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Voitures de collection : les youngtimers ont la cote

Par Lionel Robert

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Avec l’avènement de la voiture électrique, la cote de nos anciens véhicules thermiques a tendance à grimper. Dans ce contexte, à défaut de pouvoir s’offrir une ancienne prestigieuse, il peut être judicieux de conserver un vieux véhicule familial ou de placer quelques économies dans l’achat d’une « youngtimer », ces voitures des années 1980-2000 encore accessibles. Mais quels modèles et comment s’y prendre ? Nous avons demandé à un expert.

Avant de se lancer, il faut d’abord savoir identifier les modèles les plus pertinents à posséder avec l’espoir de voir leur cote grimper. « Ce qui intéresse le plus les collectionneurs, ce sont les coupés et les cabriolets, confie Antoine Buchard, qui dirige la filiale suisse de Carsup, une start-up française spécialisée dans la conciergerie automobile. Mais les choses évoluent. Certaines berlines comme la BMW Série 5 et même des breaks comme la Volvo 850 commencent à être très recherchés ». Historiquement, la période la plus courue demeure les années 1960-1970, considérée par les passionnés comme l’âge d’or de l’automobile. Elle concentre la majorité des modèles de voitures de collection que tout un chacun rêverait de contempler dans son garage. Qui n’aimerait pas circuler au son d’un gros V8 ou d’un ténébreux "six en ligne" ? Le problème, c’est que ces belles autos deviennent de plus en plus inaccessibles pour le grand public. Prévoyez au minimum 50000 euros pour l’achat d’un tel objet en bon état.

« Rattraper la course des youngtimers »

Investir une telle somme dans une voiture "plaisir" n’est évidemment pas à la portée de toutes les bourses. Doit-on alors renoncer à assouvir ce désir un brin égoïste et se contenter de rêver en parcourant de beaux ouvrages ? « Non, insiste Antoine Buchard. Il est encore temps de rattraper la course des youngtimers. Certes, certaines ont déjà vu leur prix enfler, mais d’autres restent encore très abordables ». Quand on pense youngtimers, on pense d’emblée à la Peugeot 205 GTi, un mythe aux yeux des quinquagénaires, et à un degré moindre, à la Renault Clio Williams et ses fameuses jantes dorées. Mais ces deux icônes se négocient aujourd’hui à prix d’or (à partir de 25000 € pour la Peugeot, jusqu’à 40000 € pour la Renault)… sans parler de la R5 GT Turbo, devenue objet culte après avoir été tant décriée pour son comportement un brin caractériel.

Dans ce contexte, mieux vaut se tourner vers des modèles moins médiatisés ou plus modestes, dont le ticket d’entrée tourne autour de 15000 €. Le marché de l’occasion fourmille d’automobiles appelées à passer à la postérité quand ce n’est pas déjà fait. La liste est longue et correspond à tous les goûts et à tous les usages. Parmi les youngtimers encore abordables, on peut citer en vrac la Toyota Rav4 première génération, adulée par la gent féminine, la Volkswagen Golf GTi qui a initié le concept, ou son pendant le coupé Corrado, les premières Honda Civic ou le coupé CRX, les Opel Calibra et Speedster, les Alfa GTV et Brera, disponibles en coupé comme en spider, la Fiat Barchetta, les futures youngtimers Audi A1 et BMW Série 1, sans oublier quelques françaises au caractère bien trempé comme la Peugeot 106 Rallye ou la Citroën AX Sport.

Youngtimer, kesako ?

Mot à mot, comprenez “jeunes anciennes“. Dans les faits, il s’agit d’automobiles apparues au début des années 1980, qui ont connu un certain succès durant leur carrière commerciale et dont leurs anciens propriétaires, pris de nostalgie, se plaisent à ressusciter d’inoubliables souvenirs à leur volant. Cela dit, il n’est pas obligatoire d’avoir roulé en Peugeot 205 GTi, Renault Clio Williams ou Citroën AX Sport durant ses jeunes années pour avoir le droit d’en acheter une. Le plus compliqué désormais est de mettre la main sur un exemplaire en bon état pour un prix correct.

La surprise Twingo

Pour autant, le marché de la collection recèle toujours de bonnes surprises et la vérité d’aujourd’hui n’est pas toujours celle de demain. Il n’est donc pas rare que des voitures autrefois dénigrées, voire moquées, passent à la postérité au point de devenir des objets tendance. À ce titre, la Renault Twingo a valeur d’exemple. Si la première génération (1992-2007) a marqué son temps, sa rusticité avait fini par lasser au point de voir sa cote flirter avec le zéro pointé. Mais au détour de quelques apparitions à la télé ou au cinéma, du retour en force de la mode des années 1990 et… de son look à nul autre pareil, la Twingo 1 de Renault est en passe de recouvrer la popularité qui fut la sienne à son lancement.

Si vous avez une Twingo bleu layette dans votre garage, ne l’emmenez surtout pas chez votre concessionnaire pour toucher une prime à la casse, conservez-la précieusement.

Antoine Buchard,
directeur de Carsup Suisse

S’il serait prématuré de parler d’hystérie collective à son propos, il n’empêche, un bel exemplaire avec une courroie de distribution refaite et moins de 100 000 kilomètres au compteur se négocie à présent autour de 5000 euros. Pour peu qu’il s’agisse d’une version plus chic (Initiale) ou plus rare (Génération Jade), il y a même matière à spéculer. « Si vous avez une Twingo bleu layette dans votre garage, s’amuse Antoine Buchard, ne l’emmenez surtout pas chez votre concessionnaire pour toucher une prime à la casse. Conservez-la précieusement. C’est une couleur très recherchée et il y a fort à parier que sa cote atteigne les 10 000 € dans un avenir proche ». 500 000 Twingo seraient encore en circulation dans notre pays. De quoi permettre à chaque collectionneur de trouver la perle rare.

Le secret ? Bien acheter !

La réflexion vaut bien sûr pour bon nombre de modèles de la fin des années 1990 et du début 2000, dès l’instant qu’elles ont rencontré un franc succès commercial et qu’elles se présentent dans un état concours… Quelle que soit l’automobile convoitée, le collectionneur débutant doit cependant garder à l’esprit que l’essentiel est de bien acheter. Si l’idée est de gagner un peu d’argent en revendant ultérieurement, il est capital d’acheter à la cote du moment (gare à ne pas surpayer une auto sur un coup de cœur !). L'auto doit aussi être dans un état qui ne nécessite pas de gros frais et l’entretien courant doit demeurer raisonnable. « Dans ces conditions, juge Antoine Buchard, on peut espérer une rentabilité à court terme. Disons : moins de trois ans. En revanche, si vous avez fait l’acquisition d’un modèle sur lequel s’impose un travail de restauration complet, c’est une autre histoire… ». On part alors sur plusieurs mois, voire plusieurs années. La rentabilité d’un tel achat ne s’envisage qu’à long terme - pas avant dix ans - et à la condition expresse d’avoir opté pour le bon cheval. Comprenez une version dont le renchérissement ne fait pas de doute. « Penser qu’on va revendre sa voiture de collection le prix qu’on l’a payé, augmenté des frais de restauration et d’une marge de 5000 euros, est une grave erreur. Ça ne marche pas comme ça », conclut notre expert.

Comment bien acheter ?

"Le secret, c'est de bien acheter". Facile à dire, mais pour un primo-accédant, le marché de la voiture de collection ressemble à une immense nébuleuse dans laquelle on se perd aisément et on se fait avoir encore plus facilement. La première question à se poser, c’est : “Où puis-je trouver la voiture qui me fait rêver à la vente ?“ Sûrement pas à tous les coins de rue. Pour la trouver, il faut s’intéresser au marché du modèle espéré, en parler avec les bonnes personnes, celles qui sont bien informées mais qui n’ont rien à vous vendre, faire appel au bouche-à-oreille également…

Avec les voitures de collection, 30% des pannes surviennent dans les six mois après l’achat.

Antoine Buchard,
directeur de Carsup Suisse

Lorsqu’on a enfin repéré la perle rare, ne jamais se contenter de photos, mais demander à voir le véhicule de près, à questionner son propriétaire, à connaître son historique et à privilégier, autant que faire se peut, une voiture roulante et en bon état plutôt qu'une épave soldée. Mais il peut aussi être judicieux de faire appel à une société dont c’est la spécialité comme Carsup, par exemple : « À partir d’un cahier des charges précis, établi par le client, nous sommes en mesure de lui adresser des offres que nous lui garantissons (12 mois, extensible à 24 mois, ndlr). Avec les voitures de collection, 30% des pannes surviennent dans les six mois après l’achat. D’où l’importance de pouvoir compter sur la garantie d’un professionnel. Après accord du client, nous pouvons aller visiter le véhicule, l’acheter en son nom et s’occuper, à sa place, de toutes les démarches administratives liées au changement de propriétaire et à l’immatriculation de l’auto. De sorte que, pour le client, l’achat d’une automobile de collection ne soit que du plaisir… », précise notre expert.

Gare aux ventes aux enchères

Elles font régulièrement tourner les têtes des acheteurs impénitents… il faut cependant apprendre à s’en méfier. Les ventes aux enchères peuvent sembler intéressantes avec leurs prix d’appel alléchants. Mais les acheteurs en oublient souvent de comptabiliser les frais à verser à la maison de ventes (autour de 30%) et surtout, l’absence totale de garantie sur le bien acquis. En clair, si le splendide cabriolet que vous venez de payer 30 000 € ne démarre pas, c’est pour votre pomme…

Photo en tête d'article : une Alfa GTV