Péage en flux libre sur l'A13 : quel bilan après trois mois sans barrière sur l’axe Paris-Normandie ?

Le système de flux libre sur l’A13 et l’A14, qui permet aux automobilistes de circuler sur l’axe Paris-Normandie sans arrêt au péage, tient-il ses promesses ? Caroline Chaix, directrice de la communication du groupe Sanef, dresse pour nous un premier bilan du dispositif, quelques mois après sa mise en place. Temps de parcours, adoption par les usagers des nouvelles habitudes de paiement, optimisations techniques... Voici ce qu’il faut retenir de ce changement majeur intervenu sur l’axe Paris-Normandie.

Marine Madelmond
Autoroute A13 en flux libre.
Selon les estimations du groupe Sanef, depuis le mois de décembre 2024, pas moins de 16 millions de passages sous les portiques ont été recensés. ©Roole

Depuis juin 2024, l’A14 entre La Défense (Hauts-de-Seine) et Orgeval (Yvelines) a adopté le péage en flux libre. Le dispositif a été étendu à l’A13, qui relie Paris à Caen (Calvados), au mois de décembre 2024. Ce système de flux libre mis en place par le groupe Sanef permet aux automobilistes de circuler sans s’arrêter aux barrières de péage, le paiement s’effectuant dans les 72 heures après leur passage sous les nouveaux portiques, dotés de capteurs et caméras.

Du temps gagné sur le trajet  

Ce dispositif de flux libre a pour objectif d’améliorer la circulation sur cet axe très fréquenté aux heures de pointe, mais aussi lors des week-ends prolongés et des vacances, périodes durant lesquelles de nombreux Parisiens prennent la route pour la Normandie. Alors, qu’en est-il trois mois après sa mise en place ? S’il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions définitives, le bilan semble déjà positif pour la Société des Autoroutes du Nord et de l'Est de la France (SANEF). Selon Caroline Chaix, directrice de la communication de Sanef, le dispositif a bien fonctionné lors des vacances de Noël, puisqu'il a permis une circulation sans embouteillages. « Selon nos estimations, un automobiliste peut gagner jusqu’à 30 minutes sur un trajet Paris-Caen lors des grandes affluences. » Mais le véritable test interviendra au moment des grands départs du mois de mai, puis lors des chassés-croisés des vacances d’été.

200 panneaux ont été installés sur l'A13 pour annoncer le flux libre. ©Roole
200 panneaux ont été installés sur l'A13 pour annoncer le flux libre. ©Roole

70 % des véhicules équipés d’un badge de télépéage 

Depuis le mois de décembre 2024, pas moins de 16 millions de passages sous les portiques ont été recensés par Sanef. « Le système a été rapidement assimilé et adopté. Environ 90 % des passages sont payés spontanément, via les badges télépéage ou le site. »

Pour le paiement, le badge télépéage est majoritaire : 70 % des usagers de l’axe Paris-Normandie utilisent un badge télépéage en semaine. Le chiffre tombe à 50 % le week-end, en raison d'une plus faible représentation des professionnels et des habitués, largement équipés du badge. 700 000 usagers ont décidé de créer un compte client, qui leur permet de recevoir une notification par mail les invitant à s'acquitter du montant de leur péage dans un délai de 72 heures. « Parmi ces 700 000 clients, 10 % ont choisi d’associer leur plaque d’immatriculation à leur carte bancaire, ajoute Caroline Chaix. C’est un excellent moyen d’alléger la charge mentale liée au paiement en ligne. » Avec cette méthode, plus besoin d’y penser, les frais de péage sont prélevés automatiquement sur le compte bancaire de l’usager, comme avec le badge télépéage. Certains automobilistes - beaucoup moins nombreux - préfèrent régler leur trajet dans l'un des 7 000 points de paiement agréés Nirio, dont la liste est consultable sur le site de sanef.com.

Bon à savoir

Les portiques sont équipés de capteurs et de caméras permettant d’identifier les véhicules via leur plaque d’immatriculation ou leur badge de télépéage. Des antennes sont également installées pour analyser le gabarit des véhicules et déterminer la classe de péage correspondante.

Quelques couacs sous les portiques 

Depuis la mise en place du flux libre sur l’axe Paris-Normandie, des automobilistes équipés de badges de télépéage ont signalé des anomalies : leur passage n’a pas été détecté correctement et le « bip » du badge ne s’est pas déclenché. En réaction à ces incidents - moins de 1 % des passages selon Caroline Chaix - le groupe Sanef affirme que des optimisations ont été réalisées pour améliorer la sensibilité des capteurs et éviter les erreurs. « Désormais, si un badge n’est détecté que par trois portiques sur quatre, un opérateur du centre de relation client (CRC) effectue immédiatement un rattrapage automatique. Les signalements de ce type sont en nette diminution. »

Autoroute en flux libre ne veut pas dire autoroute gratuite. Les automobilistes qui empruntent l’A13 et l’A14 doivent payer leurs trajets. ©Roole
Autoroute en flux libre ne veut pas dire autoroute gratuite. Les automobilistes qui empruntent l’A13 et l’A14 doivent payer leurs trajets. ©Roole

96 % des plaques d’immatriculation identifiées 

Autre défi : la reconnaissance des plaques et la bonne classification des véhicules. En cas de doute, les opérateurs de la société d’autoroute comparent les données des portiques avec la plaque d’immatriculation du véhicule et procèdent aux corrections nécessaires. Par exemple, une camionnette transportant une échelle sur le toit pourrait être mal catégorisée - les capteurs assimileraient la camionnette à un camion en raison de son gabarit - lors de son passage sous les portiques. Dans ce cas, « une intervention humaine permet d’ajuster le tarif en fonction de la classe du véhicule afin de garantir une transaction correcte, assure Caroline Chaix. Le système identifie 96 % des plaques avec précision. Pour les 4 % restants, une partie est corrigée manuellement avant la validation finale, ce qui limite ainsi le nombre d’erreurs, qui demeure très faible. »

Bon à savoir

Si le paiement n’est pas effectué sous 72 heures, un avis de paiement est envoyé à l’adresse figurant sur la carte grise du véhicule. Une indemnité forfaitaire de 10 euros s’ajoute au montant du péage si le règlement intervient sous 15 jours, puis passe à 90 euros au-delà. Après 63 jours sans paiement, la Sanef transmet le dossier aux autorités et l’infraction devient une contravention de 4ᵉ classe, passible d’une amende pouvant atteindre 375 euros.

Des travaux prévus jusqu’en 2027 

À proximité des anciennes barrières de péage, la prudence est de mise. Les travaux de démantèlement en cours, prévus jusqu’en 2027, augmentent le risque d’accident. Sanef prévoit d’intensifier la communication sur ces zones à risque.

Alors que le péage en flux libre s'est imposé sur l'A13 et l'A14, son déploiement sur d'autres axes du réseau ne semble pas à l'ordre du jour. Sanef confirme que ces autoroutes resteront en flux libre et que l’accompagnement des usagers se poursuivra, notamment à travers des actions pédagogiques et la poursuite des travaux de déconstruction des anciennes barrières. Pour l’instant, aucun autre projet similaire n’est prévu sur les axes du réseau Sanef. « L’avenir est tout tracé. Les autoroutes A13 et A14 sont en flux libre et vont le rester. Nous allons continuer d’accompagner les usagers et de sensibiliser au fonctionnement du péage en flux libre, tout en poursuivant les travaux de déconstruction pour redonner à l’autoroute une trajectoire rectiligne, en redonnant à la nature tous les terrains occupés auparavant par les barrières de péage. »

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