Périphérique parisien à 50 km/h : un modèle isolé en Europe
Depuis le 1er octobre, la vitesse maximale autorisée sur le périphérique parisien est abaissée à 50 km/h. Alors que cette décision de la mairie de Paris est loin de faire l’unanimité, notamment auprès du Ministère des Transports, penchons-nous sur ce qui se fait chez nos voisins, dans les grandes agglomérations européennes.
La vitesse sur le boulevard périphérique parisien est bien limitée à 50 km/h depuis le 1er octobre. Alors que la maire de Paris, Anne Hidalgo, n'a cessé de réaffirmer sa volonté d’abaissement de la vitesse sur la ceinture parisienne, le nouveau ministre en charge des Transports, François Durovray, s'est pourtant montré dubitatif. Invité de la matinale de TF1 quelques jours avant la mise en œuvre de cette mesure d'abaissement, il avait manifesté son intention de discuter des différentes options avec l’édile de la Capitale. « Mettons-nous autour de la table et essayons de voir comment on peut concilier à la fois des enjeux environnementaux et des enjeux de vie quotidienne », avait-il déclaré. Dans un entretien donné au Parisien, le nouveau ministre se montrait même sceptique face aux bienfaits environnementaux d’une telle mesure : « La préoccupation de réduction du bruit et de la pollution est tout à fait légitime, mais je ne suis pas convaincu. Les études montrent que ce n’est pas forcément la bonne façon d’y parvenir », avait confié François Durovray.
Bon à savoir
Le boulevard périphérique de Paris est long de 35 kilomètres. Depuis sa création en 1973, il a déjà subi plusieurs réductions de limitation de vitesse. En 1993, on est passé de 90 km/h à 80 km/h, puis en 2014, la vitesse maximale autorisée a été abaissée à 70 km/h.
En effet, une étude du Cerema, datant de 2021, affirme que « pour un véhicule particulier, les émissions de NOx, de PM 10 et de GES sont minimales pour des vitesses proches de 70 km/h, tandis que pour un véhicule utilitaire (<3,5 T), elles le sont aux alentours de 60 km/h ». On peut alors légitimement se demander si continuer d’abaisser la vitesse sur un axe aussi emprunté que le périphérique parisien aura vraiment un impact positif sur la qualité de l’air. L’État et la mairie de Paris semblent en tout cas en désaccord sur la question, mais pour l’heure, l’abaissement de la vitesse à 50 km/h est bien acté, même si pour l'instant, aucun contrôle radar n'est effectué.
Bruxelles et Amsterdam ont abaissé les vitesses en 2020
Cette décision est loin de faire l’unanimité, et pour cause, le périphérique de Paris est déjà l’un des grands axes périurbains d'Europe où l’on roule le moins vite. À Bruxelles et Amsterdam aussi, des mesures de réduction de la vitesse ont été adoptées ces dernières années pour diminuer la pollution atmosphérique et les nuisances sonores. Mais aucune de ces villes n'est passé sous une vitesse maximale de 70 km/h.
À Bruxelles, le Ring, l’équivalent du périphérique parisien, a vu sa vitesse abaissée en septembre 2020, de 120 km/h à 100 km/h (sauf sur certains tronçons où la vitesse était déjà limitée à 90 km/h). Du côté des Pays-Bas, l’autoroute A10 – ceinture périphérique d’Amsterdam – est limitée depuis 2020 à 100 km/h sur la majeure partie de son tracé. Seuls quelques tronçons près des échangeurs sont limités à 80 km/h.
Au nord, des vitesses comprises entre 90 et 110 km/h
Ailleurs en Europe, on trouve sensiblement les mêmes restrictions de vitesse. À Berlin, la « Berliner Ring », qui n’est autre que l’autoroute 10, est le plus grand « périph » d’Europe, avec une longueur totale de 196 km. L’autoroute A100 est l’autre axe qui contourne la capitale allemande par l’Est, sur 20,9 km. Comme sur toutes les autoroutes urbaines du pays, la vitesse y est limitée à 80 km/h.
Plus au Nord, à Stockholm, la vitesse autorisée sur la voie périphérique est comprise entre 80 et 100 km/h en fonction des tronçons de route. En 2007, la capitale suédoise a instauré des « péages urbains » afin de fluidifier le trafic et améliorer la qualité de l’air. À Londres, sur la London Orbital Motorway (M25) et ses 188 km de « périphérique », la vitesse maximale autorisée est de 70 mph, soit 113 km/h. Mais sur certaines portions où les habitations sont plus denses et afin de limiter la pollution de l'air et les nuisances sonores, la vitesse est limitée à 50 mph, soit un peu plus de 80 km/h.
En Italie et en Espagne, on contourne les villes à 70 ou 90 km/h
Dans le sud de l’Europe : même constat. À Milan en Italie, la route périphérique est limitée à 90 km/h depuis 2011 – excepté sur deux tronçons qui traversent la ville, où la vitesse est limitée à 50 km/h. À Rome, sur la « Rocade Est » – ou autoroute A90 – qui contourne la capitale italienne, la vitesse est en grande partie limitée à 130 km/h. Sur certaines portions à deux voies cependant, la limitation est abaissée à 70 km/h. En Espagne, à Madrid, plusieurs axes contournent la capitale ibérique : les ceintures M-40, M-45 et M-50, ainsi que la Calle 30, qui se trouve le plus à l’intérieur de la ville. Sur cette dernière, la vitesse est limitée à 70 km/h, ainsi que sur les axes qui la relient à la M-40. Sur les 3 autres ceintures, la vitesse est limitée à 120 km/h.
L’exception parisienne
Dans la majorité des villes que nous avons citées, les plus grosses restrictions de vitesse ont été appliquées sur les voies urbaines à l’intérieur des murs, comme c’est le cas à Paris où une majorité des rues est passée à 30 km/h. Beaucoup de ces grandes agglomérations mettent aussi en place des Zones à faibles émissions (ou équivalent), pour limiter la circulation et les émissions de polluants dues au trafic routier. Mais les mesures observées chez les pays voisins sont moins restrictives concernant les axes périphériques… Paris fait donc figure d’exception en étant la première grande agglomération à limiter la vitesse à 50 km/h sur une voie empruntée chaque jour par 180 000 à 250 000 véhicules.