Moins cher, plus propre : le Superéthanol-E85 peut-il offrir un avenir à la voiture thermique ?

Le Superéthanol-E85 gagne du terrain en France : ce carburant composé de bioéthanol et d’essence fossile est désormais disponible dans 40 % des stations-service, pour alimenter plus de 400 000 véhicules. Où en est la filière et quelles sont ses perspectives ? On fait le point avec les acteurs du secteur.

Eva Gomez journaliste pour le média Roole
Eva Gomez
superéthanol E85 à la pompe
Une voiture qui roule au Superéthanol-E85 émet 50 % de CO2 en moins qu'un modèle qui roule au SP95. ©Roole

« En 2024, la consommation française de Superéthanol-E85 a été multipliée par 2,6 par rapport à 2021, atteignant près de 900 millions de litres. Aujourd’hui, plus de 3 300 stations-service distribuent ce carburant », indique Nicolas Kurtsoglou, responsable carburants chez Bioéthanol France, le syndicat professionnel du bioéthanol-carburant. En 10 ans, la consommation annuelle de Superéthanol-E85 en France a été multipliée par 18. Une croissance qui s’explique par la capacité de production française de bioéthanol – le biocarburant produit à partir de betterave, de maïs ou de blé, que l’on retrouve dans le Superéthanol-E85.

Bon à savoir

Le Superéthanol-E85 est un carburant composé en moyenne de 75 % de bioéthanol et de 25 % d’essence d'origine fossile.

La France : premier producteur européen de bioéthanol

« La France est le premier producteur européen de bioéthanol, avec 2 milliards de litres produits chaque année, soit entre 20 et 25 % de la production européenne totale », souligne Nicolas Kurtsoglou. Cette production française constitue un atout de taille pour le développement de ce carburant dans l’Hexagone, car elle couvre 70 % des besoins actuels.

Bon à savoir

Les États-Unis sont les plus gros producteurs mondiaux de bioéthanol, avec 60 milliards de litres annuels. En deuxième position, on trouve le Brésil et ses 30 milliards de litres de bioéthanol produits chaque année.

« La production de bioéthanol offre par ailleurs des débouchés multiples pour les matières agricoles : l’alimentation humaine et animale et la production d’alcool traditionnel (parfums, gel hydroalcoolique…) en premier lieu », souligne Vincent Guillot, directeur environnement de la Confédération Générale des Planteurs de Betteraves (CGB). « Le bioéthanol mobilise moins de 0,7 % de la surface agricole utile en France tout en générant une énergie importante », ajoute-t-il.

De plus en plus d’automobilistes convaincus

Aujourd’hui, près de 400 000 véhicules roulent au Superéthanol-E85, soit une progression de 8 % par rapport au début de l’année 2024. Parmi eux, 150 000 sont des modèles FlexFuel, conçus pour être compatibles avec ce carburant, et 250 000 sont des véhicules essence équipés de boîtiers de conversion E85 homologués.

Pour les automobilistes équipés d’un boîtier E85 ou possédant un véhicule FlexFuel, l’argument financier est majeur : le Superéthanol-E85 coûte en moyenne 0,78 €/l contre 1,78 €/l pour le SP95-E10. « À ce prix, rouler à l’E85 permet d’économiser environ 730 € sur 13 000 km et jusqu’à 1120 € sur 20 000 km », précise Sylvain Demoures, secrétaire général de Bioéthanol France.

Bon à savoir

Dans les Zones à faibles émissions (ZFE-m) de Reims et de Montpellier, les voitures qui roulent à l'E85 bénéficient d'une dérogation et peuvent circuler malgré les restrictions.

50 % d’émissions de CO2 en moins

En plus d’être économique, rouler au Superéthanol-E85 est aussi plus écologique : une voiture utilisant ce carburant émet en moyenne 50 % de CO₂ et 90 % de particules fines en moins qu’un modèle roulant au SP95.

Bon à savoir

La production de bioéthanol en Union européenne émet 79 % moins de CO2 que la production de l’essence fossile.

Vers un Superéthanol-E85 100 % renouvelable ?

Malgré ses atouts, le Superéthanol-E85 n'est pas une solution neutre en carbone. Avec l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves prévue en 2035 dans l’Union européenne, son avenir reste incertain. « À cette échéance, seuls les véhicules électriques et les modèles dont l’usage est neutre en carbone pourront être mis en vente », rappelle Sylvain Demoures. « On espère que l’Union européenne acceptera les biocarburants après 2035, au même titre que les carburants de synthèse », ajoute-t-il. Si tel est le cas, le Superéthanol-E85 pourrait avoir de l’avenir : « Un Superéthanol-E85 100% renouvelable est à l’étude », partage Nicolas Kurtsoglou. « Il contient toujours 85% de bioéthanol, mais l’essence fossile est remplacée par du bionaphta, un coproduit issu de la production de biocarburants pour l’aviation », explique-t-il. Le bionaphta devrait donc remplacer à terme l’essence fossile dans le mélange qui compose le Superéthanol-E85.

Bon à savoir

Les carburants de synthèse sont obtenus à partir de CO2 et d’hydrogène, à la différence des biocarburants, qui sont produits à partir de la biomasse.

« Après 2035, on peut supposer qu’en complément des voitures électriques, il y aura des hybrides rechargeables E85. La filière projette de produire à cet horizon suffisamment de Superéthanol-E85 100 % renouvelable pour faire rouler 5 millions de voitures hybrides rechargeables E85, soit 20% du parc français de voitures légères », conclut Nicolas Kurtsoglou. L’avenir du Superéthanol-E85 dépend donc des décisions prises à l’échelle européenne. Si les biocarburants sont intégrés aux futures réglementations, la version 100 % renouvelable de ce carburant pourrait jouer un rôle dans la transition énergétique, aux côtés de l’électrique.

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