Un permis pour une nouvelle vie : une auto-école solidaire dans le Val-de-Marne accompagne des femmes isolées
À Bonneuil-sur-Marne en région parisienne, l’initiative « Women Permis », portée par une auto-école solidaire locale, aide des femmes à retrouver leur indépendance grâce au permis de conduire. Nous avons rencontré des conductrices qui ont bénéficié de leur formation à la conduite à moindre coût... et de bien plus encore !
Nous sommes à Bonneuil-sur-Marne, dans le Val de Marne. Pour la première fois de sa vie, Oumou, 49 ans, prend place derrière un volant. Accompagnée par une enseignante de la conduite de l’auto-école sociale et solidaire Génération Sécurité Routière (GSR), cette mère de famille aspire à retrouver son autonomie. « C’est important pour moi de conduire. Mes enfants, j'ai payé leur permis et parfois ils n’ont pas le temps de m’emmener partout où j’ai besoin », nous confie-t-elle. Et elle n'a pas choisi cette auto-école au hasard : GSR propose une formation spécifiquement dédiée aux femmes isolées et en situation de précarité, baptisée Women Permis. L'objectif : lever les obstacles sociaux, culturels et économiques qui limitent souvent leur mobilité ainsi que leur accès à l’emploi et à l’éducation.
Au-delà de l’enseignement, un véritable accompagnement pour les femmes
Fondée en 2021, l’auto-école GSR s’engage à accompagner des publics en situation de précarité, n’ayant pas les moyens de financer leur permis de conduire. Elle s’adresse notamment aux personnes en recherche d’emploi, aux jeunes en décrochage scolaire, aux inscrits à la mission locale ou à France Travail, ainsi qu’aux personnes suivies par des référents sociaux, en collaboration avec les services municipaux et les associations locales.
L'auto-école accueille aussi « des femmes, notamment des mères, qui ressentent un besoin essentiel de tisser du lien social et de retrouver confiance en elles, après avoir été victimes de violences conjugales, par exemple, nous détaille Bakhta Chemame, directrice de l'association GSR. Notre mission est de leur rappeler que le permis de conduire représente une forme de liberté et de leur montrer qu’il est accessible. »

Elles sont une vingtaine en formation et bénéficient d'un programme rapide : le code en accéléré suivi de 20 heures de conduite en boîte automatique ou 30 heures de conduite en boîte manuelle. Un simulateur est aussi disponible pour celles qui souhaitent s'entraîner avant de prendre place côté conducteur. « Ça me donne confiance en moi et plus d'assurance pour ne pas avoir peur sur la route », affirme Naouel.
En complément, les apprenties conductrices sont encouragées à participer à divers ateliers : balades en trottinette sur les pistes cyclables de la ville, séances de bien-être et de beauté, cours de boxe, ateliers de sensibilisation à la sécurité routière et aux valeurs de la République et de la laïcité.
Pouvoir ajouter « Permis B » sur le CV
« Je suis mère de 4 enfants, le permis était indispensable pour faire mes courses, accompagner mes enfants au sport, et surtout pour le travail. On m'a déjà refusé des missions parce que je n'avais pas le permis, les horaires étaient décalés et le trajet était trop long en transports », se rappelle Patricia, qui a obtenu son permis de conduire en octobre 2024.
Le permis reste un levier indispensable à l'emploi.
Bakhta Chemame,
directrice de l'association GSR.
Pour aller plus loin dans l'accompagnement vers l'emploi, GSR propose des sessions de rédaction de CV et de préparation aux entretiens d'embauche. Une fois le permis en poche et armées de précieux conseils pour décrocher un emploi, les adhérentes disposent de solides bases pour se réinsérer dans la vie professionnelle. À l'issue de sa formation, Patricia a d'ailleurs décroché un nouvel emploi en tant qu’employée administrative et d’accueil.
Un permis pour 250 euros en moyenne
« J'ai pu avoir mon permis en octobre 2024 en ne payant que 183 euros pour un code accéléré et 20 heures de conduite », nous affirme une ancienne adhérente Women Permis. Ce tarif solidaire est possible grâce au financement octroyé par la Région pour soutenir son projet de réinsertion professionnelle. « Dans notre auto-école, le coût de la formation se rapproche de celui d'une auto-école classique, mais on reste quand même 30 % moins cher, complète la directrice de l'association. Après, c'est le financeur [Région, France Travail ou CPF, NDLR] qui apporte le plus gros du financement. Le reste à charge est compris entre 10 et 20 % en fonction des financements obtenus. En moyenne, on est sur un montant de 250 euros pour une formule code accéléré et heures de conduite. » Un énorme coup de pouce pour ces femmes en quête d'autonomie… Et d'une nouvelle vie grâce au permis.