Ari Vatanen engagé pour la sécurité routière : « Je ne peux pas me taire »
Il y a des pilotes qui marqueront à jamais l’histoire de l’automobile. Ari Vatanen en fait partie. Le champion du monde des rallyes, très engagé pour la sécurité routière, multiplie les prises de parole pour sensibiliser aux risques de la route. Il nous livre son point de vue sur ce sujet et plus encore !
Quel automobiliste est Ari Vatanen ? Champion du monde des rallyes, quadruple vainqueur du Dakar, le pilote, adepte de la vitesse, n’en est pas moins un conducteur engagé pour la sécurité routière. À l’occasion d’une journée presse organisée par le fabricant de pneumatiques Bridgestone en mars 2023, l’ancien député européen a répondu à nos questions en vidéo. Sans langue de bois.
J'aime la vitesse et pourtant je parle de sécurité routière.
Ari Vatanen.
Pourquoi êtes-vous si engagé pour la sécurité routière ?
Ari Vatanen : Quand tu es touché personnellement par un accident, que tu pleures un proche qui n’est plus là, tu réalises qu’il s’est tué bêtement sur la route. On ne se rend pas compte à quel point la route peut être dangereuse. L’homme a tendance à dire que ça ne lui arrivera jamais mais ce n’est pas vrai. Pour moi, la sécurité, c’est un état d’esprit. J’aime les voitures et la conduite mais je ne veux pas que la conduite se transforme en catastrophe. Alors de mon côté, j’essaie d’apporter de la crédibilité. Si c’est un fonctionnaire ou un gendarme qui parle de sécurité routière, les jeunes ont tendance à se dire qu’ils sont payés pour ça, que c’est leur travail. Mais moi, ils vont se dire que j’aime les voitures, j’aime la vitesse et pourtant je parle de sécurité routière. C’est pour ça que je ne peux pas me taire.
Selon vous, qu'est-ce qu'une bonne conduite sur la route ?
A.R. : C’est une question d’attitude. Ce sont nos valeurs et nos attitudes qui nous conduisent et dirigent nos actions. Je crois que dans la vie, on a tous de temps en temps la grosse tête, c’est normal, l’homme a besoin de ça. Mais il faut être humble pour profiter de la vie, pour connaître la valeur de la vie. Et une fois que tu as compris que la vie est vraiment fragile, c’est magnifique !
Quel est l’organe le plus critique en matière de sécurité ?
A.R. : Les pneus, c’est mille fois plus qu’un simple rond noir. Ils jouent un rôle hyper important pour la sécurité. Et malheureusement c’est encore mal connu. Les gens ne savent pas apprécier de bons pneumatiques et parfois ils vont vouloir économiser quelques euros en usant le pneu jusqu’au dernier millimètre. Mais c’est de la folie ! Tout le monde met un gilet de sécurité quand il monte en bateau pour se protéger. Pourtant ces mêmes personnes vont économiser quelques centaines d’euros avec des pneus usés. On prend un risque avec sa vie et celle de ses enfants.
Est-ce que sécurité routière doit rimer avec éco-conduite ?
A.R. : Je crois que si tu sais conduire, ça vient automatiquement. La conduite doit être fluide. C’est comme l’eau qui coule dans la tuyauterie. Quand je suis dans une voiture, dans un taxi par exemple, si le conducteur ou la conductrice n’a pas une conduite fluide, ça me dérange. En roulant de façon plus fluide, la consommation peut aussi être réduite. Conduire à une vitesse constante, c’est ça le plus important.
Que pensez-vous de la réglementation en vigueur en matière de sécurité routière ?
A.R. : Les règlementations sont correctes. Tous les pays européens ont à peu près les mêmes, même s’il y a des nuances à gauche, à droite. Il faut regarder ce qu’il se passe ailleurs. Et apprendre. Au Royaume-Uni par exemple, le niveau de sécurité routière a toujours été excellent, parce que l’attitude des Anglais est différente. Ils sont plus respectueux. Tout ce qu’on peut faire, c’est sensibiliser les gens. Par l’éducation, l’homme va changer son comportement. Ce qui était accepté il y a peu de temps n’est plus accepté socialement. Boire et conduire, fumer même dans un avion par exemple, il y a peu de temps c’était accepté, mais ce n’est plus le cas. La mentalité change, donc il faut rester optimiste. Au lieu de se dire qu’on a besoin de punitions, il faut surtout éduquer. Ça commence très jeune, bien avant l’âge de 18 ans.
Quel automobiliste êtes-vous ?
A.R. : Je suis quelqu’un qui aime conduire. Ça ne me dérange pas de partir loin en voiture. Aujourd’hui je conduis un SUV diesel de chez BMW, facile à conduire pour les longues distances. J'ai aussi le volant chauffant bien sûr, c’est tellement agréable ! (rires) Je ne sais pas combien de kilomètres j’ai parcourus dans ma vie mais j’ai toujours le même plaisir à conduire. La voiture, c’est la liberté ! Et sans liberté dans la vie, on ne peut pas se développer.
Chaque moteur - qu’il soit thermique, à hydrogène, électrique - va trouver sa place naturellement.
Ari Vatanen
Que pensez-vous de la fin des ventes de voitures thermiques en 2035 ?
A.R. : C’est un sujet extrêmement vaste. J’étais député européen pendant 10 ans. Je connais les idéologies, je connais les modes de pensée. Je sais que la capacité de l’homme est de pouvoir analyser et tirer des conclusions. Le rôle du monde politique est de déterminer le niveau d’émissions souhaitable et ensuite, c‘est au marché de trouver les solutions les plus efficaces, qui gaspillent le moins d’argent. Toutes les technologies sont acceptables tant qu’on arrive à remplir les critères d’émission. Chaque mode de transport, chaque type de moteur - qu’il soit thermique, à hydrogène, électrique - va trouver sa place naturellement sur le marché.
Bon à savoir
Ari Vatanen a été député européen de Finlande puis de France entre 1999 et 2009.