Eté/hiver ou 4 saisons : quels pneus choisir ?
Il y a quelques années, seuls les pneus hiver permettaient d’affronter les conditions hivernales en toute sécurité. Mais aujourd’hui, avec le développement des pneus dits « 4 saisons », ces pneus hybrides censés passer partout, la question se pose. Est-il préférable de conserver des pneumatiques été et hiver ? Ou vaut-il mieux adopter le pneu 4 saisons et échapper ainsi à une fastidieuse permutation deux fois par an ? Nous avons posé la question, et bien d’autres, à Dominique Stempfel, président du Syndicat du pneu.
Que dit précisément la loi en matière de pneumatiques ?
Dominique Stempfel : La loi impose de monter sur son véhicule des pneumatiques dont la dimension, l’indice de charge et le symbole de vitesse correspondent à l’homologation effectuée par le constructeur. Pour éventuellement changer de dimension, il faut se référer à un tableau d’équivalences dimensionnelles, homologuées par le ministère des Transports, qui fait foi auprès du contrôle technique, mais les indices de charge et le symbole de vitesse doivent être respectés. L’autre point important concerne l’usure des pneumatiques. Ils doivent avoir une profondeur de creux de 1,6 mm minimum et doivent être en bon état (dépourvus de coupures ou de boursoufflures). Le non-respect de ce dernier point pouvant entraîner une contre-visite lors du contrôle technique voire, dans le cas d’une défaillance critique, entraîner l’immobilisation immédiate du véhicule.
A quoi reconnait-on un pneu été, un pneu hiver et un pneu 4 saisons ?
D. S. : Un pneumatique été se distingue par ses grandes bandes de roulement avec peu de lamelles transversales (elles sont au nombre de 200 environ). A l’inverse, les pneus hiver sont très découpés et disposent d’un nombre important de lamelles (2000). Entre les deux, on a les pneumatiques dits “4 saisons“, “toutes saisons“ ou “all weather“, apparus il y a 5 ans, qui sont un compromis technique entre pneus hiver et pneus été et qui disposent d’environ 500 lamelles.
Quelle particularité pour chacun ?
D. S. : Le pneu été est peu bruyant et il revendique une faible résistance au roulement. Ce qui permet de réduire la consommation et les émissions de CO2 du véhicule. A l’inverse, en deçà de + 7°, la gomme d’un pneu été a tendance à durcir et donc à perdre de l’adhérence… au contraire de celle d’un pneu hiver qui conserve toutes ses capacités, même par temps froid.
A quel moment de l’année est-il recommandé de changer de monte pneumatique ?
D. S. : Autrefois, l’adage disait “heure d’hiver, pneus hiver“. Désormais, c’est la loi qui impose de changer de pneus, dans certaines régions, entre le 1er novembre et le 31 mars.
Et si on parle usure, comment savoir si un pneu doit être remplacé ?
D. S. : Pour le savoir, il faut contrôler la profondeur de ses sculptures. Pour un pneu été, celle-ci ne doit pas descendre sous les 1,6 mm. C’est une question de législation et de sécurité. Quand un pneu est trop usé, le risque d’aquaplaning et d’accident est avéré. C’est la même chose pour un pneu hiver, à la différence près que cette profondeur doit être comprise entre 3 mm et 4,5 mm pour que le pneu conserve toute son efficacité. Enfin, quelle que soit son usure, un pneu doit être changé après 6 à 10 ans d’utilisation.
Faut-il changer un, deux ou les 4 pneus ?
D. S. : La législation impose d’avoir deux pneus de même marque et de même type sur chaque essieu. Ce qui signifie que l’on peut changer les pneus deux par deux… en installant toujours les pneus neufs à l’arrière car, en cas de perte d’adhérence du véhicule, le plus important est d’avoir l’adhérence maximale à l’arrière pour éviter le tête-à-queue. Il est possible de ne changer qu’un seul pneu si l’autre pneu du même essieu est neuf, ou quasiment neuf, la différence de profondeur des sculptures entre les deux pneus ne devant pas excéder 5 mm. Retenez, cependant, qu’il est préférable de remplacer les quatre pneus en une seule fois afin d’avoir un équipement homogène, garant d’un comportement optimal du véhicule.
Et quid du kilométrage ?
D. S. : Cela dépend du pneumatique, du véhicule, de la manière dont il est conduit… bref, il n’y a pas de règle en matière de kilométrage. On sait, par exemple, qu’un taxi roulant en véhicule hybride en ville peut largement faire plus de 100 000 kilomètres avec un train tandis que celui qui emprunte des routes de Corse à vive allure peut “cramer“ ses pneus en 10 000 kilomètres. Il faut aussi savoir qu’en bord de mer, un pneu vieillit plus vite qu’ailleurs.
Comment peut-on connaître l’âge d’un pneu ?
D. S. : Il suffit de se reporter au code DOT figurant sur le flanc du pneu : ce sont 4 chiffres qui indiquent la semaine et l’année de fabrication. Par exemple, l’inscription « DOT 4220 » signifie que le pneu a été produit durant la 42ème semaine (octobre) de l’année 2020.
Quels sont les critères déterminants dans le choix des pneumatiques ?
D. S. : Cela dépend de la zone dans laquelle on réside. Quand on vit au bord de la mer ou sous un climat clément, le pneu été convient parfaitement. Si on vit en zone montagneuse où les chutes de neige sont importantes et fréquentes, il faut absolument privilégier un pneu hiver. Et entre les deux, il peut être judicieux d’opter pour des pneus “4 saisons“, qu’on appelle aussi pneus « toutes saisons ». Idem si on sait qu’on aura à traverser, de temps à autres, des zones enneigées.
Il y a donc aujourd’hui une logique à privilégier le pneu “quatre saisons“ ?
D. S. : Absolument. Aujourd’hui, lorsqu’on change les pneumatiques* de son véhicule, opter pour des pneus “quatre saisons“ peut être un bon compromis, sauf si on a un véhicule très performant ou si on est un conducteur très exigeant. A la conduite, un automobiliste lambda qui conduit dans des conditions “normales“, ne fera pas la différence entre un pneu été et un pneu 4 saisons… que ce soit en termes de consommation, de confort, de niveau sonore ou de longévité. Mais j’insiste, les habitants des zones de montagne où le niveau d’enneigement est souvent important ont intérêt à opter pour les pneus hiver qui optimisent la sécurité et la motricité dans des conditions climatiques difficiles.
Les pneus ont-ils beaucoup évolué ces dernières décennies ?
D. S. : Autrefois, les pneus étaient fabriqués à la main. D’où l’appellation « manufacturier », qui n’a plus lieu d’être aujourd’hui puisque ce sont des robots à la précision extrême qui s’en chargent. Un pneu est en fait un assemblage de gommes différentes qui ont chacune leur fonction. La gomme de la bande de roulement doit adhérer et résister à l’usure. Celle des flancs doit être capable d’encaisser des millions de compressions et des chocs importants. D’autres types de gomme assurent l’étanchéité du pneu afin que l’air sous pression ne s’en échappe pas. Les pneus haut de gamme peuvent compter 13 gommes différentes et plus de 200 composants entrent dans leur fabrication. On a l’impression qu’un pneu est un objet banal mais en réalité, un pneu moderne est une prouesse technologique**.
*Par défaut, les pneus d’une voiture neuve ou achetée en concession sont des pneus été.
**On impose beaucoup de contraintes à un pneu : transmettre les efforts d’accélération et de freinage, diriger le véhicule, absorber des chocs, amortir les aspérités de la route, évacuer l’eau, adhérer sur sol glissant, être silencieux, résister à l’usure…. Avec le meilleur rapport performances-prix possible.