« Chaucidou » : quand les voitures et les cyclistes se partagent la route
Par Marine Madelmond
Temps de lecture : 4 min
Des aménagements destinés à sécuriser la circulation des cyclistes et piétons sur les routes se multiplient en France. Il s’agit des chaussées à voie centrale banalisée ou chaucidous. Comment fonctionnent ces voies de circulation un peu spéciales ? On vous explique.
La dénomination prête à sourire mais il s’agit bien d’un terme officiel. La « chaucidou », contraction de « chaussée pour les circulations douces » (aussi appelée CVCB pour « chaussée à voie centrale banalisée »), est de plus en plus répandue sur les routes de France. Ces chaussées sont composées d’une voie centrale bidirectionnelle (à double sens) pour les véhicules motorisés et de deux bandes latérales pour les cyclistes et piétons. Les objectifs pour les villes qui les mettent en place : sécuriser la circulation des usagers de la route les plus vulnérables et réduire la vitesse des véhicules motorisés.
Bon à savoir
Sans la nommer précisément, le décret 2015-808 daté de juillet 2015 du Code de la route décrit le principe d’une chaucidou : « les conducteurs de cycles peuvent circuler sur les accotements équipés d’un revêtement routier ».
Chaucidou : comment fonctionnent ces voies aménagées ?
Un espace de partage entre le vélo et la voiture
Quand un véhicule motorisé emprunte une chaucidou, il roule sur une voie centrale banalisée, bidirectionnelle et entourée de deux couloirs situés à gauche et à droite, signalés par un marquage au sol. Ces deux axes latéraux, aussi appelés « rives », d’une largeur d’1,5 mètre environ, sont quant à eux dédiés aux cyclistes et piétons.
Lorsque deux véhicules motorisés se croisent et en l’absence de cyclistes ou piétons, ils ont l’autorisation de rouler à cheval sur ces voies. Chaque véhicule doit se déporter sur sa voie de droite, pour se repositionner ensuite sur la voie de circulation centrale.
Priorité aux cyclistes et piétons !
En cas de présence de piétons ou cyclistes lors du dépassement, le véhicule motorisé doit dans tous les cas leur céder la priorité avant de faire sa manœuvre. Un fait de route qui réduit logiquement la vitesse des véhicules motorisés : « La voie centrale unique (…) favorise le comportement d’attente derrière un cycliste ou un piéton circulant sur la rive. La vitesse des véhicules motorisés s’en trouve naturellement réduite », peut-on lire dans le communiqué du Pôle d’Appui Régional Sécurité Routière des Hauts-de-France.
Une chaucidou peut en cacher une autre
En France, faute de pouvoir créer des pistes cyclables dans certaines zones, plusieurs villes ont déjà mis en place ces chaucidous et ce depuis quelques années. C’est le cas par exemple à Moirans et Saint-Jean-de-Moirans en Isère, (depuis 2015), ou à Dieppe, Lyon, Perpignan et Lille... D’autres villes prévoient ces nouveaux aménagements courant 2023, comme la Seine-Saint-Denis, qui expérimentera une chaucidou sur la D25 entre Pierrefitte et Villetaneuse dès le mois de mai prochain.
En revanche, bien que déjà présent sur le territoire, ce dispositif est encore incompris voire méconnu des automobilistes : « Le fonctionnement de la CVCB ne semble que partiellement compris par les usagers motorisés, au moins dans un premier temps, souligne un rapport du Cerema*. La mise en service a pu même provoquer un sentiment initial de rejet, avec notamment l’impression pour les usagers motorisés de rouler à sens unique. » La prudence est donc une fois encore de rigueur…
*La Cerema est le centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.