Conduite dangereuse : comment réagir face à un proche qui n’est plus apte à conduire ?

Vous avez peut-être, dans votre entourage, une personne dont la conduite vous paraît dangereuse. Mais comment réagir si vous pensez qu'elle n’est plus apte à prendre le volant ? Roole Média vous donne les clés.

Servane Nemetz rédactrice web
Servane Nemetz
Un homme remet des clés de voiture à une femme
Si vous pensez qu'un membre de votre entourage n'est plus en état de prendre le volant, commencez par en parler à ses autres proches pour vérifier qu'ils partagent ce constat. ©iStock/coffeekai

L’âge, certaines maladies chroniques ou les effets secondaires de traitements médicaux peuvent altérer la capacité à conduire en toute sécurité. Or, les personnes concernées ont souvent du mal à le reconnaître. Un membre de votre entourage n’est plus en état de prendre le volant et vous aimeriez l’aider ? Voici quelques pistes pour ne pas rester sans rien faire face à un danger potentiel.

Évaluer la situation objectivement

Avant d’agir, évaluez la situation. Le plus probant reste d'effectuer un trajet avec le proche en question. Pendant qu’il conduit, observez l’attention qu’il porte aux autres usagers, son temps de réaction et sa capacité à anticiper les obstacles. Soyez également vigilant quant à sa mobilité. Peut-il tourner la tête pour contrôler l’angle mort ? Parvient-il à utiliser les différentes commandes, comme les clignotants ou les essuie-glaces ? L’âge, par exemple, entraîne une diminution des réflexes, des troubles de la vision et une perte de la mobilité qui rend certains gestes difficiles à effectuer. Certains médicaments peuvent provoquer des états de somnolence ou des difficultés à se concentrer.

La multiplication des accrochages, même sans gravité, est souvent le signe que la personne n’est plus tout à fait apte à prendre la route.

Observez aussi ses capacités au quotidien. Si votre grand-mère ne vous entend pas quand vous sonnez, elle n’entendra pas non plus le coup de klaxon destiné à l’avertir d’un danger.

Enfin, n’hésitez pas à en parler avec les autres membres de la famille ou même les voisins pour savoir s’ils font le même constat. Vous pouvez également contacter le médecin traitant, même si celui-ci est soumis au secret professionnel. Il ne vous communiquera aucune information sur l’état de santé de votre proche, mais il pourra vous écouter et vous conseiller.

Bon à savoir

En France, certaines pathologies comme l’épilepsie doivent être signalées au moment de passer le permis. Elles ne sont pas synonymes d’interdiction à la conduite, mais les automobilistes qui en souffrent doivent faire l’objet d’un contrôle médical régulier.

Discuter avec la personne concernée

Le mieux est ensuite de discuter de la situation avec votre proche. Le but de cette conversation n’est pas qu’il vous rende immédiatement son permis de conduire et les clés de son véhicule, mais qu’il prenne conscience de ses difficultés et qu’il puisse y réfléchir.

Le sujet est délicat à aborder, pour vous comme pour le conducteur. Trouvez le bon moment pour en parler. Évitez d’avoir cette conversation dans la voiture, au milieu des embouteillages, quand votre proche est au volant !

Choisissez soigneusement vos mots. Plutôt que de mettre l’accent sur ses problèmes, parlez-lui de vos inquiétudes. Adoptez une communication bienveillante. Commencez vos phrases par « je » et mentionnez votre ressenti.

En action

Une phrase comme « Je m’inquiète pour ta sécurité et celle des autres quand tu conduis » est un bon moyen d’initier la discussion.

Proposer des solutions

Votre proche est peut-être déjà conscient de ses difficultés, mais il ne sait pas forcément comment y faire face. En effet, pour certains conducteurs, notamment en zone rurale, la voiture est indispensable à l’autonomie et à la vie sociale. Votre message sera mieux accueilli si vous proposez des solutions.

Mettre en place des aides pour le conducteur

Un automobiliste qui rencontre des difficultés sur la route n’est pas obligé d’arrêter de conduire. Il est possible de mettre en place des aménagements pour pallier ses problèmes physiques, par exemple. Un appareil auditif ou des lunettes adaptées suffisent dans certains cas. Si le manque de vigilance est lié à la prise d’un traitement, le médecin peut envisager un autre médicament, plus compatible avec la conduite.

Faire adapter le véhicule permet aussi de compenser une perte de mobilité. Des aménagements sont possibles comme l'installation d'une boîte automatique, d'une boule de volant, d'un cercle ou d'une manette d’accélérateur. Prenez conseil auprès d’un ergothérapeute.

Enfin, vous pouvez suggérer à la personne de faire un stage de remise à niveau en auto-école, afin qu’elle reprenne confiance, retrouve de l’assurance et mette à jour ses connaissances.

Adapter la conduite

Renoncer à sa voiture du jour au lendemain n’est pas une décision facile. Vous pouvez, dans un premier temps, établir avec votre proche de nouvelles règles (ne plus conduire aux heures de pointe, la nuit ou sur autoroute) afin de réduire progressivement son temps au volant et les risques inhérents.

Proposer des alternatives à la conduite pour préserver la mobilité et l’autonomie

Renseignez-vous sur le réseau de transports en commun. De nombreuses villes disposent également d’une offre de transport dédiée aux personnes âgées ou porteuses d’un handicap. Enfin, l’aide des proches et quelques ajustements (livraison des courses à domicile, par exemple) peuvent réduire la dépendance à la voiture, surtout en zone rurale.

Que faire si la discussion ne suffit pas ?

Parfois, la discussion ne suffit pas à changer les habitudes du conducteur. Si votre proche continue à conduire et que vous pensez qu’il représente véritablement un danger pour lui et pour les autres, vous pouvez alerter le préfet du département sur sa situation.

Vous devez pour cela envoyer un courrier à la préfecture de son lieu de résidence. Dans votre lettre, indiquez :

  • Votre identité et vos coordonnées ;
  • L’identité et les coordonnées de votre proche ;
  • Les faits observés (troubles médicaux, comportements dangereux, etc.).

Bon à savoir

Votre signalement est confidentiel. Votre identité ne sera pas dévoilée au conducteur.

Après lecture de votre lettre, si le préfet partage vos inquiétudes, il adresse un courrier à votre proche pour lui demander de passer un contrôle médical chez un médecin agréé. Le praticien rendra un avis à la préfecture, qui décidera alors :

  • De la suspension du permis de conduire ;
  • Du maintien temporaire ou non du permis de conduire ;
  • D’une autorisation de conduite avec restrictions.
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