80 % des Français utilisent leur téléphone au volant

Coups de fil, SMS, notifications… En 20 ans, l’usage du téléphone au volant a explosé, et c'est d'autant plus vrai pour les Français qui conduisent des voitures de société. C’est l’une des conclusions du nouveau baromètre de l’association Axa Prévention sur le comportement des Français sur la route, publié le lundi 30 septembre 2024.

Eva Gomez journaliste pour le média Roole
Eva Gomez
un homme consulte son smartphone alors qu'il est au volant d'une voiture
31% des Français admettent consulter ou envoyer des SMS au volant. ©iStock

« Il y a 20 ans, 20 % seulement des répondants à notre baromètre avouaient passer de temps en temps un coup de fil au volant. Aujourd’hui, les Français sont 46 % à déclarer téléphoner en conduisant et ils sont 80 % à utiliser leur smartphone au volant pour au moins un autre usage », précise le président de l’association Axa Prévention, Éric Lemaire, à l’occasion de la publication du nouveau baromètre 2024 sur le comportement des Français sur la route. Parmi les usages relevés : 41 % des répondants avouent paramétrer leur GPS en roulant, 31 % consultent ou envoient des SMS et 22 % consultent leurs notifications. Certains reconnaissent même regarder des épisodes de série ou faire des jeux. Chaque année, la part des Français qui admet utiliser son téléphone au volant ne cesse d’augmenter : elle a pris 34 points entre 2016 et 2024.

Un usage encore plus développé chez les conducteurs de voitures de société

« Cette hyperconnexion est très dangereuse ! On retrouve ce phénomène de façon encore plus marquée chez les conducteurs de voitures de société », souligne Éric Lemaire. Parmi les Français qui font des trajets professionnels, 97 % utilisent leur téléphone au volant, 57 % consultent ou envoient des SMS et 24 % participent même à des réunions de travail. « C’est devenu une addiction et ça implique une sorte de crise de l’attention au volant. Il ne faut pas que la voiture devienne le 2e bureau des Français », s’inquiète le président de l’association. Le monde numérique s’invite de plus en plus dans l’habitacle des voitures françaises et ce n’est pas une bonne nouvelle pour la sécurité routière : l’inattention est la 4e cause d’accidents mortels sur la route. Sur les trajets professionnels, 31 % des accidents mortels sont liés à l’inattention.

Bon à savoir

Quand on regarde son téléphone au volant, on multiplie par 3 le risque d’accident mortel. Ce risque est multiplié par 23 si l’on envoie un SMS !

Zones 30, limitations en ville, fatigue au volant : peut mieux faire

L’usage du téléphone n’est pas le seul comportement à risque relevé par ce baromètre. 66 % des automobilistes avouent passer au feu orange et 69 % admettent rouler à 40 ou 50 km/h dans les zones limitées à 30 km/h. 27 % reconnaissent même avoir déjà roulé à 65 km/h en ville. « Ils sont également 34 % à conduire 4 ou 5h d’affilée sans s’arrêter. Or, on sait que la fatigue est l’une des causes principales d’accidents mortels en particulier sur l’autoroute », souligne le président d’Axa Prévention.

La vitesse et l’alcool au volant reculent, la courbe de mortalité aussi

Mais en 20 ans, d’autres comportements à risques ont quant à eux évolué dans le bon sens. « Il y a une vraie sensibilisation des Français et une prise de conscience sur les risques routiers, notamment sur l’alcoolémie », se félicite Éric Lemaire. « En 2004, lors de notre premier baromètre, 12 % des Français reconnaissaient conduire après avoir bu. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 7 %. Et 91 % dénoncent l’alcool au volant comme étant un fait très grave », poursuit-il. Même chose pour les grands excès de vitesse, qui sont de plus en plus rares. « En 2004, 29 % des Français reconnaissaient rouler à plus de 170 km/h sur l’autoroute. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 8 % », relève Éric Lemaire.

Bon à savoir

Les principaux facteurs d’accidents de la route sont la vitesse, l’alcool, la consommation de stupéfiants et l’inattention.

En deux décennies, le nombre de morts sur les routes a quasiment été divisé par deux. Ils étaient 6 000 en 2004, on en compte désormais 3 200. « Il y a des évolutions positives et un grand chemin a été parcouru en termes de prévention, mais aussi de répression », estime Florence Guillaume, déléguée interministérielle à la sécurité routière. « Mais il reste encore beaucoup de choses à faire, autour de l’usage du téléphone bien sûr, mais aussi sur le partage de la route, entre les automobilistes et les usagers plus vulnérables des mobilités douces telles que le vélo ou les trottinettes », conclut-elle.