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Réparation automobile : pensez aux pièces de réemploi !

Par Lionel Robert

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Lorsque vous réparez votre voiture ou que vous la faites réparer, rien ne vous oblige à investir dans des pièces neuves. Vous pouvez utiliser des pièces issues du recyclage. C’est ce qu’on appelle des pièces de réemploi. Une démarche à la fois économique et vertueuse puisqu’elle réduit le prix de votre réparation et favorise l’économie circulaire.

En France, aujourd’hui, la part de marché des pièces auto d’occasion est d’à peine 4 %. Elle concerne au mieux 15 % de l’activité des garagistes les plus motivés. Si notre pays est à la traîne sur le sujet, il rattrape peu à peu son retard. Il a même été le premier à légiférer, dès 2017, sur la pièce de réemploi.

Pièces automobiles d’occasion : ce que dit la loi

Un particulier peut se rendre chez un garagiste, un carrossier, dans un centre auto ou même chez son concessionnaire et demander un devis incluant l’utilisation de pièces de rechange issues de l’économie circulaire. Mieux : un arrêté de septembre 2018 stipule qu’une fiche informative doit être visible depuis l’accueil et qu’un double devis doit être spontanément proposé. Toute la filière de la réparation/maintenance est tenue de s’y plier. « C’est la loi, confirme Laurent Hérail, président du groupe Surplus Recyclage. Une affiche indiquant que le garage propose de la pièce de réemploi doit être visible à l’accueil ou dans la salle d’attente de la structure. Le garagiste se doit de procéder à un double chiffrage pour permettre au client de choisir en toute connaissance de cause ». Louable à plus d’un titre, la démarche offre l’opportunité au réparateur d’intervenir sur des véhicules qu’il ne réparerait pas si la facture était plus élevée et donc de toucher une clientèle plus large.

Nous avons tous la responsabilité de faire rouler plus longtemps nos véhicules plutôt que d’en changer trop fréquemment.

Pascal Brethomé,
Directeur de garage et président de Mobilians Pays de la Loire.

Toutes les pièces auto sont concernées

Toutes les pièces d’une voiture peuvent ainsi être remplacées par de la pièce d’occasion : un moteur, une batterie, un rétroviseur, une ceinture de sécurité, des amortisseurs ou encore une boîte de vitesses. Il faut cependant faire la distinction entre les pièces de réemploi qui ont simplement subi un contrôle visuel avant d’être revendues et les pièces reconditionnées qui ont été expertisées, plusieurs fois testées et pour lesquelles on constate un taux de recours au SAV inférieur à 2 %, ce qui atteste clairement de leur fiabilité.

Si les professionnels se doivent de proposer spontanément à leurs clients de la pièce de réemploi, le vieillissement de notre parc automobile les y conduit quasi obligatoirement. « Nous avons tous la responsabilité de faire rouler plus longtemps nos véhicules plutôt que d’en changer trop fréquemment, confie Pascal Brethomé, directeur de garage et président de l’organisation professionnelle Mobilians pour les Pays de la Loire. Et cela passe par le développement du marché de la pièce d’occasion. »

Il n’empêche que les mécaniciens-garagistes ont une obligation de résultat vis-à-vis des particuliers. Lorsqu’ils installent une pièce de rechange sur votre véhicule, ils doivent en garantir le bon fonctionnement, qu’elle soit neuve ou d’occasion. Or, pour garantir une pièce auto, il faut en maîtriser l’origine et se porter garant du fournisseur. « Depuis la mise en application de la loi, poursuit Pascal Brethomé, les choses sont devenues beaucoup plus simples. Nous nous approvisionnons auprès de notre destructeur-recycleur local habituel. Et si nous ne trouvons pas notre bonheur, il existe différents sites Internet qui se sont regroupés et sur lesquels, en deux ou trois clics, on peut savoir si la pièce est disponible, à quel prix et dans quel état ».

Où trouver la bonne pièce d'occasion ?

Pour les particuliers bricoleurs qui veulent se fournir par eux-mêmes au meilleur prix, la procédure est la même. Ils peuvent trouver la pièce d’occasion qu’il leur faut chez les recycleurs ou sur les places de marché accessibles sur internet. Sur le site opisto.fr, par exemple, plus de 4 millions de pièces auto sont disponibles en temps réel. Le site komparotoparts.com permet de comparer les prix d’une boutique en ligne à l’autre. Quant au site reparcar.fr, il propose, via son service "Perfect Match", de vous dénicher la pièce souhaitée et de la faire installer par un professionnel. Il suffit de renseigner la pièce ainsi que votre plaque d’immatriculation (ou la marque et le modèle de votre voiture)… et le moteur de recherche s’occupe du reste.

Si l’approvisionnement en pièces d’occasion est simple sur le papier - elles viennent pour la plupart de France, en grande partie des étagères des principales sociétés de recyclage - il n’est malheureusement pas systématique. En effet, de nombreuses pièces détachées auto manquent à l’appel, notamment dans certaines catégories. Cela concerne surtout les pièces de carrosserie, portières, ailes et capots. En moyenne, une demande sur deux n’est pas satisfaite.

Une pièce de réemploi coûte entre 40 % et 70 % de moins qu’une pièce neuve.

Pascal Brethomé,
Directeur de garage et président de Mobilians Pays de la Loire.

Quelles économies et quelles garanties espérer ?

Si le développement du marché de la pièce d’occasion poursuit un objectif environnemental, il a surtout pour vocation de réduire la facture des particuliers qui y ont recours. « Le gain financier peut être important, constate Pascal Brethomé. Une pièce de réemploi coûte entre 40 % et 70 % de moins qu’une pièce neuve ».

Notez cependant qu’il ne s’applique pas la même garantie sur les deux. Si les pièces neuves sont garanties 24 mois, les pièces d’occasion se contentent le plus souvent d’une année. Quant aux pièces reconditionnées, elles bénéficient d’une garantie semblable à celle d’une pièce neuve. Prenez le temps de vous renseigner avant d’acheter ou de signer le devis. Attention : sur un véhicule encore sous garantie, privilégiez la pose de pièces neuves car l’utilisation d’une pièce de réemploi pourrait vous faire perdre la garantie constructeur.

Un potentiel de 12 millions de pièces d'occasion par an avec les VHU

1,3 million de véhicules, c'est le nombre de véhicules en fin de vie pris en charge chaque année par les centres VHU agréés (ou casses auto) afin d’en assurer la destruction physique et administrative, mais également le recyclage des pièces détachées. Maillon essentiel de l’économie circulaire, la filière permet de remettre sur le marché plus de 12 millions de pièces.

Cependant, près d’un tiers des véhicules hors d’usage (VHU) ne font encore l’objet d’aucune valorisation de leurs pièces. Une fois dépollués, ils sont directement dirigés vers le broyeur pour être recyclés. Un formidable gâchis dont les pouvoirs publics peinent à prendre la mesure, comme en atteste le décret VHU paru le 1er décembre dernier, qui précise que les centres VHU ont une obligation de désassemblage, mais pas de production de pièces de réemploi. Or, le désassemblage consiste, en pratique, à faire un simple tri par matières sans objectif de réemploi ultérieur des équipements du véhicule. Des efforts restent donc à faire…