Voie réservée sur le périphérique parisien : la mairie de Paris va amender son projet

La mairie de Paris a annoncé que son projet de voie réservée au covoiturage, taxis et transports en commun sur le périphérique parisien, serait amendé d’ici mi-juillet, pour tenir compte des inquiétudes des Franciliens.

Eva Gomez journaliste pour le média Roole
Eva Gomez
Le périphérique parisien près de la porte de Bagnolet

Pour les Franciliens, c’est non : la voie de gauche du périphérique parisien ne doit pas devenir une voie réservée au covoiturage, taxis et transports en commun. Du 17 avril au 28 mai dernier, la mairie de Paris avait demandé l’avis des habitants de la région via une consultation en ligne et a recueilli plus de 6 500 réponses. Parmi les voix exprimées, 80 à 85% se prononcent contre : « Projet antisocial » pour certains, projet « pour faire fuir les Franciliens » pour d’autres… Au regard de ces résultats, les adjoints à la maire de Paris, Anne Hidalgo, ont indiqué à l’AFP que ce projet serait « amendé par rapport à la version initiale », d’ici mi-juillet prochain. Mais a priori, il n'est pas question de l'abandonner. L’adjoint à la mobilité et à la voirie de la mairie de Paris, David Belliard, assure que les commentaires négatifs exprimés dans cette consultation publique seront pris en compte, sans pour autant dénaturer complètement le projet.

Un héritage des Jeux Olympiques de 2024

La voie de gauche du périphérique parisien sera, pendant les Jeux Olympiques de 2024, réservée aux athlètes, secours et officiels. Le projet de la mairie de Paris est de conserver le principe de voie réservée après la fin des JO 2024, mais de la dédier aux transports en commun, taxis et véhicules transportant minimum deux personnes, conducteur compris. Selon le projet initial, elle devrait être active le matin et le soir, mais les périodes et jours concernés restent encore à préciser.

Cinq nouveaux radars capables de lire les plaques d’immatriculation ont été déployés pour contrôler que seules les personnes accréditées circulent sur cette voie réservée pendant les Jeux Olympiques. Si cette voie reste réservée après l’événement, ces radars « intelligents » serviront alors à contrôler le nombre de passagers par véhicule. Une fonction d’ailleurs déjà en cours de test. La mairie de Paris envisage également de réduire la vitesse maximale de circulation sur l’ensemble du périphérique à 50 km/h (contre 70 km/h aujourd’hui), lorsque cette voie réservée est active.

Les élus d'Ile-de France montent au créneau

Beaucoup de critiques s’élèvent face à ce projet, notamment au sein des instances de la région Ile-de-France. Dans une tribune publiée dans le JDD ce dimanche 28 mai, 1800 élus franciliens ont dénoncé une « volonté unilatérale d’Anne Hidalgo (…) sans aucune concertation (…) ni étude d’impact ». Parmi les points d’inquiétude de ces élus : le risque de congestion du trafic et l’impact négatif d’un tel projet sur la qualité de l’air. « L’expérience de la fermeture des voies sur berge a démontré que cela n’avait pas diminué la pollution : elle l’avait au contraire déportée vers d’autres axes routiers », rappellent les signataires de la tribune. « Nous demandons à la maire de Paris d’engager sans délai un vaste débat avec toutes les parties prenantes », concluent les 1800 élus.

Sur le périph’, 80% des voitures ne transportent qu’une seule personne

Dans un fil de tweets en date du 30 mai, la mairie de Paris revient sur les raisons pour lesquelles elle compte mettre en œuvre ce projet de voie réservée.

Tweet de la mairie de Paris le 30 mai 2023

« Une des sources principales de pollution de l’air en Ile-de-France est le périphérique. 500 000 personnes habitent à proximité immédiate de cet axe et sont, donc, particulièrement exposés aux particules fines. (…) Il est essentiel de faire diminuer le trafic pour faire diminuer la pollution (…) et de changer nos habitudes », indique la ville de Paris. « 80% des voitures qui circulent sur le périphérique ne transportent qu’une seule personne. (…) Il est donc essentiel de favoriser les transports en commun ou le covoiturage. La création de cette voie permettra à celles et ceux qui font l’effort de choisir un autre mode de déplacement de disposer d’une voie dédiée », est-il ajouté. La mairie de Paris a également profité de ce rappel pour annoncer le lancement prochain des premières assises du covoiturage en Ile-de-France.