Carburants : faut-il craindre une hausse des prix en 2027 ?

Dans une nouvelle étude, l’Institut Montaigne tire la sonnette d’alarme : dès 2027, le litre de carburant pourrait grimper de 10 à 17 centimes. Une conséquence directe d’un mécanisme européen de tarification carbone, qui risque de peser lourd sur les ménages et de réveiller des tensions sociales.

Eva Gomez journaliste pour le média Roole
Eva Gomez
Publié le 16/10/2025

Temps de lecture : 4 min

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En 2027, le prix des carburants devrait augmenter de 10 à 17 centimes par litre. ©iStock/dusanpetkovic

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Avec l’entrée en vigueur d’un nouveau marché carbone européen, baptisé ETS 2, le prix des carburants à la pompe pourrait connaître une hausse brutale en 2027. C’est le principal enseignement d’une note publiée récemment par l’Institut Montaigne, qui anticipe une augmentation pouvant aller jusqu’à +17 centimes par litre, hors TVA.

Pourquoi les prix à la pompe vont-ils grimper ?

Le système ETS 2, à l’origine de cette évolution des prix, repose sur un principe simple : faire payer les fournisseurs de carburant pour les émissions de CO₂ générées par leurs produits. Les fournisseurs devront ainsi acheter des quotas carbone sur un marché spécifique, puis répercuter ce coût dans leurs tarifs publics. L’Institut Montaigne estime que la hausse qui en résulterait serait comprise entre 10 et 17 centimes par litre, selon le prix de la tonne de CO₂ au moment de l’entrée en vigueur de ce nouveau système en 2027.

Bon à savoir

L’Union européenne a voté en 2023 la mise en œuvre de l’ETS 2 à partir de 2027. Il s’appliquera aux secteurs du transport routier et du bâtiment, jusqu’ici exclus du marché carbone.

D'autres facteurs pourraient accentuer cette hausse, notamment l’obligation d’incorporer davantage de biocarburants, plus coûteux à produire. Dans les scénarios les plus pessimistes de l'Institut Montaigne, l'augmentation des prix pourrait atteindre 20 à 23 centimes par litre.

Un surcoût significatif pour les ménages

Pour illustrer l’impact concret sur le budget des conducteurs, nous avons retenu une hypothèse médiane de +15 centimes par litre. En moyenne, un automobiliste parcourant 12 000 km par an avec une voiture consommant 6 litres/100 km verrait sa facture de carburant augmenter d’environ 108 euros par an, soit 9 euros de plus par mois. Un surcoût modéré, mais significatif pour les budgets déjà contraints.

Et comme le souligne l’Institut Montaigne, cette hausse affecterait en priorité « les ménages des classes moyennes et populaires, en périphérie des grandes villes », dont les déplacements dépendent en grande partie de la voiture. Un plus gros rouleur vivant en zone rurale ou périurbaine et parcourant environ 18 000 km par an verrait sa facture gonfler de 162 euros.

Bon à savoir

D’après une étude de Roole Data, les Français dépensent en moyenne 416 euros par mois pour leur voiture, dont 100 euros de carburant.

Les options possibles pour éviter de nouvelles tensions sociales

Pour l'instant, ce nouveau marché du carbone n'a pas encore été transposé dans le droit français : il est donc difficile d'anticiper les conséquences sur les ménages. La France pourrait, comme le permet la directive européenne, choisir de reporter son application aux carburants des particuliers jusqu’en 2031. Ou mettre en place des mesures de compensation, comme une baisse ciblée de la fiscalité ou l’instauration d’un chèque carburant, pour compenser partiellement ou totalement la hausse des prix à la pompe.

Car une hausse des carburants en 2027 présente le risque d’un rejet social massif, alerte l’Institut Montaigne : « Le risque est que la hausse des prix à la pompe ne soit plus perçue comme un signal-prix technique visant à orienter les comportements mais comme une pression supplémentaire sur des budgets déjà contraints. (…) Une telle hausse est identique à celle du prix du gazole entre 2014 et 2018 et deux fois supérieure à celle du prix de l’essence, intervenue avant le déclenchement des Gilets jaunes », souligne la note. L’institut plaide donc pour une anticipation politique claire, avec une communication transparente et une application équitable, « mieux adaptée aux réalités du terrain ».

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