opérations de réparation plus ponctuelles mais plus lourdes. Mais pour avoir une estimation de coût précise, il faudra attendre quelques années que le marché gagne en maturité. D’autant que les batteries électriques, éléments clés de ces véhicules, ont d’ores-et-déjà prouvé qu'elles ont une durée de vie plus longue de prévu, qui pourrait excéder celle du châssis.