Visite médicale, aides à la conduite et nouvelles réglementations... Qu’en pensent vraiment les seniors ?

Selon une récente étude Ipsos pour la Fondation Vinci Autoroutes, 91 % des 65 ans et plus estiment que la conduite leur est indispensable. Pourtant, entre l’évolution du réseau routier et l’adaptation aux nouvelles réglementations, ils doivent ajuster leurs habitudes pour continuer à rouler en toute sécurité.

Avec l’apparition de nouveaux panneaux et aménagements routiers ces dernières années, nos aînés peuvent parfois se sentir déstabilisés. « J’ai une bonne vision et de bons réflexes, mais j’ai choisi volontairement de conduire moins souvent à cause des changements sur la route », témoigne un visiteur du Salon des Seniors dans notre micro-trottoir. « Ça fait deux fois que je me fais surprendre par un vélo qui arrive dans un rond-point à contresens », regrette aussi une autre conductrice.

Pour prendre en compte les transformations du réseau routier et la présence de nouveaux usagers comme les vélos et les trottinettes, de nombreux seniors modifient leurs habitudes de conduite. Les résultats de l’enquête en attestent : 81 % des répondants déclarent rouler moins vite, 78 % évitent de conduire la nuit et 60 % préfèrent adapter leur itinéraire pour éviter des situations stressantes.

Les constructeurs automobiles intègrent davantage de dispositifs d’aides à la conduite, conçus pour assister tous les automobilistes et compenser d’éventuelles fragilités liées à l’âge. Parmi les dispositifs les plus utiles, on retrouve le freinage automatique d’urgence, l’alerte de franchissement de ligne – idéale pour éviter les écarts involontaires –, les caméras de recul et capteurs d’angle mort. « J’ai une caméra de recul, je trouve ça formidable, confie une automobiliste. En avançant en âge, il y a quand même des douleurs d’arthrose et le fait de tourner la tête, ça devenait compliqué. »

Mais encore faut-il que ces technologies soient bien comprises pour être efficaces. Si certains seniors interrogés semblent conquis par ces systèmes d’aides à la conduite, d’autres assurent ne pas avoir été assez accompagnés. « Pour moi il y en a trop, déplore un visiteur. Je vais m’y habituer tout doucement, il faut qu’on me montre comment ça marche. »

Chaque accident impliquant un senior relance le débat : faut-il instaurer une visite médicale obligatoire après un certain âge ? Plusieurs pays européens, comme le Portugal, l’Espagne et l’Italie, imposent des évaluations médicales après un certain âge. En France, cette obligation n’existe pas, mais le sujet est régulièrement mis sur le tapis. Au niveau européen, les députés avaient voté en février 2024 en faveur d’une révision des règles du permis de conduire. Le texte, porté par l’eurodéputée Karima Delli, encourageait les États membres à instaurer des visites médicales pour les automobilistes. Toutefois, la mesure visant à rendre cet examen obligatoire tous les 15 ans n’a pas été retenue en France.

Mais qu’en pensent vraiment les principaux intéressés ? Les avis sont partagés. Selon l’enquête Ipsos, 51 % des Français sont défavorables à un contrôle médical pouvant déboucher sur une interdiction de conduire. Parmi les 49 % restants, 33 % sont d’accord pour en bénéficier et 16 % ne s’y opposent pas… à condition que cela ne les concerne pas.

Au Salon des Seniors, même constat. Les seniors sont divisés mais loin d’être tous réfractaires : « Je pense que ce serait plus sécurisant pour moi et pour les autres », affirme une conductrice. « Il ne faut pas attendre un accident mais tout le monde n’est pas raisonnable », ajoute une autre.

Certaines auto-écoles et associations proposent des stages de remise à niveau pour les seniors. Un premier pas vers une mobilité plus sécurisée qui intéresserait 42 % des interrogés de l’enquête Ipsos. « Le senior n’a qu’une seule crainte, c’est qu’on lui enlève son permis, nous expliquait Patrick Clemens, chargé du développement national au sein d’ECF* en 2022. On met en place des formations pour appréhender leurs capacités et les effets du vieillissement sur leur conduite. » Et si, plutôt que de les sanctionner, on aidait les seniors à adapter leur mobilité ? En parallèle de formations et remises à niveau, les collectivités locales se mobilisent pour offrir des alternatives, comme la mise en place de plateformes de covoiturage adaptées aux seniors ou des services de transport à la demande.

L’enjeu est donc d’accompagner les seniors vers une mobilité plus sereine et adaptée... Car préserver leur autonomie, c’est aussi préserver leur qualité de vie.

ECF* - École de Conduite Française