Péage en flux libre sur l'A13 : « Tant que je n'ai pas le badge, je n'irai pas à Deauville »

Depuis 2024, adieu les barrières de péage sur l’autoroute A13, entre Paris et Caen, ainsi que sur l’A14 entre La Défense (Hauts-de-Seine) et Orgeval (Yvelines). Le péage en flux libre marque une nouvelle étape dans la modernisation du réseau autoroutier français. Mais si ce dispositif vise à faciliter la vie des conducteurs en fluidifiant le trafic, il soulève aussi des inquiétudes.

Lancé pour la première fois en 2022 sur l’A79, le péage en flux libre continue sa progression. Malgré des campagnes d'information menées par les sociétés d'autoroutes, un important dispostif signalétique sur l'axe, et une communication régulière dans la presse, de nombreux conducteurs ignorent encore comment le flux libre fonctionne. Les témoignages recueillis lors de notre micro-trottoir à Rouen montrent qu'une zone d'ombre persiste sur le flux libre : certains automobilistes découvrent qu'ils sont sur une autoroute sans barrière de péage une fois engagés dessus.

Le péage en flux libre vise avant tout à fluidifier la circulation sur des axes particulièrement empruntés, notamment aux heures de pointe, durant les week-ends prolongés et pendant les périodes de vacances. Un pari réussi selon une conductrice croisée à Rouen, qui espère même voir ce dispositif étendu aux autres grands axes autoroutiers. « Sur l'A13 ça fonctionne très bien, donc j'imagine que si on fait ça sur des autoroutes, comme l'A7, ça va fluidifier beaucoup de choses. »

Ce nouveau modèle implique un changement d'habitudes et de l'adaptation. Plus de ticket à prendre, ni de barrière à franchir : les portiques détectent automatiquement la plaque d'immatriculation ou le badge télépéage apposé sur le pare-brise. Les automobilistes sans abonnement doivent ensuite régler leur trajet dans un délai de 72 heures, en ligne ou dans l’un des 6 000 points de paiement agréés Nirio. Un procédé qui peut inquiéter certains. « Je trouve que c'est compliqué pour des personnes un peu plus âgées d'aller sur cette application. Et puis il y a tellement de fraudes avec les cartes que ça fait peur en fin de compte. Le progrès fait peur », s'inquiète une Rouennaise.

Pour ceux qui n’utilisent pas de badge, le risque d’oubli est réel, et il inquiète. « Dernièrement, on a pris l’avion juste après avoir emprunté l'A13. Il a fallu trouver un accès Wifi, pour pouvoir payer à l’étranger dans les 72 heures, raconte un automobiliste. Quand on arrive sur son lieu de vacances, ce n’est pas la première chose à laquelle on pense. » Cette charge mentale pourrait être évitée selon un passant. « Comment bien souvent en France, dès qu'on veut digitaliser ou simplifier, on finit par faire plus de corvées qu'initialement. Tu as une charge mentale avec un échange de mails, et ce n'est même pas écologique. »

D’autres préfèrent purement et simplement éviter le trajet : « Je ne prendrai pas l’A13 à cause de ça et je n’irai pas à Deauville. Tant que je n’ai pas le badge télépéage, je n’irai pas à Deauville », lance une conductrice.