L’Europe dévoile son plan d’action pour sauver l’industrie automobile
La Commission européenne a présenté, mercredi 5 mars 2025, un plan d’action ambitieux visant à renforcer la solidité et la durabilité de l’industrie automobile en Europe. Parmi les mesures phares : une accélération des mesures incitatives à l’achat de véhicules électriques, un soutien accru à la production de batteries et un assouplissement des exigences sur les émissions de gaz à effet de serre. Voici les points essentiels à retenir.

L’industrie automobile européenne est confrontée à une crise majeure et serait « en danger de mort », selon Stéphane Séjourné, vice-président de la Commission européenne. Dans ce contexte, Bruxelles a dévoilé un plan d’action pour soutenir et préserver le secteur automobile. L’objectif : allier innovation technologique et transition écologique, tout en apportant des réponses concrètes aux préoccupations des constructeurs et des consommateurs. Ce plan d’action, dévoilé ce mercredi 5 mars par le commissaire chargé du transport durable et du tourisme, Apostolos Tzitzikostas, se découpe en plusieurs axes stratégiques.
Bon à savoir
L’industrie automobile représente 7 % du PIB de l’Union européenne et emploie environ 14 millions de personnes.
S’allier pour l'innovation automobile
Face à une concurrence accrue, notamment de la part des constructeurs asiatiques, l'Europe souhaite soutenir ses entreprises pour qu'elles restent leaders en matière d'innovation et de qualité. Cette ambition se traduit par la création d’une alliance dédiée aux véhicules connectés et autonomes, qui réunira les acteurs européens du secteur auto. L’Union européenne ambitionne donc d’accélérer le développement des logiciels et des technologies dans ce domaine. « Ces actions seront soutenues par des investissements conjoints public-privé d'environ 1 milliard d'euros soutenus par le programme Horizon Europe au cours de la période 2025-2027 », rapporte le communiqué de la Commission.
Inciter à l’achat de voitures électriques
La Commission européenne met en place des mesures incitatives pour stimuler la vente de voitures électriques. Dans cet objectif, elle prévoit de travailler avec les États pour harmoniser les subventions à l’achat de véhicules électriques comme le leasing social permettant aux ménages modestes d'accéder aux véhicules électriques.
Les flottes d’entreprises, qui accusent un retard dans l’électrification, sont également concernées. Représentant 60 % des immatriculations de véhicules neufs en Europe, les flottes d’entreprises constituent un levier stratégique pour accélérer la transition et alimenter le marché de l’occasion.
Déployer massivement les bornes de recharge
Le déploiement du réseau de recharge pour les véhicules électriques en Europe demeure un objectif clé pour Bruxelles. La Commission européenne a prévu « d’accélérer le déploiement des bornes de recharge » en mobilisant 570 millions d’euros entre 2025 et 2026, a précisé Stéphane Séjourné.
Soutenir la production de batteries
L'un des autres axes du plan d'action est le soutien à la production de batteries en Europe. « Nous mettrons à disposition 1,8 milliard d'euros pour créer une chaîne d'approvisionnement sûre et compétitive pour les matières premières », peut-on également lire dans le communiqué de la Commission. L'Union européenne entend renforcer ses capacités pour assurer son autonomie stratégique avec le développement de « gigafactories » sur le continent, favorisant ainsi l'innovation et la création d'emplois locaux. Cette initiative vise également à réduire la dépendance aux importations et à sécuriser l'approvisionnement en composants essentiels pour les véhicules électriques. « Nous encouragerons la production nationale afin d'éviter les dépendances stratégiques, en particulier pour la production de batteries », a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.
Assouplir les objectifs de réduction des émissions de CO₂
Consciente des défis auxquels font face les constructeurs - qui doivent respecter une limite moyenne d'émissions de CO2 par véhicule vendu - Bruxelles propose un assouplissement temporaire des objectifs de réduction des émissions de CO2 avec une « modification ciblée du règlement sur les normes en matière de CO2 pour les voitures et les camionnettes ». Ainsi, les constructeurs pourraient disposer de deux années supplémentaires pour atteindre les objectifs de conformité. « L'amendement, s'il est adopté, permettrait aux constructeurs automobiles d'atteindre leurs objectifs de conformité en établissant une moyenne de leurs performances sur une période de trois ans (2025-2027). »
Toutefois, l’interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique dans l’Union européenne à partir de 2035 « est maintenue » selon Stéphane Séjourné.
Préparer les emplois de demain
La transition vers une industrie automobile plus verte implique des transformations profondes, notamment sur le plan social. Le plan d'action de la Commission prévoit des mesures d'accompagnement pour les travailleurs, avec des programmes de formation et de reconversion professionnelle. L'objectif est de préparer les employés aux métiers de demain, en lien avec les nouvelles technologies et les exigences environnementales, tout en garantissant une transition juste et équitable.
Durcir les normes et droits de douane
La Commission européenne envisage enfin une révision des normes relatives aux carburants alternatifs. Parallèlement, face à l’essor des constructeurs chinois, Bruxelles envisage d’instaurer des taxes douanières supplémentaires sur l’importation de véhicules électriques depuis l’étranger.