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Les coulisses du métier de patrouilleur autoroutier : « Faites attention à nous ! »

Par Marine Madelmond

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Ils sont les premiers à intervenir en cas de danger sur l’autoroute. Eux, ce sont les patrouilleurs. Leur métier : assurer la sécurité des usagers mais pas que ! Nous avons patrouillé avec l’un d’eux pendant quelques heures. L'occasion aussi de faire le point sur les règles de sécurité à respecter pour assurer, à notre tour, leur sécurité.

Patrouilleurs autoroutiers : des couteaux suisses en première ligne

Chaque jour, dans le cadre de son métier, Jérémy Puges, ouvrier autoroutier basé à Morainvilliers dans les Yvelines, parcourt plusieurs centaines de kilomètres sur les autoroutes A13 et A14, dans un périmètre situé entre Nanterre et Buchelay en Ile-de-France. Ancien conducteur routier, il est devenu patrouilleur il y a deux ans. Son quotidien est rythmé par diverses interventions ; déplacements lors d’accidents et pannes, ramassage d’objets sur les voies, balisage ou encore entretien des aires de repos… En véritable couteau suisse, l’ouvrier autoroutier jongle entre ses différentes missions. « Les agents interviennent sur plusieurs volets : la gestion des événements sur le tracé autoroutier, la mise en sécurité des entreprises extérieures avec la pose de balisage et l’entretien des infrastructures de l’autoroute », nous explique Guillaume Berezay, chef du centre d’opération situé à Morainvilliers.

Le rôle du patrouilleur est d'être les yeux du poste de contrôle qui est situé à Rouen.

Guillaume Berezay

Durant ses patrouilles sur son réseau, Jérémy peut aussi être directement déclenché par le poste de contrôle de sécurité basé à Rouen et équipé de caméras de surveillance. Le patrouilleur est généralement le premier à arriver sur la zone à sécuriser. Au volant de son fourgon, c’est vers l’inconnu qu’il s’élance à chaque intervention. « On ne sait jamais vraiment sur quoi on va tomber, il faut toujours qu’on soit à l’affut et que l’on s’assure qu’il n’y ait pas d’anomalies qui pourraient mettre en danger les usagers. Dès qu’on peut intervenir, on intervient », nous confie-t-il.

Bon à savoir

Au fil de son parcours professionnel, un agent autoroutier est formé au cours de plusieurs modules : interventions d’urgence, balisage, traversées sur les voies… Durant ses premiers pas, l’agent autoroutier junior est accompagné lors de ses interventions avant d’être complètement autonome et seul dans son fourgon d’intervention.

On est généralement les premiers à être déclenchés pour sécuriser une zone.

Jérémy Puges

Avant de prendre la route sur cet axe Paris-Normandie bientôt débarrassé de ses barrières de péage, Jérémy commence toujours par un tour complet du camion et de ses équipements. Matériel (cônes de signalisation, pelles, balais, produits absorbants…), état des pneumatiques, plaques lumineuses… Tout doit être contrôlé pour travailler dans les meilleures conditions sur cette portion d’autoroute très largement empruntée. « Sur cet axe, il y a énormément de trafic. Et forcément plus il y a du monde sur la route, plus il y a d’événements à gérer. »

Nous protéger malgré les risques

Lundi 20 novembre 2023, un agent autoroutier de la SAPN (Société des autoroutes Paris-Normandie) est décédé alors qu’il était en intervention au niveau du viaduc du Grand-Canal, sur l’A29, près du Havre. Un drame qui vient rappeler la dangerosité de ce métier, malgré toutes les précautions prises par les équipes.

Un accident durant une intervention, c’est ce que redoute le plus Jérémy. « Le fait d’avoir des patrouilleurs ou des véhicules de balisage qui se font percuter, c’est encore trop courant malgré toute la prévention, déplore-t-il. Ça nous touche forcément. On a toujours l’appréhension que ça nous arrive aussi. Le risque zéro n’existe pas. »

À date, 128 accidents impliquant des patrouilleurs sont à déplorer depuis le début de l’année 2023, toutes sociétés concessionnaires autoroutières confondues (dont APRR, Vinci et Sanef), pour un bilan de 21 blessés et un décès. En 2022, le chiffre était tout aussi désolant : 169 accidents, 16 blessés et 4 tués. La Sanef rappelle aujourd’hui « qu’en moyenne, trois accidents impliquant du personnel autoroutier ont lieu chaque semaine ». Il est grand temps de tirer la sirène d’alarme !

Le corridor de sécurité : la barrière invisible qui protège

De nombreux accidents impliquant un ouvrier autoroutier sont dus au comportement à risque des automobilistes : téléphone au volant, somnolences, non-respect des distances de sécurité… « Je vois tous les jours des conducteurs sur leur smartphone ou qui ne respectent pas les distances, dénonce le patrouilleur. C’est ce qui nous met nous, patrouilleurs, en danger lorsque nous sommes en intervention. Les automobilistes doivent se rendre compte que c’est vraiment important de respecter le corridor de sécurité. »

Les panneaux du corridor de sécurité :

Les trois panneaux du corridor de sécurité. ©Roole
Les trois panneaux du corridor de sécurité. ©Roole

Instauré par le décret du 17 septembre 2018, ce dispositif consiste en une barrière invisible que doit respecter un conducteur à l’approche d’un véhicule équipé des feux spéciaux ou de feux de détresse au ralenti ou à l’arrêt sur la chaussée. Cette règle est indiquée par trois panneaux placés successivement sur 300 mètres, qui décrivent les trois étapes du corridor de sécurité : « Je ralentis », « je m’éloigne » puis « je change de voie si possible ». Des règles simples qui peuvent épargner des vies. « Surtout soyez prudents sur la route et restez vigilants. Faites attention à nous, on vous le rendra bien ! », conclut Jérémy dans notre reportage vidéo.

Bon à savoir

Selon l’édition 2021 du baromètre européen de la conduite responsable de la Fondation VINCI, 69 % des interrogés admettent ne pas respecter ce corridor de sécurité, et 28 % reconnaissent ne pas en connaître la règle.