5 choses à savoir sur le superéthanol E85
Avec l’explosion du prix de l’essence et du gasoil, le superéthanol E85 attire de plus en plus d’automobilistes. Grâce à sa fiscalité avantageuse, il permet d'importantes économies à la pompe. Avant de faire installer un boitier de conversion, voici 5 infos à connaître sur ce carburant.
On perd la garantie constructeur… en partie
Lorsque vous faites installer un boitier de conversion au bioéthanol sous le capot de votre voiture, vous devez d’abord vous assurer que le boitier est homologué et que votre installateur est agréé. Dans ce cas, vous bénéficiez d’une garantie sur le boîtier et les faisceaux qui s’y raccordent. L’installateur peut donc être tenu responsable en cas de problème consécutif à la pose du boitier.
Méfiance cependant car si votre voiture est déjà âgée et son kilométrage élevé, vous aurez bien du mal à prouver qu’une éventuelle panne est liée à l’installation du boitier… même pour les pièces en contact avec le carburant comme le moteur, le filtre ou la pompe à essence. En plus, le constructeur et l’installateur de boitier risquent de se renvoyer la balle à propos de leur responsabilité et, en attendant, votre voiture est immobilisée.
Modifier son certificat d'immatriculation est obligatoire
En cas de pose d'un boitier superéthanol E85, modifier sa carte grise est indispensable pour circuler en toute légalité. Votre voiture est homologuée pour rouler avec un certain type de carburant et ce dernier figure sur le certificat d'immatriculation. Si vous convertissez votre automobile au carburant E85, vous modifiez sa source d’énergie. Il est alors nécessaire de le faire apparaître sur le certificat d’immatriculation… comme on fait apparaître son nouveau nom sur sa carte d’identité après un mariage.
La démarche doit être réalisée par le propriétaire du véhicule grâce aux quatre documents fournis par l’installateur : la facture de pose, le prototype d’installation, le certificat de conformité et celui des Mines. Elle s’effectue sur Internet sur le site de l’ANTS et elle vous coûte le montant de la taxe fixe, soit 15 € environ. Vous recevrez alors directement à votre domicile votre nouvelle carte grise avec l’indication FE (flexfuel) à la place de ES (essence).
Ne vous soustrayez pas à cette obligation car vous ne seriez pas assuré en cas d’accident et vous serez recalé au contrôle technique. Et pensez également à signaler cette modification à votre assurance.
Bon à savoir
Depuis l’arrêté modificatif du 19 février 2021, les véhicules de 15 CV et plus ainsi que ceux équipés d’un filtre à particules peuvent bénéficier de la pose d’un boîtier E85 homologué.
Il est plus vertueux que l’essence
Convertir sa voiture au superéthanol E85 n'a pas pour unique avantage de vous faire réaliser des économies à la pompe. Ce carburant a également un intérêt sur le plan écologique. Non pas que les véhicules roulant à l’E85 ne rejettent pas de CO2, mais ils émettent le CO2 que la plante, qui a permis de produire le carburant, a absorbé durant sa vie… sans oublier, bien sûr, le CO2 émis par le complément d’essence. Pour rappel, le carburant E85 contient de 65 % à 85 % de bioéthanol, l’appoint étant fait avec de l’essence. Au final, un véhicule circulant à l’E85 émet deux fois moins de dioxyde de carbone que son équivalent essence.
La nature végétale et donc non fossile de ce carburant engendre également une réduction de 90 % des émissions de particules fines et de 30 % des oxydes d’azote, toujours en comparaison avec le super sans plomb 95.
Un bémol cependant : la production intensive d’éthanol exigeant de grandes surfaces agricoles, celle-ci pourrait entrer en concurrence avec les cultures alimentaires. À grande échelle, ce sont les biocarburants de seconde génération qui sont promis à un bel avenir, ceux issus de la transformation de la lignocellulose contenue dans les résidus agricoles et forestiers, dans des plantes dédiées ou de la valorisation de certains déchets industriels.
Vigilance de rigueur avec la compatibilité
D’abord, il est bon de rappeler que seules les voitures essence peuvent être converties au superéthanol. Dans l’absolu, les modèles apparus depuis 20 ans sont dits tri-carburant car leurs durits sont calibrées pour accepter le sans plomb 95, le sans plomb 98 et le superéthanol. Mais avec le E85, les mauvaises surprises existent et leurs conséquences sont souvent graves. Pour savoir si votre voiture, en particulier, est compatible, le mieux est de prendre plusieurs avis auprès du constructeur, d’un installateur de boîtier, voire de forums consacrés au sujet pour partager l’expérience d’un utilisateur possédant le même véhicule que vous.
Attention : introduire directement du carburant E85 dans son réservoir, sans adaptation préalable, est une grosse erreur. Il y a de forte chance que votre voyant d’injection s’allume rapidement pour indiquer que le mélange absorbé par le moteur est trop pauvre… Avec pour principale conséquence d’augmenter la température dans les cylindres. Cela peut alors conduire à la fonte d’un piston ou à la mise hors service d’une bougie… et donc à la casse moteur, à terme.
Les moteurs connus pour leur problème de fiabilité ne sont pas adaptés au carburant E85. Avec ou sans boitier, mieux vaut les en préserver. Des modèles récents sont même réputés pour la fragilité anormale de leurs injecteurs. Conscients du problème, certains constructeurs ne manquent pas de stocker ces pièces en grande quantité afin d’anticiper leur remplacement. Confronter ces pièces au superéthanol augmente donc encore le risque de panne. Chez les marques allemandes et japonaises, la capacité technique à rouler au bioéthanol remonte même au milieu des années 1990. Mais les mauvaises exceptions existent.
Bon à savoir
Il existe une alternative à l’installation d’un boitier pour convertir un véhicule au superéthanol E85 : la reprogrammation de la gestion électronique du moteur. Dès lors qu’elle est réalisée par un professionnel et qu’elle n’augmente pas la puissance du moteur, cette intervention commence à être officiellement acceptée par certains assureurs. Moins chère que l’installation d’un boîtier de conversion, la reprogrammation peut s’avérer plus efficace. Prudence néanmoins : elle est surtout valable sur les véhicules récents et présente un risque au niveau de la garantie constructeur.
Une filière bleu, blanc, rouge !
Produit en France, dans une quinzaine d’usines réparties sur tout le territoire, le bioéthanol est principalement fabriqué à partir de céréales, comme le blé ou le maïs, mais aussi de betteraves sucrières ou de divers résidus agricoles comme le pépin de raisin.
La filière bioéthanol emploie 9 000 personnes en France et participe à l’indépendance énergétique de notre pays.