Nantes, Grenoble et Rennes : pourquoi ces villes ont mis en place une Zone à Trafic Limité (ZTL) ?
Instaurées en Italie, les Zones à Trafic Limité (ZTL) s’installent progressivement en France. Après Nantes et Grenoble, c’est au tour de Rennes de limiter la circulation dans son centre-ville. Mais qu’est-ce qu’une ZTL ? Et surtout, qui peut circuler dans ce périmètre limité à la circulation ?
Fluidifier le trafic en réorganisant l’espace public et ainsi favoriser l’accès des piétons, cyclistes et transports en commun dans une zone précise, tels sont les principaux objectifs d’une ZTL, soit une Zone à Trafic Limité.
Mais dans quel but ? « Améliorer le cadre de vie et (…) participer à la sauvegarde du patrimoine à travers une diminution du trafic routier dans la zone », peut-on lire dans un rapport de l’ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie).
ZTL : une initiative apparue chez nos voisins italiens
Historiquement instauré en Italie dans les années 1970-1980, ce dispositif a été largement déployé dans le pays. Il faudra attendre 2012 pour que l’initiative soit adoptée en France, à Nantes précisément.
Cinq ans plus tard, la ville de Grenoble a aussi mis en place une ZTL sur les boulevards Rey, Agutte-Sembat et les rues adjacentes, dans le cadre du projet « Cœur de Ville, Cœur de Métropole ».
ZTL : qu’est-ce que c’est et qui peut y circuler ?
Concrètement, qu’est-ce qu’une Zone à Trafic Limité et comment fonctionne-t-elle ? Il s’agit d’une ou plusieurs rues concernées par une restriction de circulation pour certains usagers et qui favorise les mobilités douces. « Ce n’est ni un péage urbain, ni une Zone à Faibles Émissions, ni une zone piétonne, ni une zone de rencontre », souligne l’ADEME. Les caractéristiques – à savoir la superficie de la zone concernée et les modalités de contrôle - varient d’une ville à l’autre. Dans tous les cas, chaque entrée d'une ZTL doit être indiquée par un panneau.
À l’intérieur de cette ZTL, piétons, cyclistes, services de police, taxis, véhicules de secours et transports en commun ont un accès libre. Tous les autres véhicules à moteurs sont interdits sauf pour les ayants-droits munis d’un justificatif ! Il peut s’agir d’un justificatif de domicile pour les habitants concernés, un bon de livraison pour les livreurs, une confirmation de rendez-vous pour les patients, un arrêté municipal pour un déménageur, une attestation employeur...
Ces dérogations peuvent également se présenter sous la forme de vignette ou d’un macaron apposé sur le pare-brise. À ne pas confondre avec la vignette Crit’Air nécessaire dans les Zones à faibles émissions-mobilité !
ZTL : le cas de Rennes
À Rennes, depuis le 13 février 2023, les automobilistes doivent redoubler de vigilance à l’approche des rues du centre-ville. En effet, depuis quelques semaines, ce dernier est délimité par une ZTL, dont l’initiative est née lors d’ateliers réunissant commerçants et riverains : « Nous avons questionné les Rennais sur leurs besoins dans le cadre d’une concertation sur le centre-ville menée en 2018, nous raconte Valérie Faucheux, adjointe aux Mobilités et Déplacements. Ils ont exprimé le souhait d’apaiser la circulation, de végétaliser la ville et d’aménager l’espace public pour mettre en valeur le patrimoine. »
Notre objectif n’est pas d’éliminer la voiture, mais de la remettre à sa juste place.
Valérie Faucheux,
adjointe aux Mobilités et Déplacements à la mairie de Rennes
Cyclistes et piétons prioritaires
Majoritairement présents dans l’analyse des déplacements dans le centre-ville de Rennes selon Valérie Faucheux, les cyclistes et piétons ont désormais la priorité dans cette zone limitée à 20 km/h. « Lors de nos campagnes de comptage, on a recensé 50 % de cyclistes en plus par rapport à l’année 2019. Mais notre centre-ville est contraint puisqu’il est composé de rues anciennes et pavées. De ce fait, on ne peut pas créer de pistes cyclables supplémentaires ou même d’élargissements de trottoirs. Notre objectif n’est pas d’éliminer la voiture, mais de la remettre à sa juste place. » Mais alors, pour quelle raison instaurer une Zone à Trafic Limité à Rennes et non un autre aménagement de l'espace ? « Pour ne pas pénaliser les artisans, les personnes à mobilité réduite et les 18 000 habitants du centre-ville, on a choisi le principe de la ZTL plutôt que la piétonnisation, ajoute l’élue. Piétonniser massivement le centre-ville impliquerait l’installation de bornes pour délimiter la zone et la suppression de toutes les possibilités de stationnement. La ZTL était donc la solution intermédiaire la plus facile et la plus logique. »
© Arnaud Loubry – Rennes Ville & Métropole.
Expérimentée jusqu’à l’été 2023, cette Zone à Trafic Limité pourra ensuite être adaptée selon les retours et besoins des habitants. « L’idée n’est pas de la retirer après l’expérimentation, puisqu'on constate qu’elle est bien assimilée. Mais elle pourra être adaptée en réaménageant certaines rues, certaines places de stationnement ou en ajoutant des ayants-droits. En juin, on établira un premier bilan. »
Bon à savoir
Les contrevenants s’exposent à une amende de 35 euros. À Rennes, les forces de l’ordre devraient cependant faire preuve de pédagogie et ne pas verbaliser durant les premières semaines.
Quelles alternatives pour les automobilistes sans justificatif ?
Les automobilistes qui n’ont pas de justificatif pour circuler librement dans la zone doivent trouver une alternative. À Rennes par exemple, la ville dispose de huit parkings publics en périphérie du centre historique ainsi que des parkings relais situés le long des lignes de métro. « Il est moins cher de se garer dans ces parkings que sur la voirie », assure Valérie Faucheux. Une navette électrique circule depuis le 28 octobre 2022 et relie aussi les principaux lieux du centre historique.
Et pour ceux qui hésitent encore à faire l’acquisition d’un vélo électrique, c'est peut-être la bonne occasion de franchir le pas !