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« Femme au volant, mort au tournant » : on en parle ?

Par La rédaction de Roole

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Les idées reçues concernant l'automobile sont nombreuses et elles n'épargnent pas les femmes. « Femme au volant, mort au tournant », dit cette expression sexiste que l'on entend encore trop souvent. Cette théorie est-elle un minimum fondée ? Un expert de la sécurité routière nous répond.

En 2018, dans une enquête réalisée par Minute-Auto auprès de 2 132 femmes, 79 % des sondées affirmaient avoir été exposées à l'expression « Femmes au volant, mort au tournant », soit huit femmes sur dix. Et pourtant, cette croyance populaire ne repose sur aucune donnée fiable ! Non, les conductrices ne sont pas plus impliquées que les conducteurs dans les accidents routiers. Bien au contraire, nous explique Christophe Ramond, directeur des études et recherches à la Prévention Routière.

Les statistiques clairement en faveur des femmes

Selon le dernier bilan de l'accidentalité de la Sécurité Routière, il y a eu en 2022 3,5 fois plus d'hommes (2 545) que de femmes (722) décédés sur la route. La mortalité routière touche donc davantage la gent masculine, et de loin ! Puisque les fondements du fameux dicton ne sont pas à chercher du côté de la mortalité, allons voir ce que nous apprennent les chiffres relatifs à la responsabilité : quelle est la proportion de femmes présumées responsables d'accidents mortels ? Les chiffres sont encore plus nets : seules 16 % des personnes présumées responsables d'un accident mortel sont des femmes, contre 84 % d'hommes, toujours selon les statistiques de la Sécurité Routière.

Graphique des victimes graves selon le genre ©Roole
Graphique des victimes graves selon le genre ©Roole

Alcool, vitesse : les hommes prennent plus de risques

Comment expliquer cet écart ? La première grande différence entre hommes et femmes se trouve dans les contextes de circulation. « On retrouve plus d'hommes sur les routes de campagne, sur les routes un peu plus dangereuses. La nuit également, on a une surreprésentation d'hommes dans la circulation », souligne Christophe Ramond. En d'autres termes, il y a plus de kilomètres parcourus par des conducteurs que par des conductrices dans des contextes particulièrement à risque.

L'autre raison, et pas la moindre, ce sont naturellement les comportements sur la route. Lorsqu'on observe les principaux facteurs d'accidents mortels selon le genre, on s'aperçoit qu'il existe de fortes disparités entre hommes et femmes. Et que ce ne sont pas les femmes qui détiennent la palme des comportements de conduite les plus à risque ! « En termes de comportements à risques, c'est-à-dire les infractions à la vitesse, à l'alcool ou à la drogue par exemple, il y a une large prépondérance des hommes, aussi bien en termes d'infractions que d'accidents », argumente notre expert. La vitesse excessive ou inadaptée arrive en tête des facteurs d'accidents mortels, avec 30 % des cas pour les hommes, contre 18 % pour les femmes, suivie en deuxième position par l'alcool (25 % pour les hommes, 12 % pour les femmes). Les stupéfiants figurent en quatrième position avec 14 % de cas chez les hommes (7 % chez les femmes). Quant aux femmes présumées responsables d'accidents, elles sont plus concernées que les hommes par des facteurs tels que l’inattention (20 %), le non-respect des priorités (14 %), la somnolence ou la fatigue (6 %), les contresens (5 %) et l'éblouissement (5 %).

Le téléphone concerne tout le monde

C'est l'usage du téléphone au volant qui, malheureusement, met tout le monde d'accord. « Là où c'est un peu plus équilibré c'est pour l'utilisation du téléphone, qui concerne tout le monde sur la route, peut-être un peu moins les seniors », souligne Christophe Ramond dans notre vidéo. En effet, selon les statistiques, l'usage du smartphone intervient dans 3 % des accidents mortels pour les femmes et 1 % des cas pour les hommes.

D'où vient cette idée reçue ?

Les inégalités hommes-femmes dans la réussite au permis de conduire sont une origine possible de cette idée reçue selon laquelle les femmes seraient de mauvaises conductrices. En 2018, il existait en France un écart de 10 points entre les femmes et les hommes concernant la réussite à l'épreuve pratique du permis de conduire, d'après l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière. Le taux de réussite à l'examen serait en effet de 63 % chez les hommes contre 53 % chez les femmes. Un phénomène très lié aux stéréotypes de genre selon des chercheurs français, et un argument bien mince par rapport aux chiffres d'accidentalité... et d'infractions ! Il suffit de regarder du côté des retraits de points pour achever de se convaincre. Selon la Sécurité Routière, les hommes sont concernés par plus des deux tiers (65,4 %) des points retirés sur le permis de conduire : 10 646 112 points sur un total de 16 285 534 points. Et toc !