Voitures électriques : le boom du marché de l'occasion

Avec 328 512 véhicules électriques neufs immatriculés en 2023, la voiture électrique a atteint 16,5 % de parts de marché. L’électrique a le vent en poupe et ce n’est pas seulement le cas sur le marché du neuf ! Car bien que le marché de l’occasion électrique n’en soit qu’à ses balbutiements, il a connu un bel essor en 2023 : le nombre d’annonces de voitures électriques d’occasion a augmenté de 180% en un an, selon le dernier observatoire du groupe La Centrale.

En novembre 2023, les achats de voitures électriques d’occasion ont enregistré une hausse de 107%, avec 10 948 unités vendues, d'après AAA Data. Cela représente 2% du marché de l’occasion global. Ce qui peut paraître peu, « mais la comparaison avec le marché électrique neuf est significative. Depuis le début de l’année, les VO électriques représentent 66 666 unités [en novembre, Ndlr], soit déjà l’équivalent de 29% des volumes de voitures neuves électriques sur la même période », souligne AAA Data. L’entreprise experte de la donnée précise que le marché de l’occasion électrique est « principalement alimenté par les retours de voitures en fin de contrat de leasing : il y a donc un temps de latence de 3 à 4 ans avant l’arrivée en seconde main des voitures neuves en fin de contrat de leasing ».

Les évolutions technologiques sont également déterminantes dans les dynamiques des ventes d’occasion : « La Nissan Leaf est bon exemple : la version 40 kWh a été plébiscitée en octobre (259 immatriculations) au détriment des versions avec une autonomie plus faible et par conséquent moins onéreuses. La version la plus récente de 60 kWh et donc plus coûteuse, reste loin derrière (49 immatriculations) », commente AAA Data.

De son côté, le baromètre des véhicules d’occasion 2023 d’Opteven, créé à partir des données NGC Data, le marché de l’électrique d’occasion enregistre une croissance de 20% sur l’année 2023. « Au total, 94 000 véhicules électriques d’occasion ont été vendus en 2023. Ils représentent 7% des véhicules d’occasion de moins de 2 ans et 4% des moins de 5 ans », souligne Opteven. Les modèles électriques qui se vendent le mieux sur le marché de l’occasion français sont la Renault Zoé, la Peugeot e-208 et la Tesla Model 3 (chiffres décembre 2023, Avere-France).

Le marché de l’occasion électrique est donc dans une bonne dynamique, et les modèles électriques de seconde main se vendent même plus vite que leurs équivalents thermiques. C’est en tout cas ce qu’affirme une étude conjointe de AAA Data et l’Avere-France sur l’attractivité du véhicule électrique, publiée mi-décembre dernier : la durée moyenne de revente est ainsi de 70 jours pour une voiture électrique, contre 80 pour son équivalent thermique.

Côté prix de vente, une baisse est amorcée pour les voitures électrifiées. Le dernier Observatoire de La Centrale publié début janvier relève une diminution de 12,8 % des prix des voitures électriques et hybrides d’occasion sur un an, « soit 4 700 euros de moins qu’à fin 2022 » en moyenne. Mais même si elle diminue nettement, la différence de prix entre une voiture d’occasion électrique et une voiture d'occasion diesel reste conséquente : 9 600 euros d'écart en 2023 selon La Centrale, contre 14 190 euros en 2022. Même son de cloche du côté de Leboncoin : selon les chiffres partagés au troisième trimestre 2023, le prix moyen des voitures électriques d’occasion était alors de 26 420 euros, contre 13 366 euros pour les modèles diesel et 17 823 euros pour les modèles essence.

Ces montants continuent de dissuader les ménages, qui se tournent bien souvent vers le marché de l'occasion par choix pour des raisons budgétaires : les modèles anciens bon marché - dont les véhicules électriques ne font pas partie - dominent toujours les ventes. En témoigne le bilan publié début janvier 2024 par AAA Data, qui précise que « sur l’année 2023, les transactions de voitures d’occasion de plus de 10 ans progressent encore de 1,4% pour représenter 47,9% du marché. Les VO de 5 à 10 ans enregistrent une croissance de 2,9% (21,2% du marché). Le matériel récent, de moins de 5 ans, perd 4,4% (30,9% du marché) ». Malgré tout, les acheteurs potentiels développent un intérêt certain pour les nouvelles motorisations. « 44% des répondants affirment envisager l'achat d'un véhicule électrique d'occasion », d'après l'Observatoire La Centrale. Et au sein même de cette catégorie, la fourchette est très large pour un même modèle ! Prenons l'exemple de la Renault Zoé : sur la plupart des sites de vente d’occasion, on peut trouver des versions anciennes à partir de 7 000 euros tandis que les versions les plus récentes (moins d’un an) peuvent atteindre 35 000 euros.

Mais avec le lancement du dispositif national de leasing social pour une voiture électrique à 100 euros par mois, certains modèles exclus du dispositif sur le marché du neuf sont éligibles sur celui de l’occasion. En effet, sur le marché du neuf, seuls les modèles éligibles au bonus écologique – présentant donc un score environnemental minimum – le sont également au leasing social. Une règle qui n’est pas valable sur le marché de l’occasion. Sur le site officiel dédié à ce dispositif, on peut lire que pour les modèles d’occasion ou issus d’un rétrofit électrique, « la première immatriculation de la voiture, ou sa transformation en véhicule électrique, doit dater de moins de 3 ans et demi ». C'est le seul prérequis. Cela devrait donc renforcer l’offre et les ventes d’occasion électrique, avec un leasing social intégrant des modèles de seconde main produits en Chine par exemple, à l’image de la Dacia Spring. Cette dernière n’est désormais plus éligible au bonus écologique – et donc au leasing social sur le marché du neuf – mais elle fait partie des meilleures ventes du marché électrique neuf en France en 2023, avec près de 24 000 immatriculations (chiffres Avere-France). Ce modèle – entre autres – devrait donc rapidement abonder le marché de l’occasion.