Voitures électriques : le gouvernement vise 800 000 ventes en 2027
Les professionnels du secteur automobile étaient reçus le lundi 6 mai à Bercy pour signer le nouveau contrat stratégique de la filière. L’ambition est d’atteindre les 800 000 voitures électriques vendues en France dès 2027.
Le lundi 6 mai 2024, les professionnels du secteur automobile, l’Etat et les Régions ont signé le nouveau contrat de filière pour la période 2024-2027. Celui-ci prévoit notamment de multiplier par quatre les ventes de voitures 100% électriques d’ici à 2027, par rapport à 2022. « Tout le monde est engagé dans ce contrat de filière pour que l’industrie automobile française reste au XXIe siècle l’une des championnes de l’automobile au niveau mondial », a déclaré le ministre de l’économie Bruno Le Maire à l’issue de la réunion de filière. « C’est dans notre intérêt d’accélérer la transition électrique. Elle représente plus d’investissements au cours des dernières années que nous en avons eu en 50 ans dans l’industrie automobile française : ce sont des nouvelles filières avec les gigas factories de batteries électriques et 20 000 emplois prévus, de nouveaux moteurs qui vont voir le jour, de nouveaux véhicules, de nouvelles compétences et de nouveaux savoir-faire pour le territoire français », a-t-il poursuivi.
Bon à savoir
La filière automobile (industrie et services) emploie près d’un million de personnes en France.
« Une nation de production de véhicules électriques »
Le ministre a également souligné « l’engagement français dans cette transition », avec une stratégie qui repose sur quatre piliers : le choix résolu du véhicule électrique, la politique de compétitivité, le maintien des aides à l’achat et le développement d’une stratégie européenne. « Persister dans le véhicule thermique, c’est être pieds et poings liés avec l’énergie qui vient des pays producteurs de pétrole. (…) Nous avons fait le choix d’être une nation de production de véhicules électriques car c’est ce qui nous permettra de garder notre filière, nos savoir-faire, nos compétences, et d’ouvrir de nouveaux sites industriels : nous avons dix ans pour accomplir cette révolution du thermique vers l’électrique », a martelé Bruno Le Maire. Ce nouveau contrat prévoit d’atteindre les 800 000 ventes annuelles de voitures électriques dès 2027, contre 206 000 en 2022 : une étape vers l’objectif des 2 millions de ventes de véhicules électrifiés à horizon 2030, annoncé par Emmanuel Macron en octobre 2022. Le gouvernement a par ailleurs rappelé son objectif de déployer 400 000 points de recharge à horizon 2030. Fin mars 2024, l’Avere-France en comptabilisait 127 287*.
Pour booster l’industrie française, la stratégie du gouvernement vise notamment à « baisser les impôts de production et soutenir la formation et la qualification des salariés ». Le ministre délégué Roland Lescure a également rappelé l’importance de développer l’économie circulaire – et notamment le recyclage – et de ne pas oublier le parc existant : « En 2035, quand on ne vendra plus que des véhicules décarbonés en France, on aura encore 20 millions de véhicules carbonés en circulation. Nous accompagnons aussi, notamment avec la stratégie de rétrofit, nos compatriotes dans la transition (…) », a-t-il souligné.
Bon à savoir
Ce nouveau contrat de filière est articulé autour de six axes : gagner en compétitivité et stimuler l’innovation pour créer de la valeur en France ; renforcer l’attractivité de la filière, développer les compétences et anticiper les reconversions de salariés dans les territoires ; assurer notre souveraineté, jouer collectif et renforcer la résilience de la filière ; accélérer la transition énergétique et écologique ; favoriser l’économie circulaire ; et gérer et renouveler de façon soutenable le parc automobile et le développement des nouvelles mobilités.
Une filière mitigée
Le président du comité de filière, Luc Chatel, a rappelé que « lors du dernier contrat de filière, la part de marché des voitures électriques a été multipliée par 10 ». « Aujourd’hui, nous signons la deuxième étape, avec des engagements mutuels entre la filière et les pouvoirs publics pour réussir ce changement », estime-t-il.
Mais certains signataires de ce contrat de filière pour regrettent néanmoins un « manque d’ambition » pour l’atteinte des objectifs de décarbonation. C’est le cas notamment de la Fédération FO Métaux, qui estime que « les aides publiques doivent être conditionnées à des objectifs d’industrialisation et d’emploi ».
« Le principal défi pour atteindre les objectifs fixés concerne l’accessibilité des véhicules à zéro émission au plus grand nombre », ont souligné les signataires du contrat à l’AFP. Pour eux, cette accessibilité présente un double enjeu : « Permettre à ceux qui le peuvent d’acquérir un véhicule à zéro émission neuf, et créer un marché du véhicule d’occasion ».
Pour l’instant, l’enveloppe des aides publiques – d’une valeur de 1,5 milliard d’euros en 2024 – ne sera pas revalorisée, malgré le maintien du bonus écologique et la volonté de reconduire le leasing social en 2025, qui a été confirmée par Bruno Le Maire.