Garages fantômes : la nouvelle arnaque qui vise les acheteurs de voitures

Les escrocs redoublent d’ingéniosité pour soutirer des milliers d’euros à des automobilistes en quête de bonnes affaires. Derrière des annonces attractives et des garages en apparence bien réels se cachent parfois de véritables réseaux d’arnaques. Ces « garages fantômes » disparaissent du jour au lendemain, laissant les victimes sans véhicule et sans recours.

Marine Madelmond
Publié le 14/11/2025

Temps de lecture : 5 min

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Un mécanicien sur son téléphone dans un garage vide.
A Hastres dans les Hauts-de-France, une soixantaine de personnes auraient été victimes des mêmes escrocs. ©Envato

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Les « fantômes » semblent se multiplier sur les routes. Après l'affaire des freinages fantômes, une autre menace guette les automobilistes : celle des garages fantômes, de faux concessionnaires qui se font passer pour de véritables professionnels de la vente de véhicules avant de disparaître avec l’argent de leurs clients. Face à l’envolée de ces fraudes, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) intensifie ses contrôles pour débusquer ces escrocs aux pratiques toujours plus sophistiquées, qui s'appuient souvent sur des plateformes d’annonces en ligne ou des garages physiques frauduleux. Mais malgré ces efforts, les victimes restent nombreuses à travers le pays… Et les démarches pour s'en sortir compliquées.

À Haspres, une arnaque bien huilée

Le scénario est bien rodé : une annonce à prix cassé, un garage en apparence sérieux - local visible, numéro SIREN affiché - un paiement exigé sans délai… puis plus rien. Le local est déserté et les vendeurs volatilisés. À Haspres, près de Valenciennes dans les Hauts-de-France, la société MRV Car’s a escroqué plusieurs dizaines de clients avant de disparaître.

L’une des victimes, qui a souhaité garder l’anonymat, a témoigné auprès de France 3 Régions. Séduit par une offre particulièrement attractive pour un SUV Volkswagen noir affichant à peine 9 000 km, l’acheteur a pris rendez-vous avec les gérants. « J'ai fait un petit tour de dix minutes, un quart d'heure, j'ai testé un peu les performances du véhicule, les options. Je suis revenu, il m'a demandé si tout s'était bien passé et ensuite il m'a demandé de voir ça avec son frère au téléphone pour le côté administratif », a-t-il raconté. Convaincu d’avoir affaire à des professionnels, l'homme a par la suite versé la totalité du prix d'achat, soit près de 25 000 euros. Quelques jours plus tard, lorsqu'il est revenu pour récupérer son nouveau véhicule, il s'est retrouvé face à un garage vide. Les responsables s’étaient volatilisés. Selon la gendarmerie de Bouchain, une commune située à quelques kilomètres de Valenciennes, une soixantaine de personnes réparties dans toute la France auraient été victimes des mêmes escrocs.

Quels sont les recours en cas d'arnaque par un garage fantôme ?

Benjamin Philippon, avocat au Barreau de Tours, recommande aux victimes de « garages fantômes » d'agir vite pour dénoncer l’escroquerie aux autorités compétentes. « Il faut déposer plainte auprès de la gendarmerie, du commissariat ou directement auprès du procureur de la République », explique-t-il. Mais la procédure peut s’avérer longue et complexe, notamment lorsque les escrocs ont agi sous une fausse identité. « Dans ce cas, l’enquête devient très difficile. Il y a tout de même un certain nombre de démarches à effectuer et cela peut durer assez longtemps », prévient-il. Même en cas de condamnation, les chances de récupérer les sommes perdues restent faibles. « Si le vendeur est reconnu coupable et condamné, par exemple à 30 000 euros, le risque qu’il ne soit pas solvable est fort. Vous obtiendrez alors une décision favorable sur le principe, mais il y a peu de chances que vous récupériez votre argent », souligne l’avocat.

L’avocat précise qu’il existe une autre voie, civile cette fois : « La victime peut demander l’annulation de la vente au motif que le contrat n’a pas été respecté : elle a payé la somme due, mais n’a jamais reçu le véhicule. » Mais là encore, les démarches sont laborieuses…

Achat d'un véhicule : les signaux d’alerte à repérer

Avant de signer ou de verser le moindre acompte pour l'achat d'un véhicule, il est essentiel d'être vigilant. Certains indices doivent alerter les acheteurs : un prix anormalement bas, un virement de l'intégralité de la somme exigé avant la livraison, des véhicules impossibles à voir ou déjà « réservés », une entreprise récemment créée ou encore des documents promis pour « plus tard ». Autant d’éléments suspects qui doivent mettre la puce à l’oreille.

Le meilleur conseil : bien choisir son vendeur

Benjamin Philippon invite à faire preuve de prudence lors du choix du vendeur : « Le conseil que je peux donner, c’est d’acheter dans des garages reconnus, quitte à payer un peu plus cher. » L'avocat recommande également de privilégier les transactions locales : « Si vous habitez à Lille et que vous achetez un véhicule à Marseille, c’est le tribunal de Marseille qui sera compétent en cas de litiges. Vous devrez alors prendre un avocat sur place, et les démarches seront plus compliquées. » Enfin, il déconseille formellement les achats à l’étranger : « Dans ce cas et en cas de problèmes, la juridiction compétente ne sera pas française », rappelle-t-il.

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