Autosolisme en France : tendances et solutions pour réduire la conduite solitaire
En France, 83,8% des conducteurs sont seuls dans leur voiture le matin aux heures de pointe, d’après le dernier baromètre de l’autosolisme de Vinci Autoroutes. Mais qu’est-ce que l’autosolisme et quelles sont les pistes pour le réduire ? On fait le point.
Le conducteur français aime être seul au volant... C'est en tout cas ce qui ressort du 5e baromètre de l'autosolisme de Vinci Autoroutes. Pourtant, pour lutter contre les émissions de CO2 dues au trafic routier, l'une des pistes est de réduire le nombre de voitures en circulation. Pour cela, le covoiturage se présente comme une solution pertinente (parmi d'autres). Qu'est-ce que l'autosolisme ? Comment se manifeste-t-il en France et quelles sont les manières de le réduire ? Voici quelques éléments de réponse.
Autosolisme : qu’est-ce que c’est ?
Dans le terme « autosolisme », on trouve « auto » et « solo », qui renvoient à une pratique solitaire de la conduite d’une automobile. Les autosolistes sont donc les automobilistes qui réalisent leurs trajets seuls au volant de leur voiture, sans aucun passager.
L’autosolisme est un concept à connotation négative, car il souligne une utilisation solitaire d’un moyen de transport comportant pourtant, dans la majorité des cas, 5 places assises. Dans un contexte de transition écologique, cette pratique est pointée du doigt car si les conducteurs autosolistes se regroupaient, cela limiterait le nombre de voitures en circulation sur les routes, et donc les émissions de gaz à effet de serre qui découlent du trafic routier.
Bon à savoir
En Europe, les voitures représentent 60,6% des émissions de gaz à effet de serre dues au transport routier.
83,8% des automobilistes français sont seuls dans leur voiture le matin aux heures de pointe.
Une légère tendance à la baisse de l’autosolisme
Chaque année, Vinci Autoroutes publie un baromètre de l’autosolisme, dans lequel est établi un état des lieux de cette pratique en France, autour de 10 grandes métropoles. Selon l’édition 2024 de ce baromètre, 83,8% des automobilistes français sont seuls dans leur voiture le matin aux heures de pointe, avec un pic d’autosolisme proche des 88% à 7h30. C’est 1 point de moins que dans l’édition 2023 mais cela reste beaucoup ! Côté méthodologie, ces chiffres ont été relevés du 11 au 22 septembre 2023 aux abords de 10 métropoles françaises sur le réseau Vinci Autoroutes : « Au total, près de 500 000 véhicules ont ainsi été analysés grâce aux outils de l’intelligence artificielle, offrant la capacité de mesurer de façon précise le taux d’autosolisme quotidien sur ces axes très empruntés », précise Vinci Autoroutes.
Le taux d’occupation des véhicules observé est de 1,24 personne. Ce qui revient à dire que 10 voitures véhiculent en moyenne un total de 12,4 personnes : 10 conducteurs et 2,4 passagers.
Des écarts importants d'une agglomération à l'autre
Sur toutes les métropoles analysées, Toulon est celle où le taux d’autosolisme est le plus bas avec 73,9% sur l’axe A50. L’autoroute A11 à Nantes est l’axe observé avec le plus taux d’autosolisme le plus élevé : 95,5%. Paradoxalement, c’est aussi à Nantes que l’on trouve le deuxième axe avec le plus faible taux après Toulon : 77,3% sur l’autoroute A83. Globalement, autour des 10 métropoles étudiées, le taux d’autosolisme a tout de même diminué entre 2022 et 2023, en particulier autour d’Aix-en-Provence (-4,9%), de Toulon (-4,5) et en Ile-de-France (-4,2%). Il a néanmoins augmenté à Tours sur l’A10 (+3,8%) pour atteindre 93,8%, et à Toulouse sur l’axe A62 (+0,8%), où un taux de 83% d’autosolisme a été relevé.
Axe | Ville | Taux d'autosolisme | Évolution entre sept. 2022 et sept. 2023 |
A50 | Toulon | 73,9% | -4,5% |
A83 | Nantes | 77,3% | -3,1% |
A10 | Ile-de-France | 77,7% | -4,2% |
A10 | Bordeaux | 78,5% | -3,3% |
A8 | Aix | 78,8% | -4,9% |
A62 | Bordeaux | 81,2% | -2% |
A62 | Toulouse | 83% | +0,8% |
A7N | Lyon | 84,6% | -3,7% |
A709 | Montpellier | 87,2% | 0% |
A63 | Biarritz | 87,8% | -1% |
A64 | Toulouse | 89,4% | -1,1% |
A10 | Tours | 93,8% | +3,8% |
A11 | Nantes | 95,5% | -3,4% |
(Données issues du baromètre 2024 de Vinci Autoroutes)
Le gouvernement considère qu’à l’échelle de la France, ce sont 70% des déplacements domicile-travail qui sont réalisés en autosolisme.
Quelles solutions pour diminuer l’autosolisme ?
Dans sa Stratégie Nationale Bas Carbone, la France a pour ambition d’atteindre un taux d’occupation de 1,75 personne par véhicule. Pour l’instant, d’après le ministère de la transition écologique, seuls 3% des trajets du quotidien sont effectués en covoiturage. Pour lutter contre l'autosolisme et booster le développement des mobilités partagées, le gouvernement a lancé fin 2022 une prime covoiturage de 100 euros pour les nouveaux conducteurs inscrits sur les plateformes de covoiturage. Une prime reconduite en 2024 pour les trajets de courte distance (moins de 80 km) pour inciter toujours plus d'automobilistes à faire du covoiturage sur les trajets domicile-travail.
Des solutions voient le jour un peu partout en France pour « faciliter » la pratique du covoiturage au quotidien, souvent jugée contraignante à organiser avec le modèle classique de réservation via des services de mise en relation. Des lignes de covoiturage sont ainsi déployées, par exemple à Grenoble ou prochainement en Ile-de-France. Le principe se rapproche de celui d’une ligne de bus : le passager se rend à un arrêt et n’a pas besoin de réserver son covoiturage. Les conducteurs qui passent sur son trajet sont informés de la présence d’un passager et s’arrêtent pour le conduire jusqu’à l’arrêt de destination.
De nombreux parkings de covoiturage sont également mis en place dans de plus en plus de communes. Dans son baromètre, Vinci Autoroutes souligne par exemple que 52 parkings de covoiturage (avec une capacité totale de 4 500 places) sont présents sur son réseau autoroutier. « Connectés aux infrastructures de mobilité partagée (parkings de covoiturage, parkings relais et parcs multimodaux) gérées par les collectivités locales à proximité immédiate, ils composent un réseau maillé de 146 infrastructures, proposant près de 20 000 places de stationnement », précise le gestionnaire de réseau autoroutier. Les alternatives à la voiture font en effet aussi partie des solutions prioritaires aux alentours des grandes agglomérations, avec le déploiement de parkings relais pour encourager les automobilistes à lâcher leur voiture au profit des transports en commun.