Ventes aux enchères automobiles : un spectacle bien huilé

Les ventes aux enchères connaissent un succès grandissant. De plus en plus de particuliers profitent de ces événements hauts en couleur pour acquérir leur prochaine voiture d'occasion. Mais, comment se déroulent ces ventes et surtout, est-il vraiment possible d'y faire de bonnes affaires ? Prenez place, le spectacle va commencer.

Marine Madelmond
Au prix d'adjudication s'ajoutent toujours des frais supplémentaires ! ©Roole

Sous un temps maussade et bien inhabituel pour un mois de juillet en Nouvelle-Aquitaine, nous voilà arrivés dans la zone industrielle de Martillac, à quelques kilomètres de Bordeaux. Dans l'un des entrepôts, plusieurs centaines de voitures d'occasion sont exposées et mises à disposition par l'entreprise EnchèresVo. Au premier coup d'œil, on est loin d'imaginer qu'une vente automobile géante est prévue le jour même, mais à y regarder de plus près, on constate que tout est bien installé avant l'arrivée des potentiels acheteurs. En coulisses, les véhicules sont bien rangés et impeccablement nettoyés en vue de leur entrée sur scène. Au milieu du hangar trônent des gradins encore vides, preuve qu'un spectacle d'un genre particulier est attendu sous peu.

Les répétitions

À 8 heures, le bâtiment ouvre ses portes. Après un rapide passage au guichet des inscriptions, les acheteurs se mettent à déambuler dans les allées, tels des danseurs tournoyant autour de chaque véhicule repéré sur le site d'EnchèresVO. C'est l'heure de la répétition générale : l'inspection. Carrosserie, équipements, compte-rendu du contrôle technique, prix de départ… Tout doit être vérifié, contrôlé, comparé pour appréhender au mieux le moment de l'enchère. Si certains particuliers tentent seuls l'expérience, d'autres s'entourent de professionnels pour éviter les pièges du direct. « C'est important de venir contrôler la voiture avant la vente et je viens toujours avec un ami garagiste qui m'aide à inspecter la carrosserie et les équipements. Sans lui, je ne sais pas si j'oserais enchérir », nous confie un habitué.

« Notre cotation est systématiquement en dessous d'une valeur théorique que vous pourrez retrouver sur différents sites. »

Les stars, ce sont les prix

Le prix de départ, c'est lui la vedette. Il va conditionner la stratégie de l'acheteur et décider de sa volonté d'enchérir dans l'après-midi ou pas. Tous les participants viennent dans l'espoir de faire la bonne affaire, d'autant que les prix (de départ) sont attractifs. « Notre cotation est systématiquement en dessous de la valeur théorique que vous pourrez retrouver sur différents sites, nous explique Carlos, responsable du pôle cotation chez EnchèresVo. On va estimer de façon unique chaque voiture. »

Au prix d'adjudication (le prix final après enchères, ndlr), s'ajoutent des frais supplémentaires : des frais de gestion (de 12% en général) et de dossier (150 euros chez EnchèresVo). Le prix de départ est donc toujours inférieur au prix final. C'est donc lors des enchères que tout va se jouer. « Les affaires extraordinaires n'existent pas, souligne Guillaume Arnauné, commissaire-priseur et dirigeant de la société EnchèresVo. Cette notion de bonne affaire est biaisée puisque ce sont les gens qui participent à la construction du prix lorsqu'ils font monter les enchères. »

Bon à savoir

Lors d'une vente, le montant des enchères augmente généralement de 100 euros en 100 euros, c'est ce qu'on appelle le « pas d'enchère ».

Un ballet de coups de marteau

Auparavant considérées comme un marché réservé aux initiés, les ventes aux enchères sont aujourd'hui accessibles à tous, via des évènements organisés partout en France et aux plateformes sur Internet qui proposent des diffusions en live. Ce jour-là, une cinquantaine d'acheteurs présents dans la salle espèrent repartir avec un nouveau véhicule. Et tout va très vite : 50 voitures se succèdent en une heure devant le marteau du commissaire-priseur… un vrai défilé - citadines, SUV, thermiques, électriques - il y en a pour tous les goûts et tous les budgets.

Le commissaire-priseur enchaîne à une vitesse folle la lecture des fiches techniques et les « Adjugé, vendu » sont son refrain le plus diffusé. Dans l'assemblée, les mains se lèvent discrètement pour surenchérir. « J'aime bien, c'est le spectacle », assure une participante. « C'est comme un jeu, on perd ou on gagne », ajoute un autre. Mais pas question d'improviser. « Les enchères ne sont pas des achats impulsifs, ce sont des achats raisonnés », affirme Emmanuel Rolland, le directeur marketing et communication de l'entreprise. « Il faut prendre le temps de bien se renseigner, ce n'est pas réservé à des initiés ultra spécialisés », ajoute le commissaire-priseur.

La signature des autographes

Une fois la vente validée par le commissaire-priseur, l'acheteur se dirige vers les loges pour finaliser son achat. Dès le « Adjugé, vendu » prononcé, le dernier enchérisseur peut procéder au règlement de la facture. « Au coup de marteau, il y a un transfert de propriété immédiat. Aux enchères, il n'y a pas de leasing possible, l'acheteur doit régler la facture globale immédiatement par virement bancaire ou chèque de banque. » Et c'est ainsi qu'en quelques heures, d'heureux propriétaires tirent leur révérence au volant de leur nouveau véhicule.

Bon à savoir

Les compagnies d'assurances proposent désormais des « assurances provisoires » que l'acheteur peut fournir à l'organisme vendeur le jour de la vente aux enchères.