A l’aise Breizh dans le Finistère : escapade entre Ouessant, Brest et la presqu’île de Crozon
Envie de prendre le large, loin de la foule et du bruit ? Direction le Finistère, tout à l’ouest de la Bretagne, pour un road trip de six jours. En basse saison, alors que les paysages commencent à se teinter des premières couleurs printanières, la région se révèle dans ce qu’elle a de plus vrai. Au programme : Ouessant, perle isolée aux allures de bout du monde, Brest, surprenante et vivante, et la presqu’île de Crozon, condensé de nature bretonne. Un voyage authentique et apaisant, entre randonnées, adresses locales et grand bol d’air iodé.

Jour 1 : Ouessant, île sauvage et préservée
Le voyage commence sur l’île d’Ouessant, petit paradis breton au large du Finistère. En basse saison, loin de la foule, l’île se dévoile dans toute sa beauté brute, avec ses paysages sauvages et son atmosphère insulaire paisible.
En voiture
Le stationnement gratuit au centre du Conquet est limité à 4 heures. Pour un séjour à Ouessant, mieux vaut réserver une place dans l’un des parkings payants proches de l’embarcadère (Parking des Îles, Tour d’Auvergne, Port ou La Grange). Sinon, des zones gratuites sont accessibles à environ 30 minutes à pied du port.
L’île est accessible toute l’année depuis le port du Conquet. La compagnie Penn Ar Bed assure des liaisons quotidiennes, été comme hiver. Il est possible d’embarquer un vélo, uniquement au départ du Conquet. À partir de mai, Finist’mer propose également des traversées supplémentaires. Depuis le port du Conquet, il faut compter 1h15 pour rejoindre le port du Stiff, entouré de hautes falaises sombres. Quand on débarque, le port fourmille, effervescence passagère avant de retrouver le calme sur les chemins. Sur le port, taxi, car, navettes, loueurs de vélos et de voitures (garage Kerebel ou eusa découverte) attendent.
Et qui dit île, dit phare. Direction le phare du Stiff, l’un des plus anciens de France encore en activité. Perché à 63 mètres d’altitude, il surplombe le port et offre une vue splendide sur Ouessant et l’archipel de Molène. Lors de la visite (d’avril à novembre), on découvre son histoire, le quotidien des anciens gardiens et un panorama exceptionnel depuis le sommet.
On poursuit vers Lampaul, bourg principal de l’île. Autour de son petit port et de sa jolie église – la seule d’Ouessant – bat le cœur de la vie insulaire. Rideaux en crochet, volets bleus, girouettes, murets de pierre... Le charme opère immédiatement : ici, le temps semble suspendu.

Pause déjeuner chez Carole, une adresse incontournable connue pour ses galettes savoureuses (mention spéciale pour la complète camembert et la beurre-algues !). Ambiance chaleureuse, déco éclectique et animaux en liberté (chats, chiens, poules) créent l’atmosphère d’un joyeux repas de famille. Pensez à réserver et à retirer du liquide.
Chez Carole
L’après-midi démarre par la visite du musée des phares et balises, au pied du phare de Créac’h. Ce lieu passionnant regorge d’anecdotes sur la vie d'autrefois à Ouessant, la construction des phares, et la signalisation maritime. On flâne ensuite jusqu’à la Pointe de Pern, où la vue sur l’Atlantique est saisissante : landes balayées par le vent, rochers battus par les vagues, et cormorans plongeant dans l’écume. Une vraie bouffée d’air iodé.

Le soir, direction Ty Korn, une institution locale mi-pub, mi-resto. Produits frais, cuisine bistronomique et ambiance conviviale : la recette idéale pour une soirée réussie.
Ty korn Ouessant
On termine cette belle journée aux Gîtes Neige d’Écume, chez Emeline et Damien, anciens Hauts-Savoyards tombés amoureux d’Ouessant. Dans ce cocon chaleureux, on savoure un moment d’échange et de simplicité, en parfaite harmonie avec l’esprit de l’île.
Gîtes Neige d'écume
Jour 2 : Ouessant, côté sud
Pour cette deuxième journée à Ouessant, on enfile ses chaussures de marche et on part explorer la côte sud, le long d’un itinéraire sauvage et ressourçant. Objectif : rejoindre la Pointe de Kerdonis depuis le petit port de Porz Doun, soit une boucle d’environ trois heures.
Le sentier débute à Porz Doun, modeste port encore utilisé par quelques pêcheurs locaux. Avec un peu de chance, on peut assister au départ ou au retour d’une virée en mer. Très vite, on s’engage sur le sentier côtier, en direction de l’ouest. Autour de nous : des prairies parsemées de moutons ouessantins noirs, emblème de l’île, et des rochers coiffés de bruyères qui commencent à se colorer à l’arrivée du printemps.

Plus on avance, plus le paysage devient impressionnant. En approchant de la Pointe de Kerdonis, les falaises se font plus abruptes, plongeant dans l’océan avec fracas. Les vagues, renforcées par les vents du large, viennent s’écraser sur les rochers dans un vacarme captivant. Au fil du sentier, des criques et des plages isolées apparaissent par surprise.
Arrivés à la pointe, on profite d’un point de vue spectaculaire sur les formations rocheuses et les îles voisines. L’ambiance est puissante, mais curieusement paisible. On s’installe pour un pique-nique face à l’immensité, seuls au monde ou presque, avec pour bande-son le bruit des vagues et le cri des oiseaux marins.
Après cette pause nature, on reprend le chemin en sens inverse vers Porz Doun. La lumière de l’après-midi fait doucement vibrer les couleurs des hameaux que l’on longe en direction de Pors Arland, une des rares plages propices à la baignade (pour les plus courageux) sur l’île. Sable doré, eau turquoise et vue dégagée sur Molène : la carte postale est parfaite.
Pour clore cette journée iodée, on s’installe chez Y’A SKIFF, un bar à vin chaleureux où Séverine et Olivier régalent leurs hôtes avec des assiettes locales, créatives et colorées. Au menu : fromages de brebis d’Ouessant signés Charlène Créac’h, légumes bio de Vincent Pichon, beurre et tomme de Marie et Thomas Richaud, éleveurs sur l’île… Un véritable concentré de terroir. Réservation vivement conseillée !
On quitte Ouessant et ses paysages bruts pour retrouver le continent, sans pour autant s’éloigner de l’univers maritime. Prochaine étape : Brest, ville portuaire tournée vers l’océan, résolument dynamique et en pleine transformation. On commence par une plongée dans l’histoire au Musée National de la Marine, installé dans le château de Brest. L’occasion de parcourir l’épopée navale française et de (re)découvrir le rôle stratégique de la ville dans les échanges maritimes. Le clou de la visite : la vue imprenable sur le port, qui en dévoile toute l’ampleur.
Musée National de la Marine
Château de Brest, Bd de la Marine, 29200 Brest, France
02 98 22 12 39
On descend ensuite flâner sur les quais de l’arsenal et du port de commerce, entre bateaux militaires et chalutiers, avant de rejoindre le quartier des Capucins, symbole du renouveau brestois. Anciennes manufactures et architectures modernes s’y côtoient harmonieusement.
Au cœur du quartier, les Ateliers des Capucins sont devenus un lieu de vie vibrant. Sous "la plus grande place publique couverte d’Europe", on croise des enfants à trottinette, des ados en skate, des curieux venus profiter des food trucks, des spectacles ou d’ateliers créatifs. Une vraie bouffée d’énergie.

Les Ateliers des Capucins
Pour le déjeuner, on s'attable chez Désordre, une adresse décontractée où créativité rime avec générosité. Une cuisine savoureuse, une ambiance accueillante et un service au top : le combo parfait pour une pause gourmande à deux pas des quais.
L’après-midi, direction Océanopolis, le célèbre parc de découverte des océans. Véritable plongée dans les écosystèmes marins du monde entier, ce site passionnera autant les petits que les grands. Aquariums spectaculaires, expositions interactives, sensibilisation à la biodiversité marine : tout est pensé pour informer et émerveiller.
En fin de journée, on grimpe sur les hauteurs de la ville pour une pause contemplative au Jardin des Explorateurs. Le panorama sur la rade de Brest est saisissant, surtout au coucher du soleil.
Envie de retrouver les saveurs bretonnes ? La crêperie Blev Hir propose de généreuses galettes dans une ambiance sans chichi. Mention spéciale pour la pâte croustillante et les recettes bien pensées. Et bien sûr, on termine sur une crêpe sucrée : une valeur sûre.
Crêperie Blev Hir
Pour la nuit, on pose ses valises chez Ti ar Yer, maison d’hôtes aux portes de Brest. Ce corps de ferme rénové par Eliane et Bernard est un vrai havre de paix. Passionnés de nature, ils aiment partager leur univers lors de la visite de leurs jardins foisonnants. Une belle parenthèse végétale pour finir la journée.
maison d'hôtes TI AR YER
Jour 4 : phares, côtes sauvages et villages de caractère autour de Brest
Si Brest a perdu une partie de son charme ancien lors de la Seconde Guerre mondiale, ses environs, eux, ont conservé leur beauté. Cap sur les paysages côtiers, les phares emblématiques et les petits villages du Finistère nord.
Premier arrêt : le phare du Petit Minou, perché sur un îlot et relié à la terre par un pont de pierre. Depuis ce point stratégique, on surplombe le Goulet de Brest - cette faille naturelle entre océan et rade - et on aperçoit, par temps clair, la presqu’île de Crozon juste en face.
Quelques kilomètres plus loin, on atteint la Pointe Saint-Mathieu, où un phare blanc immaculé se dresse à côté des vestiges d’une ancienne abbaye. Le contraste entre les ruines sombres et la lumière éclatante du phare crée une image de carte postale. L’océan, souvent agité ici, offre un spectacle hypnotique, surtout quand le vent s’en mêle. C’est l’endroit parfait pour un pique-nique face à l’infini.

Pour ceux qui souhaitent poursuivre dans la thématique maritime, une halte au phare de Kermorvan s’impose. On y accède par un chemin qui serpente entre lande et mer, jusqu’à ce phare solitaire face à l’immensité de la mer d’Iroise.
On change ensuite d’ambiance en rejoignant Landunvez puis en prenant la route départementale D127, qui offre une vue panoramique magistrale sur cette côte prisée des surfeurs et surnommée les Caraïbes bretonnes. Sur quelques kilomètres, l’eau y prend des teintes turquoise étonnantes, surtout par beau temps. On termine cette virée côtière à Portsall, village de pêche typique, avec son port tranquille et ses maisons tournées vers le large.
Dernière escale du jour : Landerneau, nichée le long de l’Elorn. Cette petite ville au riche patrimoine est surtout connue pour son pont habité de Rohan, l’un des rares en Europe. On se perd volontiers dans les ruelles du centre historique, en suivant le parcours fléché mis en place par l’office de tourisme.
Pour le dîner, on file chez Ripailles, un restaurant à l’ambiance sincère, où les assiettes simples sont toujours bien pensées. Cuisine de saison, saveurs franques et produits locaux… Tout est réuni pour finir la journée en douceur.
Jour 5 : la presqu’île de Crozon, entre falaises, forêt enchantée et esprit breton
Ce cinquième jour nous emmène sur la presqu’île de Crozon, joyau naturel du Finistère, où falaises vertigineuses, landes sauvages et petits ports bretons composent une Bretagne comme on l’imagine.
On commence la journée à Camaret-sur-Mer, charmant village de bord de mer, avec ses maisons aux façades colorées, son port de pêche et sa jetée animée. Ici, tout semble tourné vers l’océan. On flâne tranquillement, on observe les vieux bateaux échoués, les filets suspendus, et on se laisse porter par l’ambiance du lieu.
À quelques minutes en voiture (ou une trentaine de minutes à pied), la Pointe de Pen-Hir marque le début d’un sentier côtier spectaculaire. On longe les hautes falaises sculptées par les vents et l’écume, puis on poursuit vers la Pointe de Dinan, bras de terre dentelé qui s’avance dans la mer. Une randonnée d’environ 2h30 (hors pause) entre embruns, silence et panoramas saisissants. Pause pique-nique fortement recommandée face à ce décor grandiose !

L’après-midi, changement de décor : direction l’intérieur des terres pour découvrir la mystérieuse forêt de Huelgoat, au cœur du Parc naturel régional d’Armorique. Depuis le village d’Huelgoat, plusieurs sentiers permettent d’explorer cette forêt parsemée de rochers aux formes étranges, de ruisseaux chantants et de légendes anciennes. L’itinéraire du Bois de la Roche est l’un des plus emblématiques, et plonge les marcheurs dans une atmosphère quasi féerique, entre nature brute et imaginaire celtique.
En voiture
Un parking est facilement accessible à l’entrée de la forêt, depuis le centre du village de Huelgoat.

En fin de journée, on retrouve la mer au port du Fret, pour un dîner les yeux dans l’eau. Chez Les Yeux dans l’eau, on déguste une cuisine bio, colorée, locale, dans une ambiance décontractée et une déco joyeusement bariolée. Le tout avec une belle vue sur la rade.
Les yeux dans l'eau
Pour la nuit, cap sur la maison d’hôtes Kermaria, notre dernier pied-à-terre. Installée face à la baie de Douarnenez, cette adresse paisible combine confort et authenticité. Depuis les chambres, la mer s’étend à perte de vue. Ici, on ralentit, on respire, et on savoure la fin du voyage.
Jour 6 : derniers pas sur la presqu’île de Crozon, entre criques sauvages et sentiers panoramiques
Pour cette dernière journée de road trip, cap sur les plus belles randonnées de la presqu’île de Crozon. Ici, les paysages sont à couper le souffle, entre criques secrètes, falaises abruptes et forêts de pins qui surplombent l’océan.
Incontournable : la balade jusqu’à l’Île Vierge, souvent citée parmi les plus beaux spots de Bretagne. Le départ se fait depuis le parking de la Pointe de Saint-Hernot, d’où l’on suit un sentier balisé (GR 34, marques rouge et blanc). Environ 1h30 de marche aller-retour, avec une vue plongeante sur l’eau turquoise, les plages de galets, les falaises de granit et les pins qui bordent le sentier. Un condensé de ce que la presqu’île a de plus beau à offrir.

Pour prolonger la magie, direction l’Anse de Porz Ar Gored, autre site emblématique du littoral crozonais. Accessible depuis le sentier côtier de Porz Ar Gour, cette boucle de deux heures fait partie du célèbre GR 34 qui longe toute la côte bretonne.
Le sentier descend d’abord jusqu’à une plage de sable fin, avant de remonter sur les hauteurs. À chaque virage, de nouveaux points de vue spectaculaires se dévoilent : falaises plongeantes, criques isolées, rochers sculptés par les vagues, et cette lumière changeante propre au Finistère. C’est l’une de ces balades où l’on perd la notion du temps, en se laissant simplement porter par la beauté du paysage.