Combien coûte vraiment une voiture électrique ?
Quel est le prix d’une voiture électrique ? Difficile de donner une réponse nette et définitive à cette question que beaucoup d’automobilistes se posent. Mais il est possible de se faire une idée assez précise en analysant et en additionnant les différents postes de dépense : prix d’achat, aides disponibles, frais d’usage et d’entretien, valeur à la revente… Le tout en gardant à l’esprit que ces fourchettes de coûts (et les montants des aides) évoluent très régulièrement.
Il n’est pas simple d’anticiper le budget que représente réellement une voiture électrique, de l’achat à son éventuelle revente. Pourtant, ce coût est déterminant car il est l’un des principaux freins pour les automobilistes qui seraient prêts à passer à l’électromobilité. D’après une étude du cabinet Deloitte publiée début 2023, 8 % des sondés issus de 24 pays (dont 1006 en France) envisageraient d’acheter un véhicule électrique, mais le prix bloque 56 % d’entre eux. Selon cette étude, le prix maximum acceptable pour l’achat d’une voiture électrique serait de 30 000 euros. « Aujourd’hui, les voitures électriques neuves coûtent entre 30 000 et 50 000 euros, si on écarte les véhicules électriques haut de gamme », rappelle François Gatineau, président de la société de conseil et bureau d’études en mobilité électrique, Mobileese. Pour les voitures électriques les plus haut de gamme, les prix s’envolent même au-delà de 100 000 euros ! Les prix d'achat élevés, qui s’expliquent en grande partie par le coût de production des batteries, dépassent rapidement les plafonds fixés par les potentiels acheteurs.
Bon à savoir
La plupart des constructeurs automobiles proposent de louer la batterie. Le prix d’achat du véhicule électrique est alors largement réduit et le contrat de location de la batterie comprend une garantie ainsi que son entretien et l’assistance en cas de panne. A noter qu’avec un bon entretien, les batteries actuelles promettent de supporter 1 000 à 1 500 cycles de charge, sur une durée de vie de 10 à 20 ans selon les modèles.
Des prix d’achat qui peuvent être dissuasifs
A l’achat, il n’y a pas de débat : un véhicule électrique neuf coûte facilement 10 000 euros de plus qu’un véhicule thermique neuf, voire plus. Dans la famille des citadines, chez Renault par exemple, la Zoe equilibre R110-MY22 coûte 35 100 euros, contre 20 400 euros pour la Clio equilibre TCe 90 essence.
Quel prix d’achat pour quelles caractéristiques ?
Modèle | Prix d'achat | Puissance | Batterie | Autonomie | Temps de charge |
Renault Zoe equilibre R110-MY22 | A partir de 35 100 € | 109 ch | 52 kW | 395 km | 2h50 (11 kW) – 45mn (50 kW) |
Audi Q4 e-tron | 53 000 € | 204 ch | 135 kW | 517 km | 5h (11 kW) – 25 mn (50 kW) |
Citroën Ami (homologation quadricycle – sans permis) | 7 790 € | 8 ch | 5,5 kW | 75 km | 2h (2,3 kW) |
BMW i4 eDrive35 | 57 550 € | 286 ch | 67 kW | 406-483 km | 7h (11 kW) – 32 mn (180 kW) |
Citroën ë-C4 | 36 300 € | 136 ch | 50 kW | 350 km | 5h (11 kW) – 53 mn (50 kW) |
Dacia Spring Electric | 20 800 € | 44 ch | 27 kW | 230 km | 3h42 (7,4 kW) – 50 mn (30 kW) |
Tesla Model Y | 49 990 € | 300 ch | 95 kW | 455 km | 6h13 (11 kW) – 50 mn (100 kW) |
Sans compter que l’achat d’une voiture électrique implique de s’équiper pour la recharge à domicile, ce qui fait gonfler la facture totale de 1 200 à 2 000 euros supplémentaires pour l’installation d’une borne en habitat individuel. On arrive vite à un total qui dépasse largement les 30 000 euros de plafond fixés par les sondés de l’étude de Deloitte.
De nombreuses aides pour réduire la facture
Mais cette note salée peut largement être adoucie par les aides mises à la disposition des foyers souhaitant sauter le pas et investir dans la mobilité zéro émission. L’Etat propose en effet jusqu’à 5000 euros de prime à la conversion et jusqu’à 7000 euros de bonus écologique pour les foyers les plus modestes. Une surprime de 1000 € est également octroyée aux ménages habitant dans le périmètre d’une Zone à faibles émissions-mobilité (ZFE).
A ces aides gouvernementales s’ajoutent des aides locales mises en place par plusieurs collectivités françaises. C’est le cas notamment du département des Bouches-du-Rhône, qui propose une aide de 5000 euros – sans conditions de revenus – pour l’achat d’un véhicule électrique neuf, contre l’engagement de le conserver pendant au moins 3 ans (ou 65 000 km) et dans la limite de 1000 primes par an pendant 5 ans. Autres exemples : la région Occitanie qui donne 1000 euros (2000 € aux foyers non imposables) pour l’achat d’une voiture électrique d’occasion, ou encore la ville de Saint-Maur, qui octroie une aide de 1000 euros à ses administrés désireux d’acquérir une voiture électrique neuve.
Ainsi, en considérant les seules aides de l’Etat, les ménages les plus modestes peuvent aspirer à un coup de pouce cumulé de 14 000 euros, auquel viennent s’ajouter les éventuelles aides locales. L’installation d’une borne est également éligible à une TVA réduite à 5,5% et à des aides cumulables : le programme ADVENIR, qui permet le financement de 50% du coût d’installation en copropriété, et un crédit d’impôt de 300 € maximum pour l'installation d'une borne un habitat individuel. Prenons un exemple : pour l’achat d’un véhicule électrique d’entrée de gamme à 30 000 €, couplé à l’achat et installation d’une borne de recharge à domicile de 1500 €, le prix global peut donc tomber en-dessous de 17 000 € pour les foyers aux plus faibles revenus. Sans compter les éventuelles aides locales !
Les conseils de la rédac
Les aides sont pour la plupart soumises à des conditions de revenus, nous vous invitons à vérifier votre éligibilité en ligne. Ce site du Ministère de la transition énergétique liste et met à jour toutes les aides nationales et locales.
Plusieurs études et estimations affirment par ailleurs que le prix d’achat d’un véhicule électrique devrait diminuer dans les prochaines années. Bloomberg New Energy Finance estimait même dans une étude commandée par l’ONG Transport et Environnement en 2021 que les véhicules électriques coûteraient moins cher à fabriquer que leurs équivalents thermiques dès 2027, ce qui se répercuterait inévitablement sur le prix d’achat.
Bon à savoir
Depuis le 1er janvier 2023, le gouvernement expérimente un dispositif de prêt à taux zéro pour l’acquisition d’une voiture électrique quand on vit ou travaille dans une ZFE – sous conditions de revenus et de prix d’achat.
Le coût de la recharge vs. le plein d’essence ou de diesel
Une fois ce prix d’achat considéré, il s’agit d’anticiper le coût d’usage d’une voiture électrique. Là encore, il est compliqué de faire une estimation précise, mais certains indicateurs permettent d’avoir une idée relativement juste. « Le coût du carburant sur 100 km est d’environ 9 € pour une voiture à essence et 6,7 € pour une voiture diesel, contre seulement 2,9 € pour les automobiles électriques chargées à domicile », rappelle le fournisseur d'énergie Engie.
De son côté, François Gatineau explique que malgré l’augmentation récente du prix de l’énergie, « un conducteur de véhicule électrique de milieu de gamme qui roule avec des réflexes d’écoconduite peut facilement faire du 15 kWh aux 100 km, soit un coût de 3,3 € de recharge pour 100 km au nouveau tarif électricité Heure Pleine (0,22 centimes/kW x 15), quand un véhicule thermique fait du 6 litres aux 100 km, ce qui, multiplié par 2 € (prix moyen en vigueur au litre, NDLR), équivaut à 12 € pour le même kilométrage. » Les différences de prix sont nettes, d’autant qu’il existe plusieurs manières de recharger son véhicule électrique et des possibilités de maîtriser le coût de la recharge.
La recharge à domicile est l’option la plus avantageuse, même avec une borne à faible puissance.
François Gatineau,
président de Mobileese
« La recharge à domicile est l’option la plus avantageuse, même avec une borne à faible puissance. Et pour ceux qui n’ont pas cette possibilité, de plus en plus d’entreprises proposent aussi des bornes de recharge ! La recharge publique est un peu plus chère mais reste quand même entre 2 et 4 fois moins chère que l’essence ou le diesel, même avec des prix plafonnés », précise le président de Mobileese. Un écart de prix qui peut encore être renforcé par une bonne optimisation : on peut notamment recharger pendant les heures creuses, durant lesquelles on peut compter 15 centimes/kW à domicile contre 35 centimes sur un point public. Citons aussi par la pratique de l’écoconduite, une conduite douce et sans à-coups permettant d’améliorer l’autonomie de la batterie.
Quel coût d’entretien pour la voiture électrique ?
Une voiture électrique demande également moins d’investissement pour son entretien qu’un véhicule thermique, ce qui n’est pas négligeable sur le cycle de vie de votre voiture. « Un véhicule électrique demande 2 fois moins d’entretien qu’un thermique, il suffit de bien vérifier le niveau de pression des pneus, les plaquettes de freins et l’état des filtres à air. Et cela peut même être fait seulement tous les deux ans », souligne François Gatineau. Pas de vidange, pas de bougies ou de courroie de distribution à changer… Sur une année, les économies d’entretien peuvent atteindre les 4 000 € ! De quoi contribuer à amortir le prix d’achat élevé !
Nous avons de bonne surprises sur les batteries des premiers modèles de véhicules électriques, qui ont tenu plus de kilomètres qu'estimé.
François Gatineau,
président de Mobileese
Et si je veux revendre ma voiture électrique ?
Quant à la revente, le manque de recul rend l’appréciation difficile, car le marché de l’occasion électrique est encore en plein essor. En 2021, nos confrères de l’Automobile Magazine dévoilaient dans une étude que la décote d’un véhicule électrique pouvait atteindre 55%, contre 43,5% pour une voiture diesel et 34,7% pour une voiture essence. « La décote peut être moins forte si la batterie est bien entretenue et nous avons eu de bonnes surprises sur les durées de vie des batteries des premiers modèles ! Elles ont tenu plus de kilomètres que ce qui était estimé », se réjouit François Gatineau. D’autant que le marché de l’électromobilité évolue à grande vitesse et qu’en septembre 2022, pour la première fois, on a compté plus d’immatriculations de véhicules électriques que de véhicules diesel – avec 16% des parts de marché contre 14,4% (chiffres Avere-France). Le marché de l’occasion suivra donc inévitablement dans les années à venir et contribuera largement à réduire l’écart de prix d’achat entre une voiture électrique et une voiture thermique.
En conclusion, si le véhicule électrique coûte plus cher à l’achat qu’un véhicule thermique, le rapport s’inverse rapidement à l’usage. De la même façon que le surcroit d’émissions de CO2 engendré par la fabrication du véhicule électrique (par rapport à son équivalent thermique) est largement compensé à l’usage. Si malgré tout, le prix d’achat reste un frein, prenez bien le temps d’étudier les différentes aides auxquelles vous pouvez prétendre, y compris localement. Et de choisir le véhicule qui correspond le mieux à votre usage le plus fréquent.