Fatigue et somnolence au volant : les bons réflexes pour éviter l'accident

Après plusieurs heures au volant, les premiers signes de la fatigue peuvent se faire ressentir… Mais comment les détecter avant qu’il ne soit trop tard et que faire quand ils apparaissent ? Voici quelques conseils à garder en tête avant de faire de longs trajets en voiture.

Eva Gomez journaliste pour le média Roole
Eva Gomez
Le saviez-vous ? Rester 17 heures éveillé produit les mêmes effets sur l'organisme qu'une consommation excessive d'alcool ! ©iStock

En avril 2024, une étude d’Opinion Way pour Bultex révélait que 31% des automobilistes évitent de faire des pauses sur des trajets moyens ou longs en voiture, afin d’arriver plus vite à destination… A l’approche des vacances d’été, vous êtes peut-être en train de planifier de longs voyages en voiture, et l’un des fléaux de ces longs trajets n’est autre que la fatigue, qui peut s’installer progressivement et vous mettre en danger sur la route. En effet, la somnolence est la première cause de mortalité sur l'autoroute… Pour repérer cette fatigue, certains signes ne trompent pas ! Quels sont-ils et comment mieux gérer la fatigue au volant ? On fait le point.

Fatigue et somnolence : quelle différence ?

Pour commencer, la Sécurité Routière rappelle qu’il faut bien distinguer fatigue et somnolence. « La fatigue, c’est la difficulté à rester concentré. (…) La somnolence, c’est la difficulté à rester éveillé, avec le risque d’endormissement, quelle que soit la longueur du trajet », est-il défini sur le site de l’institution. Les deux n’ont pas forcément les mêmes signes avant-coureurs :

  • Signes avant-coureurs de la fatigue : picotement des yeux, raidissement de la nuque, douleurs dans le dos, regard fixe…
  • Signes annonciateurs de la somnolence : bâillements, paupières lourdes, sensation d’avoir des absences…

Parmi les autres signes qui peuvent alerter, vous pouvez aussi ressentir un besoin de changer constamment de position ou sentir vos jambes s’engourdir.

Enfin, vous avez sûrement déjà entendu parler d'hypovigilance au volant, mais qu'est-ce que c'est ? Il s'agit d'un état intermédiaire entre la veille et le sommeil, durant lequel les facultés d'observation et d'analyse sont très réduites. Les signes avant-coureurs sont les mêmes que pour la fatigue et la somnolence, tout comme les conséquences : champ visuel rétréci, temps de réaction augmenté, mémoire à court terme altérée, mauvaise compréhension des règles routières… En bref, la vigilance du conducteur est restreinte et la conduite devient très dangereuse pour lui, les passagers de son véhicule, et pour les autres usagers de la route !

Bon à savoir

Les risques de somnolence n’existent pas seulement sur les longs trajets ! Les trajets du quotidien que l’on connaît par cœur ou les grandes lignes droites sont propices à cet état de somnolence, qui s'ajoute à une tendance des conducteurs à être moins vigilants sur ces routes.

Que faire quand on perçoit les premiers signes ? 

« En outre, la somnolence entraîne des périodes de micro-sommeil (de 1 à 4 secondes) pouvant être extrêmement dangereuses pour la sécurité de tous », précise la Sécurité Routière. Afin de prévenir la fatigue, il faut faire une pause toutes les deux heures. En revanche, pour lutter contre la somnolence, une simple pause risque de ne pas être suffisante. « La solution la plus efficace pour restaurer sa vigilance : s’arrêter dans un endroit sécurisé pour se reposer au moins un quart d’heure », est-il préconisé.

Et attention : il faut s’arrêter dès les premiers signes de somnolence ! « Les risques d’avoir un accident dans la demi-heure qui suit sont multipliés par 3 ou 4 », souligne Damien Léger, président du Conseil scientifique de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) sur le site de la Sécurité Routière. Et rien ne sert de lutter contre la somnolence car c’est tout simplement impossible : seul le repos peut vous permettre de repartir sur les routes en toute sécurité, alors garez-vous dans un lieu sûr et calme, baissez votre siège et détendez-vous… Et si vous réussissez à trouver le sommeil environ 15 minutes, c’est encore mieux !

Bon à savoir

Entre 2018 et 2023, les facteurs “alcool, drogues et médicaments” et “somnolence et fatigue” étaient présents dans 50 % des accidents mortels.

Les gestes à éviter

Ouvrir la fenêtre ou encore boire un café permet-il de lutter contre la fatigue ou de la somnolence ? La réponse est non. « Ouvrir votre fenêtre n’aura qu’un effet passager et les signes de fatigue réapparaîtront très vite », explique Actiroute sur sa page de prévention. Quant au café, son effet n’est pas immédiat et ne sera que de courte durée. Évitez aussi de mettre la musique à fond ou de fumer une cigarette : cela peut vous déconcentrer de la conduite. « En plus, la fumée réduit la quantité d’oxygène disponible dans l’habitacle et le manque d’air favorise l’apparition de la fatigue », ajoute Actiroute.

Bon à savoir

Pendant vos pauses sur la route, boire de l’eau et manger un petit encas (barre de céréale, fruit, fruits secs…) vous fera du bien. Il est également conseillé de marcher un peu et de s'étirer.

Comment éviter la fatigue et la somnolence au volant ?

Pour éviter de vous retrouver dans un état de fatigue ou de somnolence au volant, il faut autant que possible, dormir suffisamment avant de partir en vacances ou d’effectuer un long trajet. La dette de sommeil est la principale cause de somnolence et d'endormissement au volant… « Il est ainsi préférable de prendre la route après une nuit de sommeil réparateur et ne pas se lever à une heure inhabituelle. De même, il est déconseillé de partir après une journée de travail sans s’être reposé », préconise la Sécurité Routière. Et pour vous sentir le plus à l’aise possible au volant, veillez à n’avoir ni trop chaud ni trop froid : une température trop élevée favorise particulièrement la somnolence au volant. Enfin, bien sûr, il faut faire des pauses régulières sur la route : au moins une toutes les deux heures !

Bon à savoir

Une veille de 17 heures produit les mêmes effets sur l'organisme qu’une alcoolémie de 0,50 gramme par litre de sang. Le manque de sommeil augmente donc considérablement le risque d'accident !

Certaines pratiques sont également à bannir selon la Sécurité Routière : « Une vitesse excessive induit une fatigue supplémentaire, car la vitesse oblige le cerveau à traiter un plus grand nombre d’informations en un minimum de temps, la vision devant alors s’adapter en permanence », est-il précisé. De même, il faut éviter de prendre la route après avoir consommé des médicaments qui peuvent avoir comme effet secondaire des états de somnolence. « En France, plus d’un tiers des médicaments commercialisés sont munis d’un pictogramme mentionnant leur dangerosité potentielle en matière de conduite », rappelle la Sécurité Routière. Par ailleurs, il est déconseillé de prendre un repas trop lourd avant de prendre le volant, de consommer de l’alcool – même en petites quantités – ou encore de prendre la route de nuit entre 2 heures et 5 heures, ou après le déjeuner entre 13 heures et 16 heures.

Le conseil de la rédac

Si vous partez à plusieurs conducteurs, n’hésitez pas à alterner les périodes de conduite et de repos, et à changer régulièrement de conducteur. La route n’en paraîtra que moins longue à tout le monde !

Une formation pour se sensibiliser aux risques

Si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur la fatigue et la somnolence au volant, il existe des formations, dispensées par des organismes comme Actiroute (qui propose également des stages de récupération de points pour regagner des points perdus sur son permis de conduire). En une journée, vous pouvez en apprendre davantage sur les causes physiologiques de ces états, les différents facteurs qui les favorisent, les signes et les risques associés, et savoir comment repérer plus facilement les signes annonciateurs.