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Séniors au volant : papi et mamie font de la résistance !

Par Marine Madelmond

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Synonyme d’indépendance, la voiture est essentielle à la vie des Français. C’est même de plus en plus vrai au fur et à mesure que les années passent, rendant la marche et les mobilités douces plus pénibles. Rien d’étonnant à ce que de nombreux seniors retardent le moment de s’installer côté passager. Pour les accompagner au mieux dans leur quotidien d’automobiliste, différentes sortes d’aides à la conduite sont proposées. Découvrez ces initiatives qui, on le promet, ne vous feront pas prendre une ride !

Les seniors au volant

Gare aux idées reçues !

« Papi au volant, danger au tournant » ? Et bien non. Selon le bilan de l’année 2020 publié par la Sécurité Routière, dans 47 % des accidents graves, l’automobiliste présumé responsable a moins de 35 ans. Les plus de 65 ans ne sont pas les plus concernés puisqu’ils ne sont en cause que dans 11 % des cas.

En revanche, les seniors sont plus fragiles et plus à risque d’être blessés ou tués sur les routes. Comme l'indiquent les chiffres de l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière (ONISR), en 2020, pas moins de 500 seniors (70 ans et plus) y ont perdu la vie.

Personnes tuées sur les routes par classe d'âge en 2020

Personnes tuées sur les routes par classe d'âge en 2020 ©ONISR - Sécurité Routière
Personnes tuées sur les routes par classe d'âge en 2020 ©ONISR - Sécurité Routière

Les conséquences du temps qui passe...

Conduire un véhicule en toute sécurité nécessite de bonnes capacités motrices, physiologiques et cognitives. Au fil du temps, les réflexes ne sont plus systématiques. Et les seniors de plus de 65 ans sont davantage susceptibles de présenter des altérations de leurs capacités, comme l’indique le site de la Sécurité Routière :

  • Diminution de l’acuité visuelle ;
  • Baisse de la vision de près et de la vision de loin ;
  • Allongement du temps d’accommodation entre la vision de près et la vision de loin ;
  • Altération de la perception de la luminosité, des contrastes et des couleurs ;
  • Rétrécissement du champ visuel ;
  • Diminution de la résistance à l'éblouissement : le temps de récupération d'un œil ébloui augmente avec l'âge ;
  • Affaiblissement de la qualité de l'audition ;
  • Rétrécissement du champ visuel ;
  • Diminution des réflexes : le temps de réaction est plus long

Mais l’âge est-il le seul facteur à prendre en compte ? La réponse est non, selon Jean-Pierre Aquino, gériatre et membre du conseil médical de l’association Prévention Routière : « L’âge est un mauvais critère de référence pour mesurer l’aptitude à la conduite automobile, affirme-t-il. Ce qui différencie les individus, ce sont leur parcours de santé et les éventuelles maladies associées. Ce sont elles qui vont impacter l’autonomie et la mobilité de l'automobiliste. »

Que faire en cas de doute sur sa conduite ?

Un automobiliste conscient de la diminution de ses capacités peut de lui-même s’auto-évaluer et modifier sa conduite. Dans le cas d'une baisse de la vision, il est conseillé d’éviter de conduire la nuit ou de porter des lunettes spécifiques. Un automobiliste moins à l’aise en raison d’une diminution de ses réflexes peut privilégier des trajets plus courts, se limiter à des déplacements qu’il connaît bien ou encore contourner des zones difficiles. Selon Jean-Pierre Aquino, il est primordial de consulter son médecin traitant en cas de doute : « Il est à même d’aborder ce sujet et de faire un repérage avec son patient. Il est aussi tenu d’alerter sur les effets secondaires de médicaments qui pourraient altérer ses capacités, comme les anxiolytiques, les antidépresseurs ou les neuroleptiques. »

Bon à savoir

Vous pouvez vérifier si votre médicament présente un risque pour votre conduite sur sa boîte. Un pictogramme spécifique indique le niveau de risque (de 1 à 3) du médicament sur la conduite.

Les aides à la conduite

Les seniors qui éprouveraient le besoin d’être accompagnés dans leur conduite ont la possibilité de s’appuyer sur des aides technologiques mais aussi sur des initiatives lancées par des auto-écoles et des associations.

Des dispositifs technologiques adaptés aux besoins

Les dispositifs d’aide à la conduite sont de plus en plus nombreux. Afin de faciliter au maximum le quotidien des automobilistes, les modèles de véhicules récents sont équipés de divers systèmes permettant de prendre le volant en toute sérénité : régulateur de vitesse, limiteur, boîte de vitesses automatique, aide au stationnement, GPS intégré… Beaucoup d’options peuvent être incluses au moment de l’achat ou de la location de la voiture. D’autres dispositifs sont prévus pour alerter des « écarts de conduite », à l’image de l’alerte d’assoupissement, l’alerte de franchissement involontaire de ligne ou encore l’aide au freinage d’urgence et le système anti-blocage des roues (ABS). Enfin, des rétroviseurs supplémentaires peuvent être installés pour assurer une meilleure visibilité.

Attention toutefois à la complexité des nouvelles technologies : « Certes, elles facilitent l’usage de la voiture mais il faut veiller à ce qu'elles ne soient pas trop sophistiquées car l’adaptation peut être difficile pour une personne plus âgée », souligne Jean-Pierre Aquino.

« En préservant la mobilité des seniors, on préserve leur santé. »

Patrick Clemens - ECF

Des formations spécialisées

Pour celles et ceux qui le souhaitent, des ateliers et stages de remise à niveau sont proposés par certaines auto-écoles et établissements spécialisés. L’École de Conduite Française (ECF) recommande une liste de formations partout en France pour les particuliers : « Le senior n’a qu’une seule crainte, c’est qu’on lui enlève son permis, explique Patrick Clemens, chargé du développement national au sein d’ECF. Les personnes âgées ne veulent pas être exposées. Aujourd’hui, on met en place des formations pour appréhender leurs capacités et les effets du vieillissement sur leur conduite. En préservant leur mobilité, on préserve leur santé. »

Pour vous inscrire, plusieurs solutions : directement sur le site Internet d’ECF Prévention, auprès de votre assureur ou de votre commune, qui proposent peut-être cette initiative. N'hésitez pas à vous renseigner ! « Le cas d’un senior qui pousse la porte d’une auto-école est extrêmement rare. En revanche, les inscriptions par le biais d’organismes tiers sont plus fréquentes. Par exemple, pour un de nos assureurs, nous recevons environ 4 000 stagiaires par an. »

L'ECF n'est pas le seul établissement à proposer cette initiative. Mobi Senior, lancée par l'Automobile Club Association permet aussi un accompagnement pour les seniors avec des autotests de capacités disponibles sur leur site Internet mais aussi des ateliers gratuits en visio ou en présentiel.

Des accompagnateurs de confiance

En France, plusieurs associations se mobilisent pour la mobilité des seniors. Parmi elles : AGIRabcd, présidée par Jean-Alain Trimouille, également initiateur de CAR, acronyme de « Conduire l’Automobile du Retraité ». Soucieux d’aider les personnes âgées isolées à préserver leur autonomie, le fondateur a lancé un service permettant de mettre en relation des retraités disponibles et aptes à la conduite, surnommés « les pilotes », et des seniors dans l’incapacité de prendre le volant : « Quand on ne peut plus faire le ménage, on prend une aide-ménagère, quand on ne peut plus jardiner, on embauche un jardinier, alors pour la conduite, c’est pareil. Il faut trouver un chauffeur », explique-t-il.

Les personnes âgées qui le souhaitent et qui sont toujours en possession d’une voiture peuvent faire appel à ces retraités pilotes : le propriétaire du véhicule devra payer l’assurance, le carburant lors des déplacements mais aussi rémunérer le chauffeur par le biais du système de Chèque Emploi Service Universel (CESU) sur la base du SMIC horaire en vigueur.

Aujourd’hui, 29 départements en France ont suivi le mouvement CAR et l’association continue de tout mettre en œuvre pour faciliter les déplacements des personnes âgées avec le lancement de CONSOL, une initiative d’aide à la mobilité pour les seniors qui ne possèdent plus de véhicule.

« L’âge au volant est un sujet tabou. »

Gilles Renard - Signal Senior

Un disque magnétique en prévention

À l’image d’un autocollant ou disque magnétique « A jeune conducteur » apposé sur la carrosserie arrière d’un véhicule, le macaron imaginé par Gilles Renard, Président de l’Association Signal Senior, est destiné aux automobilistes plus âgés désireux d’être identifiables par les autres conducteurs : « L’âge au volant est un sujet tabou, nous explique-t-il. Alors on a décidé de proposer quelque chose de simple, rapide et pas cher. Même si cette solution n’est pas un miracle, elle permet de rassurer l’automobiliste concerné mais aussi la famille préoccupée. »

Selon Gilles Renard, depuis sa création en 2015, les ventes « se comptent en dizaines de milliers » et continuent de croître. Vendu au prix de 4 euros, l’autocollant se présente sous la forme d’un disque blanc sur lequel est apposé un « S » rouge accompagné de la mention « Votre aîné au volant ».

Le disque préventif Signal Senior ©SignalSenior
Le disque préventif Signal Senior ©SignalSenior

Qu’en est-il de l’examen médical imposé ?

En France, à partir de 18 ans, tout automobiliste en bonne santé, titulaire d’un permis de conduire valide, est libre de conduire. Aucune visite médicale n’est imposée par la suite, comme c’est le cas dans certains pays européens (lire plus bas). Selon une enquête de novembre 2021 réalisée par Dekra pour la radio RTL, 75 % des Français sont favorables à un examen médical pour les conducteurs de plus de 65 ans. Mais les principaux concernés sont plus réservés : seuls 58 % d’entre eux envisagent ce rendez-vous chez le médecin et 60 % s’opposent à un stage de conduite obligatoire.

En revanche, les automobilistes souffrant de certains problèmes de santé (épilepsie, diabète, déficience visuelle, troubles cardiaques...) qui pourraient impacter leur capacité à conduire se voient imposer une visite médicale, périodique ou ponctuelle. Tout comme les détenteurs d’un permis de conduire professionnel qui sont soumis à une visite médicale pour son obtention et son renouvellement.

Coup de projecteur en Europe :

  • Espagne : examen médical tous les dix ans de 18 à 65 ans puis tous les cinq ans
  • Italie : examen médical tous les cinq ans de 50 ans à 70 ans, puis tous les trois ans
  • Angleterre : auto-évaluation sous forme de questionnaire à partir de 70 ans
  • Pays-Bas : examen médical à partir de 75 ans puis tous les cinq ans
  • Portugal : examen médical à 40, 50, 65 ans puis tous les deux ans à partir de 75 ans

En action

- Trouver sa formation de remise à niveau avec l’École de Conduite Française.

- Pour faire appel à un chauffeur via CAR, téléphonez au 05 53 96 97 98 ou connectez-vous sur www.car47.fr.