Théo Curin, nageur paralympique, nous parle mobilité et liberté

Nageur paralympique, acteur et mannequin, Théo Curin est un jeune homme follement occupé et terriblement attachant. Epris de liberté, il est très attaché à sa mobilité. C’est ce qu’il nous explique en nous présentant son véhicule, spécialement adapté à son handicap, qu’il conduit en parfaite autonomie et selon ses envies.

Lionel Robert

« Mon rapport à l’automobile, je le situe à mi-chemin entre la passion et la raison. Je dirais que c’est un simple moyen de transport qui me passionne ». Dans un grand sourire, Théo Curin livre sa première confession, celle d’un athlète quadri-amputé qui n’aspire qu’à se mouvoir quel que soit l’élément ou les conditions météorologiques. A 22 ans seulement, le natif de Lunéville revendique un palmarès sportif époustouflant, relevant chaque nouveau défi avec un immense appétit. Plus modeste, le prochain consiste à prendre le volant de la nouvelle voiture que son partenaire automobile lui a fait préparer. « Pouvoir se déplacer seul, pour moi, ça n’a pas de prix », confie-t-il. Depuis qu’il est majeur, Théo a fait de l’obtention du permis de conduire une priorité… comme n'importe quel garçon de son âge, finalement.

Acheter sa voiture avant d’apprendre à la conduire

Son apprentissage, il l’a effectué dans une auto-école « comme les autres », dont les formateurs ont su s’adapter aux besoins de ce client un peu particulier. Le seul préalable était l’achat d’un véhicule et son adaptation au handicap de son utilisateur car Théo ne pouvait se présenter à l’examen que dans sa propre voiture. « Cela oblige, d’emblée, à un lourd investissement, avoue-t-il. Mais je n’avais pas le choix ». La suite de la formation fut une simple formalité, achevée par un petit défi lancé à son moniteur : prendre le volant de cette automobile un peu spéciale. La suite, c’est Théo qui nous la raconte avec un brin de malice : « Je lui ai fait conduire dans les allées du CREPS de Vichy où j’ai passé sept ans de ma vie. Quand il a utilisé pour la première fois l’accélérateur avec sa main droite, il m’a fait un peu peur… ».

La route, une aventure ouverte à tous

Depuis ce sésame obtenu en 2018, Théo roule souvent seul, avec pour unique contrainte de trouver une station-service où l’on peut payer en boutique… car extraire sa carte bancaire de la fente des pompes automatiques est une des rares actions qu’il n’est pas capable d’accomplir. Introduire le pistolet dans la trappe à carburant, en revanche, ne lui pose pas de problème, de même que franchir les barrières de péage grâce au badge fixé sur son pare-brise. Même le stationnement n’est pas un souci en soi : « Avec mon macaron, je me gare sur les places 'handicapés'. Ça me rend la vie plus simple pour aller au supermarché. En revanche, je constate qu’avec la disparition des places de stationnement dans Paris, celles réservées aux handicapés se font de plus en plus rares également. Du coup, circuler dans la Capitale devient un enfer pour nous, aussi ».

« Quelle que soit la nature du handicap, la technologie permet aujourd’hui à tout un chacun de conduire… à condition de pouvoir y mettre le prix ! »

Théo Curin

L’adaptation du véhicule : un coût souvent rédhibitoire

Récemment nommé ambassadeur de la marque Cupra, Théo vient de prendre possession d’un SUV Formentor, adapté à son handicap par la société K Automobilité, spécialisée en aménagements d'automobiles pour Personnes à Mobilité Réduite. Une vraie opportunité quand on connaît le prix de ces « transformations » : « Sur cette voiture, un bras articulé a été installé. Il est relié mécaniquement aux freins et électriquement à l’accélérateur. En posant mon bras dans l’emboiture, je peux accélérer en baissant la tige et freiner en la poussant. Enfin, je gère la direction avec mon bras gauche que je glisse dans un trou du volant. Il s’agit d’une adaptation relativement simple qui coûte environ 3 000 €. On peut donc dire que j’ai de la chance » conclut-il, plein d’humour et de détachement. Effectivement, certains handicaps plus lourds exigent l’installation d’un joystick capable de prendre en charge l’intégralité des fonctions du véhicule. La note peut alors allègrement dépasser les 100 000 €… une entrave de plus pour les personnes en situation de handicap. Et Théo de conclure : « Pour nous tous, aller au boulot ou faire ses courses, seul, c’est primordial. L’autonomie, c’est la chose la plus importante ».

Le dernier défi de Théo Curin

Mardi 15 novembre 2022, un an après la traversée à la nage du lac Titicaca, Théo Curin est devenu le premier athlète handisport à finir la Santa Fe-Coronda en Argentine. Il a mis en 8 heures 52 pour réaliser ce marathon aquatique de 57 kilomètres, considéré comme la course de natation en eau libre la plus dure du monde.