Garage Solid’Auto à Saintes : la mobilité solidaire comme mot d’ordre
En milieu rural, se rendre à une formation ou rechercher un emploi peut être un véritable casse-tête lorsqu’on n’a pas de voiture. Il existe des acteurs qui contribuent à résoudre les problèmes de mobilité de personnes en situation de précarité en leur proposant des services à moindres coûts. Nous sommes allés chez Solid’Auto, un garage solidaire basé à Saintes en Charente-Maritime. Reportage.
Sommaire
Créé en 2015 en partenariat avec le département de Charente-Maritime, Solid’Auto est né d’un groupement d’associations locales. Saint-Fiacre, une structure d’insertion par l’activité économique (IAE) qui permet à des personnes sans emploi de bénéficier d’un contrat de travail, a porté le projet d'un garage solidaire.
« Le garage est ouvert à tous. »
Sullivan Minche
L’initiative s’adresse à l’ensemble des allocataires de minima sociaux, demandeurs d’emploi et bénéficiaires du RSA : « Les membres de ces associations avaient besoin d’un véhicule pour aller au travail, nous explique Sullivan Minche, responsable des activités chez Solid’Auto. Ça coûte cher de faire réparer son véhicule ou d’acheter une voiture à l’heure actuelle. C’était une évidence de créer ce garage. »
Le garage, qui fonctionne désormais comme une entreprise tout en évoluant au sein de l’économie sociale et solidaire, propose quatre grands axes de services : l’entretien et la réparation, la vente de voitures d’occasion, la préparation automobile (avec le lavage) et la location solidaire.
La location solidaire à 3 € par jour
Pour les personnes en situation de précarité, la location de voiture coûte 3 € par jour et se limite dans le temps : « Les bénéficiaires du RSA peuvent bénéficier de cette location jusqu’à 3 mois dès la première demande, renouvelable 1 fois. Pour les demandeurs d’emploi, la période est plus courte : la location est possible pour une journée ou plus, jusqu’à 3 mois si besoin. »
Une aubaine pour les bénéficiaires éligibles, heureux de pouvoir retrouver leur indépendance et leur mobilité : « Je suis en colocation avec mon frère. On doit se partager un scooter pour deux, nous confie Philippe Juglas, bénéficiaire de Solid’Auto. J’ai demandé à louer une voiture pour mes déplacements, que ce soit pour ma vie quotidienne ou pour aller au boulot. J’ai juste à mettre du gasoil et payer 90 euros par mois. C’est le moins cher en location de voiture sur le marché ! »
Des véhicules réparés sur place
Les voitures proposées à la location ont d’abord été rachetées par le garage et remises en état sur place par les mécaniciens de l’établissement. Elles sont ensuite mises à la disposition des bénéficiaires.
« Un client ordinaire qui vient faire entretenir son véhicule contribue à financer les tarifs solidaires. »
Sullivan Minche
Les prix bas proposés par le garage, aussi bien pour la réparation que pour la vente ou la location, sont possibles grâce aux subventions publiques et à la clientèle : « Un client ordinaire - sans problème financier - qui vient ici faire entretenir son véhicule contribue indirectement à financer les tarifs solidaires », affirme Sullivan Minche.
L’insertion par l’emploi
Le garage solidaire a reçu un agrément d’insertion. Les mécaniciens qui y travaillent sont formés durant plusieurs mois avant de prendre leur envol pour trouver un emploi : « Une fois qu’ils ont terminé leur contrat au sein du garage solidaire, ils sont aptes à prétendre à un emploi fixe, affirme Éric Ternus, encadrant. Ma mission est réussie ; nous n’avons jamais laissé personne dans le néant après leur contrat. »
Location solidaire, réparations à bas prix, insertion... Avec toutes ces initiatives, le garage s’impose aujourd’hui comme une référence en Charente-Maritime. Et en proposant ce cercle vertueux entre les bénéficiaires et les professionnels qui y travaillent, Solid’Auto se démarque. Face à la forte demande, un deuxième garage a également ouvert ses portes en 2018, à Saint-Jean-d’Angély. Et ce n’est pas fini : « Il y a des projets à étudier », annonce Sullivan Minche.
En action
- Pour
bénéficier de ces services, il faut formuler une prescription et vous rapprocher
de votre assistante sociale, de la structure d’insertion qui vous accueille ou
encore de Pôle Emploi.