Vous avez raté le permis ? Voici pourquoi l’attente peut durer des mois

Rater son permis est frustrant. Mais devoir attendre de longs mois pour le repasser l’est encore plus ! Actuellement, les délais d’attente explosent, alors que la loi fixe un objectif de 45 jours entre deux passages. Les auto-écoles tirent la sonnette d’alarme.

Eva Gomez journaliste pour le média Roole
Eva Gomez
Actuellement, il faut compter près de trois mois pour pouvoir repasser l'examen du permis de conduire après un échec. ©iStock/Gwengoat

La situation se tend depuis plusieurs mois : les places d’examen pratique du permis de conduire manquent, les délais s’allongent, et les solutions tardent à se mettre en place. Pourtant, un article de loi impose un délai médian maximum de 45 jours entre deux passages du permis de conduire.

Des délais augmentés par le passage du permis à 17 ans

L’article L221-5 du Code de la route est clair : « L'autorité administrative peut recourir à des agents publics ou contractuels comme examinateurs autorisés à faire passer l'épreuve pratique du permis de conduire des véhicules du groupe léger. L'autorité administrative recourt à ces agents en nombre suffisant pour garantir que le délai médian entre deux présentations d'un même candidat à cette épreuve pratique n'excède pas quarante-cinq jours. ». La loi prévoit donc que la moitié des candidats recalés puisse obtenir une nouvelle date dans un délai de 45 jours. Or actuellement, le délai médian entre deux passages est de 88 jours, soit presque deux fois le seuil. Ils dépassent même les 100 jours dans certains départements comme les Hauts-de-Seine. « L’État doit s’organiser pour donner une place à chaque personne prête à passer l’examen », estime Christelle Oberholz, présidente de l’Unidec, syndicat des auto-écoles. Mi-juillet, les organisations représentatives des écoles de conduite ont été reçues au ministère de l’Intérieur, réclamant des mesures d’urgence.

Dans certains départements, il y a une place d’examen toutes les 50 heures de conduite dispensées.

Christelle Oberholz,
présidente de l’Unidec

L’ouverture en 2024 du permis dès 17 ans a accentué la pression sur le système, et explique en partie cette augmentation des délais. En effet, 300 000 demandes d’examen supplémentaires – soit une augmentation de 20 % – se sont ajoutées à une classe d’âge déjà dense, provoquant un effet d’engorgement durable.

Le manque d’inspecteurs : un problème structurel

Les syndicats pointent également une pénurie d’inspecteurs aggravée ces dernières années. « Le nombre d’inspecteurs par département est annoncé à 37 en moyenne, mais actuellement, il est plutôt à 29. Et il y a quelques années, l’effectif était de 41 inspecteurs par département… », regrette Christelle Oberholz. Chaque mois, les préfectures attribuent un nombre limité de places d’examen aux auto-écoles. « Dans certains départements, on tombe à une place d’examen toutes les 50 heures de leçon données. À ce rythme, il n’y a plus de marge pour les redoublants », déplore-t-elle.

Même l’arrivée annoncée de 130 nouveaux inspecteurs à l’automne 2025 ne suffira pas à rétablir l’équilibre. Selon l’Unidec, il faudrait près de 200 recrutements en plus des 130 annoncés pour absorber l’augmentation des besoins.

Des solutions qui tardent à arriver

Depuis plus d’un an, les professionnels proposent des pistes : recours à des inspecteurs retraités, mobilisation de formateurs issus de l’armée, rehaussement du volume d’heures minimum (aujourd’hui fixé à 20 heures), révision de la grille d’évaluation, création d’une attestation temporaire de circulation... « On a proposé des solutions concrètes, réalisables immédiatement. Mais rien n’a été mis en œuvre », regrettent les organisations professionnelles dans un communiqué.

Face à cette inertie, les syndicats d’auto-écoles s’inquiètent pour la suite. D’autant que le nombre de personnes en âge de passer le permis de conduire devrait augmenter jusqu’en 2030, rendant la crise durable sans actions menées d’urgence.

II vaut mieux prendre cinq leçons de plus pour mettre toutes les chances de son côté.

Christelle Oberholz,
présidente de l’Unidec.

Faire en sorte de réussir du premier coup

Dans l’attente de mesures concrètes de la part du gouvernement, les candidats doivent s’adapter à cette réalité. Le taux de réussite à l’examen du permis de conduire stagne depuis des années autour de 55 % : presque la moitié des candidats ne réussissent pas du premier coup. Dans certains départements, un échec peut entraîner jusqu’à un an d’attente avant de pouvoir retenter sa chance. D’où l’intérêt de bien se préparer : si l’examen est accessible après 20 heures de conduite, la plupart des candidats sont réellement prêts après 35 heures en moyenne. « Certains élèves insistent pour passer l’examen après 20 heures ou 25 heures… Mais il vaut mieux prendre cinq leçons de plus pour mettre toutes les chances de son côté », conseille Christelle Oberholz. Opter pour la conduite accompagnée ou supervisée permet aussi de renforcer sa pratique et de limiter les risques d’échec. Une stratégie intéressante, surtout dans les zones où les créneaux d’examen se font rares.

Bon à savoir

La conduite accompagnée (AAC) est accessible dès 15 ans et permet de cumuler 3 000 km d’expérience sur une durée minimale d’un an, avant le passage de l’examen. La conduite supervisée, quant à elle, s’adresse aux candidats à partir de 18 ans.

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