Des voitures bridées à 110 km/h pour les jeunes : une révolution pour la sécurité routière ?

En période probatoire, les jeunes conducteurs sont parfois enclins à prendre des risques. Moins expérimentés, ils sont donc plus souvent victimes d'accidents de la route. Initiateur de la « voiture à vivre », Renault a décidé de s’attaquer frontalement au problème. Le constructeur au losange mise sur la pédagogie en sensibilisant le jeune public à travers un message fort - la sécurité doit primer sur la vitesse - … et une offre disruptive baptisée Safety Car. Elle consiste à brider une Clio V à 110 km/h, la vitesse maximale autorisée par le code de la route pour les conducteurs titulaires d’un permis probatoire.

Les propriétaires d’une Renault Clio V compatible avec le dispositif [certaines motorisations et modèles ne sont pas compatibles, ndlr] ont la possibilité de faire brider leur véhicule à 110 km/h en prenant rendez-vous dans un atelier Renault Care Service. À la fin de la période probatoire, le conducteur peut faire débrider son véhicule, moyennant 59 euros.

Lancé en France au début des années 2010, le dispositif Ford MyKey propose une solution de contrôle parental embarqué, disponible sur la gamme Ford vendue outre-Atlantique et en Europe. Il permet de paramétrer une clé secondaire à l'adresse des jeunes conducteurs durant leurs premières années au volant. Dotée d'une puce électronique, cette seconde clé de contact, peut-être configurée par les parents. Une fois la clé insérée dans le démarreur, les réglages enregistrés sur la puce s'appliquent automatiquement : vitesse maximale limitée, alerte sonore maintenue tant que les ceintures de sécurité ne sont pas bouclées, activation des aides à la conduite et impossibilité de désactiver l’ESP.

Pour certains spécialistes de la sécurité routière, le bridage des véhicules à destination des jeunes conducteurs serait une piste crédible, notamment dans le cadre familial. « C'est une idée intéressante pour les parents qui pourraient confier leur véhicule récent à leur enfant qui commence à conduire seul, en imposant des garde-fous plus stricts », explique Christophe Ramond, directeur études et recherches de l'Association Prévention Routière. Dans un contexte où le non-respect des limitations de vitesse demeure le premier facteur d’accidents mortels chez les jeunes, ce type de dispositif peut répondre à l'inquiétude des familles, soucieuses de limiter la prise de risques de leur enfant au volant.

Mais selon l'expert, il ne faut pas circonscrire le problème aux jeunes conducteurs. « Il faut agir sur les facteurs qui contribuent aux accidents graves et mortels. Cela passe par la modération de la vitesse pour tous », précise-t-il, en rappelant que son association s’est opposée au retour de la limitation à 90 km/h sur les routes secondaires. « Si on augmente la vitesse de 10 km/h, les accidents sont plus graves. » Dans cette logique, l'association plaide également pour la généralisation des zones 30 en milieu urbain, ainsi que pour le déploiement de dispositifs de prévention de l’alcoolémie, comme les éthylotests anti-démarrage directement intégrés aux véhicules via des branchements simplifiés.