Hausse du coût des locations de voitures en France : pourquoi les prix s’envolent ?

La location de voiture deviendrait-elle de moins en moins accessible pour les Français ? C’est en tout cas ce que laissent penser les derniers chiffres publiés par Carigami^1↓, spécialiste du secteur. En un an, le prix moyen d’une location en France affiche une hausse de 3,8 %, passant de 370 euros à l'été 2024 à 384 euros sur la même période de cette année.

La hausse des tarifs ne surprend plus les professionnels du secteur, qui y voient le résultat d’un mouvement de fond enclenché depuis plusieurs années. « Pendant longtemps, louer une voiture en France restait très abordable, explique Pierre Feisthauer, chargé de développement chez Carigami. Mais la crise du Covid a durement touché tous les loueurs, et un effet de rattrapage des prix est apparu depuis. »

À cette dynamique s’ajoutent plusieurs phénomènes. Pendant la pandémie, l’arrêt temporaire des chaînes de production a limité la fabrication de véhicules neufs. Dans la foulée, la crise mondiale des semi-conducteurs est venue aggraver cette pénurie, forçant les loueurs à conserver plus longtemps leurs flottes ou à acheter des véhicules à des coûts plus élevés. Dans le même temps, l’inflation généralisée a renchéri l’entretien et l’assurance auto. Enfin, la forte demande estivale, combinée à des réservations de plus en plus tardives, accentue encore la tension sur l’offre. Résultat : les prix s’envolent, surtout dans les zones touristiques.

Selon Carigami, les automobilistes réservent de plus en plus à la dernière minute. Une tendance qui contribue directement à la hausse des tarifs : à mesure que la date approche, le nombre de véhicules disponibles diminue et la demande se concentre sur une offre plus restreinte. « Il n'y a pas de comité qui fixe un prix : c’est un logiciel de yield management qui ajuste automatiquement les tarifs en fonction de l’offre et de la demande, en temps réel. Plus la demande augmente et moins il reste de véhicules disponibles, plus les prix grimpent. »

En juin 2025, le prix moyen d’une location « last minute » atteignait 370 euros en France. Quand la demande grimpe soudainement, les tarifs s’envolent, même pour des modèles d’entrée de gamme.

La Corse enregistre des hausses spectaculaires des tarifs de location de voiture. Toujours selon Carigami, à Ajaccio, les prix ont bondi de 28,4 %, atteignant 402 euros par semaine. À Bastia, la hausse s’élève à 19,4 %. Ces augmentations s’expliquent par une forte demande, et à un effet de rebond après plusieurs années compliquées. « La Corse a longtemps représenté un pilier du marché de la location de voiture en France, souligne l'expert. Mais ces dernières années, l’île a traversé des saisons touristiques très compliquées : vols trop chers, hébergements inaccessibles… Les loueurs avaient drastiquement baissé leurs prix, parfois jusqu’à 25 euros par jour, soit deux fois moins que la normale. En 2025, ils ont simplement remis leurs tarifs à niveau. Ce réajustement a eu un impact direct sur le prix moyen des locations de voiture à l’échelle nationale. » Le seul contre-exemple corse reste Figari, où les prix ont chuté de 31,8 %.

Si la tendance générale est à la hausse, certaines villes françaises se distinguent par des baisses marquées... À Nice, le prix moyen pour une semaine de location a chuté de 18,8 %, pour atteindre 337 euros. Même chose à Bordeaux, où les tarifs sont en repli de 17,6 %, selon les données de l'expert. Ces baisses peuvent s’expliquer par une meilleure disponibilité des véhicules ou une demande estivale moins forte qu’attendue.

Les automobilistes espérant un retour à des tarifs plus abordables risquent d’être déçus. Les prix en vigueur pourraient bien devenir la nouvelle norme selon Pierre Feisthauer. Entre l’inflation persistante, les tensions géopolitiques et une économie sous pression, le contexte reste instable. « Depuis le Covid, il y a eu l’inflation, la guerre en Ukraine, les gouvernements qui tombent les uns après les autres… C’est un peu chaotique. Je ne pense pas que ça baisse. On va sans doute rester à ce niveau », résume-t-il.

Pour les automobilistes, ce constat prêche en faveur de l’anticipation, de la comparaison des offres et de la flexibilité.