Mondial de l’auto 2024 : la voiture électrique, pionnière oubliée de l’histoire automobile

Elle est la star du Mondial de l’auto cette année : la voiture électrique est souvent perçue comme l’avenir de la mobilité. Pourtant, son histoire remonte bien avant celle des voitures thermiques. On vous raconte comment l’électrique a posé les bases de l’automobile moderne, avant de se faire doubler par les moteurs thermiques.

La rédaction de Roole
Une vieille voiture verte en jouet, avec un fil orange électrique
La première voiture a avoir dépassé les 100 km/h était une voiture électrique, en 1899. ©iStock

Le Mondial de l’auto 2024 met plus que jamais en avant les véhicules électriques, symboles de la transition écologique. Alors que la vente des véhicules neufs à moteurs thermiques sera interdite dans l’Union européenne à partir de 2035, les constructeurs présentent fièrement leurs nouveaux modèles électriques, prêts à prendre le relais dans les années à venir. Mais saviez-vous que l’électrique précède de loin le moteur thermique ? Les premières voitures électriques datent en effet de la fin du XIXe siècle, à une époque où la voiture à essence n’était encore qu’à ses balbutiements.

Les débuts électriques de l’automobile

Dès les années 1830, des inventeurs européens et américains se sont penchés sur la production de véhicules alimentés par batterie. L’un des premiers prototypes, créé en 1832 par l’Écossais Robert Anderson, est un simple chariot alimenté par des piles non rechargeables. En 1881, l'ingénieur Gustave Trouvé présente l'un des premiers tricycles électriques au Salon de Paris, marquant un jalon significatif dans l’histoire de la mobilité électrique française. Ce tricycle, basé sur un modèle britannique de Coventry, est équipé d'un moteur électrique et de batteries rechargeables. Sa démonstration attire l'attention, et des ingénieurs français commencent à explorer davantage le potentiel de l'électrique.

Dans les années 1890, plusieurs pionniers français, dont Charles Jeantaud et Louis Krieger, conçoivent des voitures électriques. Jeantaud, un horloger passionné d’automobile, construit l’une des premières voitures électriques fonctionnelles. Ses modèles, équipés de batteries en plomb, se révèlent silencieux et pratiques pour la conduite en ville. Louis Krieger, quant à lui, développe des véhicules de luxe électriques dans les années 1900, notamment le modèle « Krieger Landaulette », qui attire l'élite parisienne grâce à son confort et son absence de bruit.

La première voiture à dépasser les 100 km/h

Dans la même période, Camille Jénatzy, un ingénieur belge actif en France, bat en 1899 le record de vitesse terrestre avec sa voiture électrique, « La Jamais Contente », qui a atteint 105,88 km/h ! Ce record renforce la réputation de l’électrique et prouve que ces véhicules ne sont pas seulement utilitaires mais aussi capables de performances impressionnantes.

Bon à savoir

Les premières voitures électriques étaient déjà perçues comme des alternatives plus propres, car elles ne rejetaient pas de fumée nocive dans les rues. Aujourd’hui, ce même avantage est renforcé par les avancées dans les énergies renouvelables, qui permettent de réduire davantage l’empreinte carbone de ces véhicules.

L’arrivée des moteurs thermiques et le déclin de l’électrique

Avec l’avènement des moteurs thermiques, la donne change radicalement. Henry Ford, en lançant la production de masse avec la Ford T en 1908, fait basculer l’industrie automobile. Les voitures à essence deviennent rapidement moins chères, plus performantes et plus autonomes, condamnant peu à peu l’électrique à l’oubli. Les infrastructures de recharge inexistantes et l’autonomie limitée des batteries de l’époque contribuent à son déclin.

La renaissance de l’électrique : un retour aux sources

L’intérêt pour l’électrique renaît épisodiquement de façon timide, surtout lors des crises pétrolières des années 1970, mais il faut attendre les années 1990 pour que la France relance sérieusement la recherche et le développement des véhicules électriques. Renault, par exemple, commercialise dès les années 1990 des modèles électriques de la Clio et de l’Express pour les flottes urbaines. Ce n’est finalement qu’à partir des années 2010, avec la sortie de modèles comme la Renault ZOE, que la voiture électrique connaît une véritable expansion sur le marché français, encouragée par des incitations gouvernementales et des préoccupations écologiques croissantes.

Bon à savoir

Afin d’encourager l’adoption des voitures électriques, le gouvernement français propose des aides comme le bonus écologique ou la prime à la conversion. Ces dispositifs sont disponibles sous conditions et permettent de réduire le coût d’acquisition d’un véhicule électrique.

Grâce aux progrès technologiques, l’autonomie et la vitesse de recharge s’améliorent, rendant ces véhicules de plus en plus compétitifs face aux thermiques. Aujourd’hui, les voitures électriques connaissent une véritable renaissance, avec des modèles capables pour certains d’atteindre jusqu’à 600 km d’autonomie.

Près de 25% de parts de marché

La voiture électrique, autrefois éclipsée par le succès (et la rentabilité) du moteur thermique, s’impose aujourd’hui comme un pilier de la transition écologique de nos mobilités. Alors que les constructeurs investissent massivement dans des modèles toujours plus performants et que les infrastructures de recharge se développent, l’électrique prend progressivement de plus en plus de place : en septembre 2023, les véhicules électrifiés représentaient 24,3 % des ventes sur le marché du neuf. À la fin de l’année 2023, on comptait un peu plus d'un million de véhicules électrique en circulation sur les routes de France.