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Les seniors sont les plus impliqués dans les accidents routiers : vrai ou faux ?

Par Marine Madelmond

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Le domaine de la sécurité routière n'est pas épargné par les idées reçues. Parmi celles qui ont la vie dure, on peut noter la supposée surreprésentation des seniors dans les accidents de la route. Alors, sont-ils à tort catalogués comme mauvais conducteurs en raison de leur âge avancé ? Nous avons posé la question à un expert de la Prévention Routière.

Les personnes âgées moins impliquées mais...

Selon le bilan 2022 de la Sécurité Routière détaillé dans notre vidéo, ce sont en fait les jeunes conducteurs âgés entre 18 et 24 ans qui sont les plus impliqués dans les accidents de la route. En 2022, 549 personnes ont été tuées et blessées dans cette tranche d'âge, contre 386 personnes âgées de 65-74 ans et 496 personnes âgées de 75 et plus. On peut noter une différence significative entre ces deux dernières catégories d'âge. « Il y a senior et senior, souligne Christophe Ramond, directeur des études et recherches à la Prévention Routière. Jusqu'à 75 ans, on a des gens qui sont très expérimentés, qui sont prudents, qui sortent moins la nuit, qui globalement prennent beaucoup moins de risques sur la route que les plus jeunes. Passé 75 ans, on commence à voir des soucis et notamment du fait de la fragilité des individus. »

... plus fragiles !

Si les personnes âgées sont moins concernées dans les accidents de la route, ils sont en revanche plus vulnérables que les plus jeunes. Après un certain âge, les seniors deviennent plus fragiles physiologiquement. En cas d'accident grave, ils auront malheureusement moins de chances de survie. « Après 75 ans, on voit une remontée du risque de mortalité chez les personnes âgées, souligne aussi l'expert. Il y a plein de petits problèmes de santé ; des problèmes d'attention, un sommeil dégradé avec une vigilance dégradée la journée, des problèmes d'équilibre, des erreurs de jugement parce qu'ils ont des délais de réaction qui sont plus longs. On peut avoir des séniors qui sont piégés par la situation, qui peuvent provoquer un accident dont en général ils sont eux-mêmes la victime. »

Ce n'est d'ailleurs pas qu'au volant que les seniors sont particulièrement vulnérables. « Passé 75 ans, qu'ils soient à pied, à vélo ou en voiture, ils auront plus de chances d'être blessés ou d'être victimes d'un accident mortel de la circulation. »

Vers une visite médicale obligatoire ?

Pour répondre aux enjeux actuels de la sécurité routière, la commission transport du Parlement européen a adopté le 7 décembre 2023 le rapport de l'élue écologiste Karima Delli visant à rendre obligatoire une visite médicale tout au long de la vie d'un automobiliste, soit tous les 15 ans. Cette visite médicale se traduirait a minima par un test de vision. Le texte, qui pourrait être remanié, devrait être voté dans les prochains jours. Il conviendra à chaque État membre de décider d'instaurer ou non d'autres tests de santé obligatoires durant cette visite médicale imposée.

Il y a quelques mois en France, le gouvernement avait confirmé y être défavorable. « Quand on est une personne âgée, notamment dans les territoires ruraux, on a besoin de la voiture. La France ne soutient pas l’idée qu’on impose une forme de date de péremption pour le permis de conduire », avait confié Clément Beaune, alors ministre des Transports au micro de Sud Radio en octobre 2023.

Visite médicale imposée ou non, il est essentiel pour les seniors de demander conseil à leur médecin, qui peut les aider à maintenir leur capacité à conduire. « Le médecin va adapter soit le traitement soit les horaires de prise du médicament pour que ce soit compatible avec la conduite », conclut Christophe Ramond.