Fin du thermique en 2035 : où en sont vraiment les pays européens ?
L’interdiction de la vente de moteurs thermiques neufs approche, mais tous les pays européens ne sont pas au même stade de préparation. Alors que la Commission européenne pourrait revoir sa copie, une analyse de Roole Data dresse un panorama de l’électrification du marché automobile en Europe. Quels sont les pays qui ont pris de l'avance ? Et ceux qui traînent des roues ? Tour d’horizon.

Alors que la fin des ventes de véhicules thermiques neufs est censée entrer en vigueur en 2035 dans l’Union européenne, le rythme de l’électrification du parc varie fortement d’un pays à l’autre. Une nouvelle analyse de Roole Data révèle l’avancée – à plusieurs vitesses – des différents États membres vers cet objectif commun. Un point de situation crucial, à l’heure où la Commission européenne envisage de revoir les contours (et la date d’entrée en vigueur ?) de cette interdiction qui fait débat au sein de l’Union.
L’Union européenne avance, mais à différentes vitesses
Avec une moyenne de 16,4 % de véhicules électriques dans les ventes de voitures neuves en 2025 (données de janvier à octobre 2025), l’Union européenne affiche une progression certaine, mais loin d’être homogène. Les écarts entre pays sont considérables entre le Danemark, où deux voitures neuves vendues sur trois sont électriques, et la Croatie, qui peine à franchir les 2 %.
Bon à savoir
L’objectif de fin de vente des voitures thermiques à horizon 2035 a été voté en 2022 par le Parlement européen. Il fait partie du plan climatique "Fit for 55", qui vise à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990.
Les pays nordiques et du Benelux en tête
La tête du classement est occupée par des pays à la fois plus petits en taille de marché et plus avancés dans leur transition énergétique :
- Danemark : 66,5 % de ventes électriques
- Finlande, Suède, Pays-Bas : autour de 35 %
Belgique : 33,7 %
Cette dynamique s'explique par un ensemble de facteurs favorables : politiques incitatives stables, infrastructures de recharge denses, fiscalité avantageuse et forte adhésion sociétale à la transition écologique. La croissance du marché en Belgique est particulièrement remarquable : en 2022, la France était au-dessus de son voisin belge, qui a radicalement inversé la tendance entre 2023 et 2025.
Le sud et l’est de l’Europe à la traîne
De l’autre côté du spectre, l’électrification du parc reste marginale dans plusieurs pays du sud et de l’est de l’Europe. En Italie, la part des ventes d'électriques neuves plafonne à 5,2 % ; en Espagne, à 8,5 % ; en Pologne, 6,4 % ; en Roumanie, 5,3 %. Dans ces pays, la faiblesse du réseau de recharge, le pouvoir d’achat limité et la moindre pression réglementaire freinent l’essor de l’électrique.
France et Allemagne : marchés majeurs en progression
En volume de ventes, la France et l’Allemagne restent les deux marchés majeurs de l’UE. En part des ventes d'électriques, les deux pays sont légèrement au-dessus de la moyenne européenne : en France, 18,9 % des voitures neuves vendues en 2025 sont électriques, 18,4 % en Allemagne. La France a même connu une forte accélération à l’automne, avec 24,4 % de parts de marché en octobre, ce qui représente un record historique pour l’Hexagone. Paris a par ailleurs récemment réaffirmé son engagement pour l’objectif 2035, tout en plaidant pour une certaine souplesse afin de préserver l’emploi industriel local.
Mais cette progression pourrait être limitée par l’instabilité de certaines aides publiques dans ces deux pays leaders, en particulier la fin de l’Umweltbonus en Allemagne (équivalent du bonus écologique) et de la prime à la conversion en France.
Les infrastructures : le nerf de la guerre
Parmi les éléments déterminants pour le développement du marché électrique, le déploiement des infrastructures de recharge publiques joue un rôle clé. Sans bornes de recharge accessibles, opérationnelles et bien réparties, difficile d’imaginer une adoption massive du véhicule électrique… L’analyse de Roole Data souligne que les pays les plus avancés sont généralement ceux disposant d’un maillage dense, à quelques exceptions près comme la Finlande, dont le taux d’électrification progresse malgré un réseau limité.



