Pourquoi est-on malade en voiture ? Le mystère du mal des transports expliqué par un médecin

Un trajet en voiture, même de quelques kilomètres, peut vite devenir une épreuve pour celui qui souffre du mal des transports. Cet inconfort en voiture touche de nombreux passagers, enfants comme adultes. Pourquoi certaines personnes y sont-elles plus sensibles que d’autres ? Est-ce qu’on peut vraiment l’éviter ? On fait le point avec un spécialiste ORL.

Marine Madelmond
Une femme est en train de vomir côté passager.
Certaines personnes sont naturellement plus sensibles au mal des transports. ©iStock

Nausées, vertiges, sueurs froides... Les trajets peuvent être un véritable calvaire pour certaines personnes. En cause, le mal des transports, aussi appelé cinétose, qui peut toucher n'importe qui. Il peut survenir lors d'un voyage en mer, à bord d'un avion, dans un train ou lors d'un trajet en voiture. Bien qu'il soit fréquent et bénin, ce trouble est très handicapant. Mais comment l'expliquer ? Voici ce qui se joue dans notre organisme quand l’envie de vomir nous prend sur la route.

Un conflit entre les yeux, les muscles et l'oreille interne

Notre équilibre repose sur trois types de capteurs, situés dans l’oreille interne (le vestibule), dans les yeux et dans les muscles et articulations. Ensemble, ils informent le cerveau sur notre position et nos mouvements dans l’espace. « Lorsqu’on tourne la tête à gauche, les yeux, les muscles du cou et l’oreille interne doivent envoyer au cerveau des messages concordants, explique le Docteur Nouwen, spécialiste ORL. Si ces signaux se contredisent, le cerveau est perdu. C’est ce qui provoque les symptômes du mal des transports. »

Ainsi, un passager qui lit en voiture ou regarde son téléphone envoie à son cerveau une information visuelle de stabilité (le livre ou le téléphone ne bouge pas), alors que l’oreille interne et les muscles perçoivent les virages. C'est cette discordance qui crée le malaise.

Pourquoi le conducteur est rarement malade ?

À la différence des passagers, le conducteur est concentré sur la trajectoire du véhicule. « Le conducteur regarde constamment la route. Son champ visuel, son oreille interne et ses muscles lui envoient des signaux cohérents. Résultat : pas de conflit sensoriel, donc pas de nausées », poursuit Johan Nouwen. C’est aussi pour cette raison que regarder le paysage en tant que passager peut aider à limiter les symptômes.

Pas de profil type, mais des cerveaux plus sensibles

Contrairement aux idées reçues, il n’existe pas de profil prédisposé au mal des transports. Cependant, certains cerveaux donnent plus d’importance à la vue qu’au reste, et ont donc plus de difficultés à hiérarchiser les informations. Les enfants sont particulièrement touchés car leur système vestibulaire n’est pas encore mature : « Leur cerveau n’a pas encore appris à privilégier les informations provenant de l’oreille interne lorsque celles-ci contredisent celles perçues par les yeux. » En général, les malaises liés au mal des transports diminuent vers l'âge de 12 ans.

Chez l’adulte, la fatigue, le stress ou l’anxiété peuvent aussi amplifier les symptômes. Une appréhension du voyage peut renforcer le malaise, voire installer une angoisse récurrente des trajets en voiture.

Des conseils naturo pour vous sentir bien sur la route ! <strong>©Roole</strong>

Mal des transports : que faire pour l'éviter ?

Quelques réflexes simples permettent d’anticiper ou de limiter le mal des transports en voiture :

  • S’asseoir à l’avant du véhicule ou au centre à l’arrière, là où les mouvements sont moins perceptibles ;
  • Regarder la route au loin ;
  • Éviter de lire ou regarder un écran ;
  • Éviter les repas lourds avant le départ ;
  • Aérer régulièrement l’habitacle ;
  • Prendre des pauses fréquentes, notamment sur les longs trajets ;
  • Éviter les odeurs fortes (parfums, nourriture, essence...).

Des traitements naturels, comme le gingembre ou les huiles essentielles, peuvent aussi aider certaines personnes.

Le conseil du Docteur Nouwen

Fermer les yeux dès le départ, avant même de démarrer, permet de supprimer les signaux visuels contradictoires. Selon le Dr Nouwen, cela peut suffire à éviter le mal des transports chez les personnes sensibles.

La rééducation vestibulaire : une solution efficace sur le long terme

Pour les cas chroniques, la rééducation peut aider. Elle consiste à habituer progressivement le cerveau à gérer des signaux contradictoires. « On place le patient sur une chaise immobile dans une pièce noire avec des lumières en mouvement autour. L’oreille interne dit : “je suis stable”, les yeux disent : “je bouge”. » Pratiquée pendant plusieurs séances, cette stimulation permet au cerveau d’apprendre à hiérarchiser correctement les signaux : d’abord ceux de l’oreille interne, ensuite ceux des yeux et des muscles. À terme, cette méthodepeut aboutir à une guérison complète.

Des lunettes anti-mal des transports

Parmi les innovations françaises contre le mal des transports, les lunettes Boarding Ring se distinguent. Conçues par une entreprise varoise spécialisée dans la prévention de la cinétose, ces lunettes au design surprenant - il ne faut pas avoir peur d'attirer les regards ! - sont dotées de cercles remplis de liquide coloré. Lorsque le véhicule bouge, le liquide simule l’horizon et restaure la cohérence entre les informations perçues par les yeux et celles enregistrées par l’oreille interne. Une alternative validée par le spécialiste ORL pour un usage occasionnel. « C'est un bon palliatif, à condition d’assumer le port de ces lunettes et de ne pas avoir besoin de correction. La rééducation est quand même préconisée pour guérir complètement, sur le long terme. »

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