Des voiturettes électriques pour conduire les enfants au bloc opératoire

Donner la possibilité aux enfants malades de se rendre au bloc opératoire au volant d’une voiturette électrique, c’est l’idée lancée par Hopilote, qui parcourt la France pour faire don de ces bolides aux centres hospitaliers. L’hôpital des Quatre Villes en région parisienne, récemment équipé, a accepté de nous ouvrir les portes de son service pédiatrie. Reportage pour découvrir cette belle initiative, touchante, engagée et créatrice de liens.

Marine Madelmond

Elle s’appelle Julia, elle a 6 ans et elle s’apprête à être opérée au sein du centre hospitalier des Quatre Villes à Saint-Cloud en région parisienne. Dans les couloirs de l’hôpital, la petite fille carbure aux sourires au volant de sa voiturette électrique, oubliant presque la raison de sa présence. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la pilote d’un jour ne passe pas inaperçue… Virage à droite, virage à gauche, la fillette semble à l’aise sur ce circuit comme les autres. Et ce, pour le plus grand bonheur de ses parents et de l’équipe soignante… Anesthésiste, brancardier et infirmier, tous sont heureux de voir le visage enjoué de cette jeune patiente. Quelques jours plus tôt, ils ont reçu deux bolides pour les enfants malades. L’objectif : leur redonner le sourire avant l’entrée au bloc opératoire. Mission réussie !

Les deux voiturettes électriques distribuées au centre hospitalier des Quatre Villes à Saint-Cloud.
Les deux voiturettes électriques distribuées au centre hospitalier des Quatre Villes à Saint-Cloud.

Hopilote : une voiture qui redonne le sourire aux enfants malades

Depuis plus de cinq ans, les bénévoles de l’opération Hopilote, créée au sein de l’association Dauphin Handicap, parcourent la France pour distribuer ces voiturettes électriques. « Fin 2017, on a livré dix voiturettes à l’hôpital d’Orléans, se souvient David Giovannetti, le président de l’association. Après un appel aux dons, on s’est retrouvé avec 45 voiturettes financées. Beaucoup plus que ce qu’il nous fallait au départ ! On a créé une page Facebook pour proposer ces voiturettes à d’autres hôpitaux et on a eu tellement de demandes qu’on a relancé des appels aux dons. L’opération est née ainsi. » Depuis, pas moins de 400 voiturettes électriques ont été distribuées dans divers hôpitaux et cliniques de France.

On voit sur leur visage que les enfants sont vraiment détendus.

Senga Mave Chikuyuwe,
brancardier à l'hôpital des Quatre Villes.

David Giovannetti (à gauche), président de l’opération Hopilote et Jean-Pierre Gagick (à droite), parrain de l’association.
David Giovannetti (à gauche), président de l’opération Hopilote et Jean-Pierre Gagick (à droite), parrain de l’association.

Pour Jean-Pierre Gagick, l’un des parrains de l’association, le projet est aussi essentiel pour rassurer les parents, qui sont aussi très stressés durant ces moments. « L’initiative me touche forcément, nous confie le journaliste. L’enfant va vivre son arrivée au bloc de manière complètement différente. Au lieu de se retrouver sur un brancard, il se retrouve dans un petit endroit à lui. Je l’ai vécu avec ma fille, il n’y avait pas de petite voiture à ce moment-là. Et je suis persuadé qu’elle aurait largement préféré entrer dans le bloc avec une voiturette et passer quelques minutes à s’éclater avec son infirmier. »

D’autres personnalités soutiennent le projet, à l’image du pilote de Formule 1 Romain Grosjean, premier parrain de l’association à s’être lancé dans l’aventure, mais aussi Ariane Seguillon, Franky Zapata, Julien Fébreau ou encore le groupe de musique Ofenbach.

Des voiturettes personnalisées

Avant d’être distribuées, toutes ces voiturettes électriques – d’une valeur de 300 à 500 euros chacune – sont relookées avec des adhésifs signés de l’artiste Richard Orlinski. Certaines sont même dotées d’une petite radio intégrée. « On leur met un peu de musique, ça les détend, nous explique Senga Mave Chikuyuwe, brancardier à l’hôpital des Quatre Villes. On voit sur leur visage qu’ils sont vraiment détendus. Ils ont moins de pression et ils pensent un peu à autre chose. »

Même son de cloche pour le médecin anesthésiste du service. « Aller au bloc de façon ludique permet aux enfants de ne pas arriver dans des conditions stressantes, affirme Jean-Michel Garnier. Si le fait de pouvoir choisir leur "chemin de vie" leur permet d’être décontractés, je trouve ça très positif. Ça se passe très bien et les parents sont très contents. Dans ces situations, il ont parfois du mal à canaliser leur enfant et à gérer leurs pleurs... Grâce à ça, ils sont eux-mêmes moins stressés. »

Bon à savoir

Hopilote distribue désormais aussi des voiturettes électriques dans les EHPAD pour égayer les visites des enfants dans ces établissements. Une jolie façon de créer du lien entre l'ancienne et la nouvelle génération !